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Les enfants de la Patrie
Olivier Faron   Les Enfants du deuil - Orphelins et pupilles de la nation de la première guerre mondiale (1914-1941)
La Découverte - Textes à l'appui 2001 /  24.89 € - 163.03 ffr. / 335 pages
ISBN : 2 7071 3334 5
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Le renouveau des études consacrées à la Première Guerre mondiale depuis une dizaine d’années apporte régulièrement des travaux de qualité à la connaissance du public. Ce ne sont plus désormais les batailles, le jeu des alliances, en un mot le conflit en lui-même, qui sont privilégiés mais des perspectives sociales et culturelles. Ces approches nouvelles tendent à montrer de plus en plus nettement le poids écrasant du conflit dans l’histoire de l’Europe.

C’est à ce type d’approche que se rattache le livre original et très réussi d’Olivier Faron Les Enfants du deuil. Orphelins et pupilles de la nation de la Première Guerre mondiale (1914-1941), tiré d’un travail de recherche universitaire récent et inédit. A la croisée de l’histoire de la famille, de l’enfance mais aussi du rapport public/privé, l’auteur s’intéresse à une population importante, celle des 1 100 000 orphelins de guerre, transformés en « pupilles de la Nation » par la loi du 29 juillet 1917. Cette loi, sans égale en Europe, décida l’adoption des enfants de combattants morts au champ d’honneur par la Nation, jusqu’à leur majorité. Désormais, l’Etat prenait en charge des enfants dont s’étaient préoccupés des associations depuis l’été 1914. Olivier Faron retrace avec précision toute l’élaboration de cette politique publique nouvelle qui s’inscrit dans le droit fil d’un long mouvement entamé depuis la fin du XIXe siècle (notamment étudié par Henri Hatzfeld, François Ewald et André Gueslin), celui d’un lent recul de l’action privée face à la puissance étatique. L’Etat bâtit des structures nouvelles, un office national des pupilles de la nation et des offices départementaux chargés de gérer le versement des aides aux pupilles et l’accompagnement (parfois la surveillance) des familles et des conseillers de tutelle. L’auteur montre les caractères de la politique d’aide aux pupilles s’inscrivant dans un modèle social républicain particulier : le travail manuel par le biais de l’apprentissage, les vertus d’économie, d’épargne et de labeur sont encouragés chez les pupilles, fortement soutenus tout au long des années 20 par les très puissantes associations d’anciens combattants. Le bilan de cette politique étatique nouvelle dressé à la fin des années 30 est très mitigé : le nombre de malades, de décès précoces chez les pupilles révèle des conditions de vie extrêmement difficiles et souvent un grand état de pauvreté.

Indéniablement, si les pupilles ont été mythifiés dans le discours politique et dans les très nombreuses commémorations, l’aide de l’Etat s’est révélée très insuffisante, gênée par les premiers signes de crise économique. En outre, l’étude du parcours scolaire des pupilles confirme la priorité accordée à l’enseignement technique. Nombre d’entre eux n’ont pu franchir le rempart de l’enseignement secondaire, réservé à cette époque aux fils de la bourgeoisie. Les carrières réussies de célèbres pupilles comme Jean-Louis Barrault, Albert Camus ou Paul Ricoeur sont de véritables exceptions. L’échec relatif de l’aide apportée aux pupilles ne remet pas en cause, pour l’historien, la nouveauté profonde de cette forme d’intervention de l’Etat. Olivier Faron complète sa brillante démonstration en évoquant le climat des familles de pupilles : un environnement marqué par les femmes, par l’omniprésence du deuil et de la souffrance. Cet ouvrage très complet est aussi important pour la connaissance de la société française de l’entre-deux-guerres que pour appréhender les nouvelles formes de la puissance publique.


Sébastien Laurent
( Mis en ligne le 14/12/2001 )
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