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L'information, des origines à nos jours
Armand Mattelart   Histoire de la société de l'information
La Découverte - Repères 2003 /  7.95 € - 52.07 ffr. / 124 pages
ISBN : 2-7071-4159-3
FORMAT : 11x18 cm

Edition 2003.

L'auteur du compte rendu : Agrégée d’histoire, Claire Blandin a soutenu, en 2002, une thèse de doctorat sur Le Figaro littéraire (1946-1971) à l’IEP de Paris. Elle enseigne l’histoire des médias dans le Département de communication politique de l’Université Paris XII.

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L’expression «société de l’information» a une histoire ; le projet qui s’est incarné dans l’ère informatique lui est bien antérieur. Pour Armand Mattelart, c’est l’histoire du concept qui permet de saisir les croyances dont cette société idéale est porteuse.

Le projet d’une société régie par l’information hérite de la pensée des XVIIe et XVIIIe siècles, qui fait des mathématiques un modèle du raisonnement et de l’action utile. Dès les débuts du XIXe siècle, c’est l’alliance des industriels et des savants positifs qui donne naissance à un mode inédit de gestion, orienté vers «l’administration des choses» et non plus vers le «gouvernement des hommes». Puis, avec la naissance des sciences statistiques, l’ouvrage décrit les multiples tentatives d’organisation de la documentation du XIXe siècle. Il montre aussi systématiquement comment l’utopie communicationnelle a pu être liée à ce développement. L’histoire des techniques de transmission détermine en effet celle des formes institutionnelles.

Après la Seconde Guerre mondiale, les nouveaux enjeux géopolitiques amènent les Etats-Unis à investir massivement dans les recherches sur l’information. Dans un monde bipolaire, les informaticiens développent un discours sur les systèmes, l’information et le contrôle. Emerge l’idéal de la gestion automatique du champ de bataille. La guerre est aussi à l’origine de la montée en puissance des think tanks : ces cellules de réflexion mises en place pendant le conflit sont ensuite reconduites dans les grandes entreprises et les institutions gouvernementales. Avec la Détente, ces technologies se convertissent dans le secteur civil et le slogan de la «révolution des communications» apparaît : «La tendance à assimiler l’information à un terme issu de la statistique (date/données) et à ne voir de l’information que là où il y a du dispositif technique s’accentuera. Ainsi s’installera un concept purement instrumental de société de l’information. Avec l’a-topie sociale du concept s’estompera l’enjeu socio-politique d’une expression censée désigner le nouveau destin du monde.»

La tentation déterministe, voulant que chaque médium soit porteur d’une nouvelle civilisation (et qui aboutit à «the medium is the message» de McLuhan) fait alors florès. Les Etats-Unis, foyer de l’innovation techno-scientifique, apparaissent comme les porteurs d’un nouveau projet d’universalisme. Leur domination technologique (perceptible par exemple dans la couverture satellitaire de la planète) leur permet d’imposer une grille mondiale de l’information. Le vocable de «société de l’information» (repris par l’OCDE en 1975) est alors employé dans le débat autour du «free flow of information». Ces années 1970 sont aussi marquées par le développement de la «diplomatie des réseaux» et la place nouvelle accordée à l’information par les managers d’entreprises.

Les années 1980 sont celles de la déréglementation et de la privatisation des systèmes audiovisuels et de télécommunication. Aux Etats-Unis, R. Reagan libéralise le secteur, et relance la recherche avec les projets de «guerre des étoiles». Le démantèlement d’ATT reste comme le symbole de cette libéralisation. Il provoque des vagues de recomposition des entreprises, dont les conséquences sont encore perceptibles vingt ans plus tard dans les concentrations massives du secteur. La compétitivité devient un leitmotiv mondial et l’OMC favorise la mise en place d’un nouveau régime d’échanges des biens culturels. Le Japon qui, grâce à la coordination du MITI, développe ses industries de nouvelles technologies depuis les années 1960, confirme son leadership, dans un secteur qui, parallèlement, s’internationalise.
La place de l’information (transmise par les nouvelles technologies), dans le développement des démocraties occidentales, devient un thème central des projets politiques. Al Gore, qui a lancé le concept des «autoroutes de l’information» évoque, lors du sommet du G7 de Bruxelles en 1995, les «promesses d’un nouvel ordre mondial de l’information». Lors du sommet de Lisbonne, l’Union européenne affirme sa volonté de «devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique». Elle ne peut cependant ignorer les défis sociaux posés par cette société de l’information.

Dans les dernières années, la société globale de l’information est devenue un enjeu géopolitique : comment partager les connaissances en vue de construire une société/monde juste et solidaire ? Les réseaux sont utilisés pour de nouvelles mobilisations. Dans le même temps, les guerres du Golfe et de Yougoslavie prouvent la précision des nouveaux outils informationnels militaires. Mais le 11 septembre montre que les stratèges de la révolution militaire ont aussi été piégés par leurs certitudes. La guerre en Irak remet ensuite en cause le mythe d’une planète régie par des ressources immatérielles (la question des ressources pétrolières est bien centrale). Avec la concurrence des chaînes arabes, l’hégémonie de CNN (et donc, la domination du «soft power» par l’hyper-puissance) n’est pas totale.

Histoire des idées et de la pensée, l’ Histoire de la société de l’information apporte une fort utile mise en perspective d’un concept. Cette nouvelle édition permet d’actualiser un ouvrage de référence en sciences de l’information et de la communication, et de montrer les bouleversements introduits par les nouveaux usages des réseaux.


Claire Blandin
( Mis en ligne le 22/03/2004 )
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