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Une forêt de symboles
François Thierry   Amulettes de Chine
Bibliothèque nationale de France 2008 /  99 € - 648.45 ffr. / 242 pages
ISBN : 978-2-7177-2402-8
FORMAT : 21cm x 30cm

L'auteur du compte rendu : Archiviste-paléographe, docteur de l'université de Paris I-Sorbonne, conservateur en chef du patrimoine, Thierry Sarmant est adjoint au directeur du département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France. Il a publié Les Demeures du Soleil, Louis XIV, Louvois et la surintendance des Bâtiments du roi (2003), Vauban : l'intelligence du territoire (2006, en collaboration), Les Ministres de la Guerre, 1570-1792 : histoire et dictionnaire biographique (2007, dir.).
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Ce sont de curieux objets de bronze ou de laiton, qui affectent la forme des monnaies du Céleste Empire, disques percés en leur centre d’un trou rond circulaire, bêches ou plaquettes ajourées. Tandis que les monnaies chinoises ne portent que des caractères, ces amulettes, talismans ou porte-bonheur, sont couverts d’inscriptions, mais aussi d’images où se presse tout un panthéon fabuleux, phénix et dragons, chevaux et chauve-souris, bouddhas et généraux, héros et immortels taoïstes.

Allant de la dynastie Song (960-1280) à la dynastie Qing (1644-1912), ce corpus illustre la continuité historique de la culture chinoise depuis la plus haute Antiquité : images et citations de poèmes vieux de plus de deux mille ans restent parfaitement compréhensibles pour un Chinois du XXIe siècle.

Respectant la classification admise par la numismatique chinoise, François Thierry a disposé les amulettes de la Bibliothèque nationale en huit grandes catégories : monnaies palatiales, amulettes religieuses, amulettes zodiacales, amulettes démonifuges, amulettes de bon augure, amulettes ajourées, pièces de jeu amulettisées et amulettes diverses. Les amulettes «palatiales» ou «pièces de la cour» sont des monnaies émises à l’occasion d’un anniversaire impérial, pour souhaiter au fils du Ciel «longue vie et dix mille longévités» et appeler la prospérité sur l’Empire. Les amulettes religieuses participent des trois grandes «voies» qui partagent l’univers spirituel des Chinois : taoïsme, confucianisme et bouddhisme. On y voit Guan Yu, général du IIe siècle divinisé après sa mort, les Huit Immortels, la Reine-mère de l’Occident, le bodhisattva Guanyin et d’autres divinités. Les amulettes zodiacales montrent un ou plusieurs des douze animaux du calendrier chinois. Les amulettes démonifuges ont pour fonction d’éloigner les spectres et toutes les forces néfastes : y figurent des divinités favorables, des symboles protecteurs, des armes, des astres et des constellations, des animaux, des végétaux et des minéraux, des invocations. Les amulettes de bon augure illustrent la permanence d’une conception du bonheur qu’un occidental peut tenir pour matérialiste : il s’agit des San duo, les «Trois beaucoup» : santé (beaucoup d’années), réussite (beaucoup d’argent), descendance (beaucoup d’enfants).

Examiner le détail de ces représentations et de ces inscriptions, c’est entrer dans un univers profondément étranger et d’une poésie puissamment originale. Là, le jeu de mots joue un rôle essentiel. L’homophonie entre différents mots crée ainsi des rapprochements inattendus : fu est aussi bien le bonheur que la chauve-souris, et cet animal est de ce fait le symbole du bonheur. Une feuille de lotus verte (qing lian) est homophone du mot qui signifie «intègre, incorruptible» ; c’est pourquoi la feuille de lotus vient habiller les plaques de promotion des fonctionnaires. La pêche signifie la longévité, car dans le paradis taoïste un pêcher tortueux produit tous les mille ans un fruit qui confère l’immortalité. L’union du dragon et du phénix ou des deux phénix, mâle et femelle, représente l’harmonie conjugale. Les sauterelles, dont la «bruyante troupe vole de concert», symbolisent la prospérité que produisent l’union et la concorde. Les amulettes font aussi de fréquentes allusions aux récits de l’histoire et du roman classique, remplis de monarques ambitieux, de généraux valeureux et de lettrés vertueux.

Tout ce répertoire symbolique, iconographique et littéraire est aujourd’hui encore bien vivant : il apparaît inchangé sur les calendriers et la vaisselle des restaurants chinois et vietnamiens. Le catalogue des amulettes chinoises du Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale constitue ainsi une merveilleuse introduction à la culture millénaire de la Chine, qui trouvera place aussi bien dans la bibliothèque du sinologue que dans celle de l’historien et de l’historien de l’art.


Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 10/03/2009 )
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