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Police privée, une histoire de mentalités
Dominique Kalifa   Naissance de la police privée - Détectives et Agences de recherches en France, 1832-1942
Plon - Civilisations et mentalités 2000 /  21.22 € - 138.99 ffr. / 334 pages
ISBN : 2-259-18291-7
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Depuis une dizaine d’années, on assiste dans le débat public à une discussion récurrente sur le développement des polices municipales. On oublie alors trop souvent que la police municipale fut la règle tout au long du XIXè siècle et que l’étatisation de la police ne fut définitif qu’avec le régime de Vichy. En matière de surveillance, l’Etat français eut d’une certaine façon une attitude contradictoire car en même temps qu’il unifia les polices publiques, il dota la police privée d’un statut légal par la loi du 28 septembre 1942, grâce, il est vrai, aux "pressions de l’occupant" (p. 225).

Cette date constitue le terminus ad quem de la remarquable étude d’’histoire socio-culturelle que propose Dominique Kalifa dans Naissance de la police privée. C’est sous la Monarchie de Juillet, régime dont on ne cesse depuis une vingtaine d’années de réévaluer l’importance dans l’histoire du siècle, que l’activité des agences de recherches connut un important essor.

En 1832, Vidocq, véritable personnage de roman balzacien, créa l’une des premières agences en la matière, appelée "bureau de renseignements universels dans l’intérêt du commerce". Le bureau de renseignements s’adressait aux commerçants à la recherche d’informations sur leurs créanciers. L’exemple de Vidocq permet à l’auteur de montrer que le régime libéral de Juillet toléra un type d’activité qui affirmait à l’origine un objectif convergent avec la valeur cardinale du régime, celle de défense de la propriété.

Sur le modèle original de l’agence de Vidocq, l’activité prospéra rapidement : il y avait vers 1840 déjà plus de deux cents agences à Paris. Le Second Empire ne remit pas en cause le mouvement d’expansion qui essaima rapidement en province. Dominique Kalifa montre par ailleurs qu’un changement d’activité accompagna la croissance : d’une activité strictement commerciale, les agences passèrent aux affaires de succession et aux questions matrimoniales avant de développer des services de surveillance et de gardiennage au début du XXè siècle.

La surveillance du privé fut une étape majeure dans le développement de ces entreprises qui marqua pour elles le début des difficultés. La France libérale, qui tolérait le renseignement à caractère commercial, accepta moins facilement que des entreprises commerciales se penchent sur les secrets des familles. Surveillance de maris volages, constats d’adultère, filatures de fils de famille coureurs de jupons… tout un pan du contrôle social échappait désormais aux autorités. En outre, l’auteur montre parfaitement que derrière des activités très variées, d’autres encore, beaucoup plus douteuses, se cachaient.

La situation était d’autant plus difficile que l’hostilité de la police et de la magistrature à l’égard de ces sociétés était très vive. L’auteur discerne une raison dans la composition de ces agences : étudiant 120 détectives parisiens entre 1890 et 1914, il relève qu’un tiers d’entre eux étaient d’anciens policiers, issus majoritairement de la préfecture de police ! Les agences de détectives recueillaient d’ailleurs souvent les membres les moins brillants, révoqués, démissionnaires ou retraités des forces de l’ordre.

Mais l’analyse sociale de Dominique Kalifa s’enrichit d’une étude passionnante et très convaincante d’histoire des représentations. Si la profession a pâti de l’hostilité de la police et de la magistrature, elle a surtout échoué à maîtriser une image dévalorisée, largement répandue par la littérature populaire, la grande presse et le fait divers.

A l’inverse, aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, l’image du détective, celle d’un Allan Pinkerton ou d’un Sherlock Holmes fut nettement plus positive.


Sébastien Laurent
( Mis en ligne le 23/01/2001 )
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