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Histoire & Sciences sociales -> Période Contemporaine |
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Rien ne se perd, rien ne se crée | | | Anne-Claude Ambroise-Rendu Crimes et délits - Une histoire de la violence de la Belle Epoque à nos jours Nouveau monde 2006 / 9 € - 58.95 ffr. / 382 pages ISBN : 2-84736-167-7 FORMAT : 12,5cm x 19,0cm
Lauteur du compte rendu : Mathilde Larrère est maître de conférences en Histoire contemporaine à l'université Paris XIII et à l'IEP de Paris. Imprimer
Cette histoire de la violence est un large survol des crimes, délits, infractions, petites et grandes délinquances, ainsi que des sentiments quils suscitent, de leurs représentations et des réactions institutionnelles et judiciaires quils provoquent, ce de la fin du XIXe siècle à nos jours.
La première ambition de louvrage vise ainsi à assembler en une vaste synthèse toutes les formes que peut prendre la violence, ce qui implique des juxtapositions surprenantes, des rapprochements fort gênants, que lauteur ne questionne guère. Les affaires de malles sanglantes sont présentées en regard des attentats anarchistes, et lon retrouve pèle mêle des «violences» aussi disparates (dans leur forme, leur motivation, leur contexte, leur ampleur, leur effet
) que les mutineries de 1917, le trafic de drogue à Pigalle, linceste, laffaire Stavisky, les blousons noirs, Landru, les attentats de lOAS, les surs Papin, les prostituées, le manifeste des 343 salopes, Mesrine - «ennemi public numéro 1» -, les voitures brûlées et les incivilités scolaires. Un sombre catalogue à la Prévert, sans poésie ni humour, et qui finit par ressembler au journal de 20 heures, juste ordonné dans une logique chronologique qui permet de suivre les évolutions de la fascination de lopinion publique pour différents crimes, de montrer lévolution des formes que revêt la violence selon le contexte et dapprécier ladaptation de la police. Nécessairement, compte tenu de lampleur du dossier, chaque thème est esquissé, rapidement décrit.
Une seconde partie, plus thématique, se propose doffrir quelques éclairages historiques sur des débats actuels (afin notamment de montrer que les fantasmes et les peurs sociales névoluent guère ni n'empirent forcément.) Lauteur démontre ainsi combien les chiffres de la criminalité sont plus révélateurs des représentations du crime et des angoisses quil suscite que de sa réalité (ce que tout historien sait bien mais quil nest pas inutile de rappeler à lheure des instrumentalisations politiques de ces statistiques). Lauteur évoque ensuite les projets successifs de modernisation de la police et la façon dont systématiquement ils se heurtent à un discours dépréciatif. Elle résume à grand trait les débats sur les prisons et la récidive, avant que de pointer le rôle des médias, portés à théâtraliser les crimes et à donner une image faussée de la criminalité. Suit un rappel (utile à nouveau par les temps qui courent) de la collusion entre le racisme et la construction de limage délinquante. Lauteur nous rappelle ensuite quelques-unes des erreurs judiciaires du siècle et la fascination quelles suscitent, puis sinterroge sur la place de lexpertise scientifique dans la fabrication des preuves et la procédure judiciaire.
Un ultime chapitre nous redit limportance de linstrumentalisation politique du discours sécuritaire. On pourra ainsi espérer quun lectorat appâté par une présentation de toutes les violences du siècle trouvera au final matière à ne pas se laisser guider que par le goût du sensationnel entretenu par les constructions médiatiques, et à prendre un peu plus de distance avec les représentations du crime.
Mathilde Larrère ( Mis en ligne le 19/09/2006 ) Imprimer
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