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Histoire & Sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

L'Angleterre en majesté
Roland Marx   La reine Victoria
Fayard 2000 /  22.9 € - 150 ffr. / 537 pages
ISBN : 2-213-60538-6
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Le règne de Victoria, commencé à la mort de Guillaume IV, le 20 juin 1837, et achevé à sa propre fin, le 22 janvier 1901, fut "l'un des plus longs de l'histoire européenne". Passant au crible l'Angleterre des nobles et des ouvriers, des villes et des campagnes, de l'intérieur et de l'outre-mer, Roland Marx examine, avec un louable souci de vulgarisation et des analyses finement balancées, les multiples aspects de ces soixante-trois années, qui furent celles de l'apogée d'un empire britannique, alors au faîte de sa puissance.

La période se divise, pour lui, en deux parties d'inégale durée. La première s'achève le 14 décembre 1861, à la mort du prince Albert, le cher époux de Victoria, qui lui donna neuf enfants entre 1840 et 1853. Albert réussit à occuper, tant dans la vie privée que dans la vie publique de la reine, une importance que rien n'annonçait. Il parvint à renvoyer en juillet 1842, dix-huit mois après leur mariage, la vieille gouvernante de Victoria, la baronne Lehzen et obtint par la suite de la conseiller utilement dans les affaires publiques, jouant notamment un rôle déterminant dans l'organisation de l'exposition universelle de 1851, qui, avec la construction du Crystal Palace, allait faire pour longtemps de Londres et de la Grande-Bretagne un modèle à dépasser pour les nations du monde entier.

Pour évoquer le rayonnement international de la capitale britannique, l'auteur rappelle fréquemment la présence, dans ce parangon du monde industriel, de son homonyme allemand Karl Marx, venu y étudier les perversions du capitalisme... On notera qu'il aurait pu, en contrepoint, évoquer celle d'ingénieurs des Ponts et Chaussées français partis, à la demande d'Haussmann, y découvrir le fonctionnement d'une ville, qui paraissait alors exemplaire des temps nouveaux - et dont tous les regards ne suffisaient pas à épuiser les facettes.

La deuxième période du règne de Victoria est la plus longue. Elle s'étend durant quarante années et est marquée par la montée des périls. A la charnière de ces deux périodes, l'auteur ne s'étend guère sur la répression de la "grande mutinerie" indienne de 1857, qui, pourtant, scandalisa, par sa violence, l'opinion française. Il s'efforce au contraire de nous offrir une image nuancée des efforts faits par les élites anglaises, et notamment les conservateurs, autour de Disraeli, pour permettre au rêve britannique de perdurer, détaillant les réformes électorales et la notion de Commonwealth, qui servit - d'une certaine manière - de corollaire au titre d'"impératrice des Indes", conféré à Victoria en 1877.

L'Angleterre s'adapte et se transforme grâce à de multiples initiatives locales et malgré l'existence, à ses marges, des problèmes irlandais et sud-africains. Ce dynamisme interne de la Grande-Bretagne contraste fortement avec ses initiatives extérieures, car l'auteur laisse clairement apparaître que l'Angleterre resta trop longtemps attachée à la mémoire de sa promenade militaire en Crimée (1854-1856), et il fallut la résistance des Boers, en Afrique du Sud, et surtout les volontés réitérées de l'Allemagne de rivaliser avec elle sur mer, pour qu'elle se rendît compte qu'elle avait trop longtemps laissé libre cours aux initiatives bismarckiennes sur le continent.

Ce coûteux désintérêt allait faire le lit, au siècle suivant, de son enfant révolté, les Etats-Unis, qui purent ainsi prendre la place, laissée vacante, d'arbitre des querelles du continent européen.

Passionné par ces questions générales, dont il nous offre une excellente présentation, claire, à jour et remarquablement rédigée, Roland Marx reste paradoxalement souvent muet devant la figure de Victoria, qu'il n'évoque que de loin en loin. Mais son silence n'est pas difficile à interpréter, l'auteur n'est guère passionné par la petite histoire : les crises d'hystérie, les dépressions post-natales - qui firent tant souffrir le prince Albert - l'inséparable garde du corps écossais, John Brown, avec laquelle la reine entretint durant presque toute la durée de son veuvage les liens les plus étonnants. Il renvoie pour cela le lecteur à une abondante bibliographie anglo-saxonne, qu'il ne semble guère s'être abaissé à lire. Seul l'intéresse chez la reine le modèle familial qu'elle créa autour de Balmoral (acquis en 1847) - de la pratique de l'aquarelle et des longues promenades dans la lande écossaise... - l'auteur nous offre de celui-ci une présentation très convaincante.

Et si Roland Marx voit dans l'action de Victoria certaines racines du déclin de la Grande-Bretagne, il est cependant clair que, pour lui, elle porta la monarchie britannique à son apogée.


Jean Philippe Dumas
( Mis en ligne le 28/03/2000 )
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