L'actualité du livre Vendredi 29 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Histoire & Sciences sociales  ->  
Biographie
Science Politique
Sociologie / Economie
Historiographie
Témoignages et Sources Historiques
Géopolitique
Antiquité & préhistoire
Moyen-Age
Période Moderne
Période Contemporaine
Temps Présent
Histoire Générale
Poches
Dossiers thématiques
Entretiens
Portraits

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Histoire & Sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

Français au goulag
Retours d’URSS - Les prisonniers de guerre et les internés français dans les archives soviétiques (1945-1951)
CNRS éditions 2001 /  25,92 € - 169.78 ffr. / 428 pages
ISBN : 2-271-05884-8

Sous la direction de Catherine Klein-Gousseff.
Imprimer

Derrière le sigle obscur GUPVI se cache une structure insérée dès septembre 1939 au Commissariat du peuple à l’Intérieur (NKVD) alors dirigé par Béria. Ses objectifs sont clairs : indépendant du GULAG qui, depuis les années 30, étend son emprise sur l’ensemble des camps destinés principalement aux Soviétiques, il s’attache à la gestion concentrationnaire des ressortissants étrangers. Dénommé UPVI jusqu’en 1945, il s’étoffe en administration centrale - GUPVI - qui contrôle, au début de l’année 1946, 267 unités d’enfermement réunissant deux millions d’hommes et de femmes. La population comprend deux groupes distincts : des prisonniers de guerre et des internés dont le parcours ainsi que le traitement sont singulièrement différents. Dans la première catégorie, soit 21 300 individus, figurent essentiellement des « Malgré-nous », originaires des départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, incorporés de force dans les rangs de la Werhmacht ainsi que quelques membres de la LVF, notamment des éléments de la « Division Charlemagne ». La seconde rassemble quelque 300 000 personnes libérées du joug allemand par les troupes de l’Armée Rouge et conduites en des camps provisoires dans l’attente d’un rapatriement vers le pays d’origine. D’un côté, un emprisonnement par nationalités - les Alsaciens-Lorrains sont massés à Tambov - dans des conditions de détention si précaires qu’elles sont à l’origine d’une mortalité décimante. De l’autre, des points de transit échelonnés de Berlin à Bialystok, puis basés en Ukraine, en Biélorussie et dans la région d’Odessa où la vie est sensiblement semblable à celle d’autres camps d’Europe.

L’ouvrage ne choisit pas la facilité lorsqu’il propose, à la lumière de documents administratifs, une lecture en deux temps. C’est effectivement dans les lignes de rapports, de notes, de correspondances, de listes, de tableaux et de statistiques - en tout 191 documents - traduits, clarifiés, enrichis de repères chronologiques, d’index nominatifs et d’une bibliographie trilingue (française, allemande et russe) qu’il entend offrir une perception « du dedans » des fonctionnalités d’un camp stalinien et une analyse cavalière des relations bilatérales France-URSS, déjà fortement marquées par les prémices de la Guerre froide. L’édition de sources « du temps présent », sous la forme d’une somme de références imprimées, suscite souvent la méfiance envers un choix par nature subjectif et aléatoire qui, en l’espèce, montre des directives prises au sommet, dont les intentions en amont comme les répercussions sur l’aval restent fatalement brumeuses. Pour autant, la sélection présentée à partir des gisements exceptionnels conservés dans les réserves des Archives d’État de la Fédération de Russie (GARF) éclaire avec acuité le double postulat du livre.

Une première partie, précédée d’une étude institutionnelle dont on pourra regretter des redondances avec l’introduction, fait cheminer dans les dédales d’un camp. Si arides soient-ils, les règlements et instructions laissent de fait imaginer des vies soumises à la planification transverse, aux gardes et contrôles du personnel, aux mesures disciplinaires, au déficit alimentaire chronique - proche de la famine en 1946-1947 –, aux carences sanitaires, aux dysfonctionnements multilatéraux et, en dépit de tout, à la mise à contribution pour un accroissement de la productivité industrielle. Une seconde donne le récit, par tranches – ante et post la signature de l’accord passé entre la France et l’URSS en juin 1945 - d’un rapatriement désiré par les deux patries. La Mission française joue sa partition sans disposer des moyens de se montrer tout à fait opératoire. Aussi le retour des internés s’effectue-t-il bon an mal an ; quant à celui des prisonniers, otages d’une politique qui ne cesse de se raidir, il s’inscrit dans l’échange obligatoire : celui des citoyens d’URSS se trouvant encore sur le sol national ou dans les zones d’occupation en Allemagne et en Autriche.

Cet extrait raisonné d’archives soviétiques offre de l’aliment à l’historien qui voudra exercer son métier. Il dispose d’une vaste littérature, à commencer par les travaux de Stephan Karner. Il peut lire et écouter les témoignages et mémoires « d’anciens ». Reste à corréler ces trouvailles aux sources françaises encore demeurées silencieuses.


Agnès Callu
( Mis en ligne le 21/05/2002 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Carnets de la nuit noire
       de Félix Lutz
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd