L'actualité du livre Jeudi 18 avril 2024
  
 
     
Le Livre
Histoire & Sciences sociales  ->  
Biographie
Science Politique
Sociologie / Economie
Historiographie
Témoignages et Sources Historiques
Géopolitique
Antiquité & préhistoire
Moyen-Age
Période Moderne
Période Contemporaine
Temps Présent
Histoire Générale
Poches
Dossiers thématiques
Entretiens
Portraits

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Histoire & Sciences sociales  ->  Histoire Générale  
 

Vision de l'orthodoxie
Hilarion Alfeyev   L'Orthodoxie - Tome 1 : Histoire et structures canoniques de l'Eglise orthodoxe
Cerf 2009 /  39 € - 255.45 ffr. / 300 pages
ISBN : 978-2-204-08744-5
FORMAT : 14cm x 23cm

Traduction de Claire Chernikina.
Imprimer

Le lecteur francophone disposait déjà de plusieurs ouvrages sur l’orthodoxie, entre-autres celui d’Olivier Clément, synthèse remarquable, mais courte, aux Presses universitaires de France, également celui de Jean Meyendorff aux éditions du Seuil, malheureusement épuisé. Aussi, il faut saluer l’initiative des éditions du Cerf de faire paraître en plusieurs volumes le travail de l’Evêque de Vienne et d’Autriche Hilarion Alfeyev. Seul le premier tome est paru à ce jour. Il est essentiellement consacré à l’histoire de l’Eglise et, dans une seconde et courte partie, à l’organisation canonique de l’Eglise orthodoxe. Les tomes suivants porteront sur la doctrine et la liturgie. Ce premier volume est une importante synthèse détaillée d’une histoire divisée en deux millénaires : les temps apostoliques et ceux de la construction ecclésiastique puis le temps de la séparation d’avec Rome.

Pendant mille ans, depuis les évangiles, chrétiens d’Orient et d’Occident ont partagé la même expérience, celle de la naissance de l’Eglise comme structure vivante, de la patristique et des conciles œcuméniques, du monachisme, de la liturgie et des grandes ruptures (l’arianisme notamment). Pourtant, cet héritage commun connaît très tôt des chemins divergents. L’Orient grec, de l’Egypte aux Balkans n’a pas la même histoire que le monde latin. L’Orient est à la fois le berceau, le creuset du christianisme et le territoire le plus vulnérable car constamment aux frontières menacées de l’Eglise.

Ainsi, l’Eglise d’Orient tire sa richesse d’une expérience historique singulière liée au destin de Byzance. Elle a dû à la fois défendre l’unité de sa doctrine et porter l’énergie de la mission, en particulier vers les Slaves, (abandonnant dans le même temps l’essentiel du terrain dans le monde arabe) pour ne pas succomber avec l’empire romain d’Orient. Sa force, Hilarion Alfeyev, l’expose avec clarté et un souci du détail qui satisfera le lecteur peu au fait de cette histoire. La littérature patristique, les enjeux autour du dogme, la fixation des pratiques liturgiques comme la place du chant, le développement des monastères ou les choix esthétiques forment la colonne vertébrale de l’orthodoxie ; la liturgie en assure la pérennité et la promotion (la légende du grand prince Vladimir faisant pour lui et ses peuples le choix de l’orthodoxie grâce à l’éblouissement de la liturgie et des églises). Sa force de résistance aux combats des temps, l’Eglise orthodoxe la doit à la fois à son attachement à la Tradition et à sa capacité à se donner aux peuples qui l’acceptent. Mais le mariage est dangereux, le lien avec les princes, si indispensable à l’évangélisation, n’est pas sans risque pour l’Eglise.

Si les contentieux se sont accumulés entre Rome et Constantinople, c’est bien à propos du rapport entre le pouvoir spirituel et le pouvoir impérial que se produit le schisme de 1054. Mais la cause ressemble davantage à un effet. L’Orient et l’Occident sont depuis mille ans séparés par deux langues, deux cultures qui, à terme, proposent deux modèles ecclésiologiques totalement différents. A Rome s’est construit le postulat de l’Eglise universelle sous l’autorité de l’évêque successeur de Pierre ; à Constantinople, si le pape romain conserve une autorité morale que les orientaux ne lui contestent pas, il ne saurait être la source d’une autorité plus formelle concurrente de celle de l’Empereur. Enfin, l’affaire du «Filioque», remise en cause par les occidentaux du dogme de la Trinité dès le VIIe siècle, achève le processus de séparation. La vaine tentative de réconciliation du concile de Ferrare-Florence de 1438 reste un épisode douloureux. La menace turque se précise et vingt ans plus tard, l’Empire d’Orient aura cessé d’exister mais le Patriarcat de Constantinople lui survit. Événement d’importance, ce sont les représentants de l’Eglise russe qui refusent les résolutions du Concile. Le transfert vers le Nord-est de l’équilibre orthodoxe se confirme.

Après 1453, l’histoire de l’Orthodoxie, sans se confondre avec elle, devient pour partie celle de la Russie. C’est sans doute une critique qui sera adressée à l’ouvrage que sa propension à minorer l’histoire des autres Églises : grecque, roumaine, bulgare, serbe, mais aussi celles du Caucase et du monde arabe. L’évêque Hilarion est de l’obédience du Patriarcat de Moscou, sa connaissance de la littérature russe est immense, aussi nous ne bouderons pas notre plaisir à la lecture des chapitres qu’il consacre au monde russe, en particulier aux grands contributeurs de la pensée religieuse (la controverse entre Jean de Cronstadt et Léon Tolstoï) ainsi que, pour la période récente, le chapitre portant sur «l’Ecole de Paris» (Boulgakov, Berdiaev) et aux patrologues occidentaux. La clarté de la présentation des doctrines et des débats fait de cet ouvrage un outil précieux pour l’étude de la pensée orthodoxe russe.

Bien entendu, l’auteur est très discret sur la dissidence orthodoxe pendant la période communiste, les courants de l’exil, et la question ukrainienne (abordée néanmoins avec nuance). Au Patriarcat de Moscou, ces questions renvoient à un passé – récent - encore très douloureux (Alexis II est l’auteur de la préface). Aussi, en lecteurs avertis, irons-nous chercher ailleurs les détails d’une histoire sans doute trop proche. Ceci dit, nous attendons avec impatience les autres volumes afin de disposer en Français (dans une traduction exemplaire de Claire Chernikina) non d’un manuel mais d’un exposé dense et de référence où s’exprime de façon personnelle une vision de l’Orthodoxie.


Pascal Cauchy
( Mis en ligne le 24/03/2009 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd