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Histoire & Sciences sociales -> Période Contemporaine |
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Totalitarismes nazi et communiste : l’indispensable comparaison | | | Stéphane Courtois collectif Une si longue nuit - L'apogée des régimes totalitaires en Europe. 1935-1953 Editions du Rocher - Démocratie ou totalitarisme 2003 / 22 € - 144.1 ffr. / 532 pages ISBN : 2-268-04582-X FORMAT : 16x24 cm
Lauteur du compte rendu : Agrégé dhistoire et titulaire dun DESS détudes stratégiques, Antoine Picardat a été chargé de cours à lInstitut catholique de Paris et analyste de politique internationale au Ministère de la Défense. Il est actuellement ATER à lIEP de Lille. Imprimer
Une si longue nuit rassemble, sous la direction de Stéphane Courtois, les actes dun colloque international tenu à Paris en octobre 2001, et constitue la partie centrale dune trilogie consacrée au phénomène totalitaire. Elle suit Quand tombe la nuit, consacré aux origines et à lémergence des régimes totalitaires en Europe, et précède la publication des actes dun autre colloque, sur la permanence et leffacement des idées et des pratiques totalitaires en Europe depuis 1953.
Trois photos de Staline, Hitler et Mussolini ornent la couverture, mais les trois régimes quelles incarnent font lobjet dune attention différente, selon une compréhension du totalitarisme assez largement partagée. Le moins totalitaire des trois, celui dont la mise en uvre resta toujours en deçà des projets confus de son chef, lItalie fasciste, ne fait lobjet que dun seul chapitre sur 25 (Pierre Milza, «De la guerre dÉthiopie à la République sociale, la dérive totalitaire du fascisme italien»). En revanche, sept traitent de lURSS et cinq de lAllemagne nazie, tandis que les autres portent sur les aspects internationaux du totalitarisme (Guerre dEspagne, pactes germano-soviétiques ou Deuxième Guerre mondiale) et, à travers létude du PCF, sur lécho rencontré par le totalitarisme communiste en France.
Le tableau présenté est donc forcément déséquilibré, mais il est très complet et passionnant, traitant davantage de questions historiques concrètes que de concepts, sans pour autant délaisser ces derniers.
Dans le chapitre introductif («Totalitarisme : peut-on comparer ? Doit-on comparer ?»), Jacques Juillard rappelle, arguments à lappui, quil est à la fois moralement licite et historiquement utile de comparer nazisme et communisme. Comparer nest pas identifier, cest dégager des dissemblances et des ressemblances. Selon lui, comparer ne présente pas davantage le risque de banaliser les crimes nazis - il ne sagit pas de relativiser ou de minorer -, que celui de salir une illusoire pureté du communisme. En ce sens, il sinscrit dans la lignée de ceux qui, dÉlie Halévy dès les années 30 à François Furet en passant par Hanna Arendt, ont comparé et insisté sur les origines et les caractères communs des deux idéologies et des deux régimes. Poursuivant son propos, Jacques Juillard estime pertinent de mener la comparaison en utilisant le concept de totalitarisme. Cet emploi suppose que les ressemblances entre les deux systèmes lemportent sur les différences. Ces postulats donnent à la fois le ton général de louvrage et sa cohérence, puisquils permettent au lecteur de mettre en relation les différentes contributions.
Tout cela nous confirme dailleurs que les temps ont changé et que lon peut aujourdhui comparer dans un même colloque, un même ouvrage ou un même article, nazisme, fascisme et communisme, sans risquer une mise à lindex ou un procès devant le tribunal de lintelligentsia. Ces idéologies et ces régimes sont désormais des sortes de langues mortes et deviennent enfin des sujets détudes, bien quils ne seront jamais comme les autres.
Illustrations de ce changement dépoque et denjeux, les quatre contributions consacrées au communisme et à limage de lURSS en France. Limage du PCF sort particulièrement délabrée de la lecture de ces chapitres. Son rôle de rouage conscient et actif du système totalitaire soviétique, son obéissance absolue aux directives de Moscou, son fonctionnement anti-démocratique, sont décrits de manière complète, sinon nouvelle. Les complicités et les soutiens quil sut provoquer furent innombrables.
Ces rappels sont indispensables. Ils participent du patient et nécessaire travail de démystification complète du communisme. En cela, la recherche historique démontre une fois encore quelle peut servir à renforcer et clarifier le débat démocratique. Elle rappelle lorigine de certains discours, qui continuent de séduire en dépit de cette filiation accablante et jamais reniée.
Antoine Picardat ( Mis en ligne le 11/06/2004 ) Imprimer
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