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Qu’est-ce qu’un mythe ?
Jean-Louis Backes   Le Mythe dans les littératures d'Europe
Cerf - Littérature 2010 /  23 € - 150.65 ffr. / 206 pages
ISBN : 978-2-204-09171-8
FORMAT : 13,4cm x 21,5cm

L'auteur du compte rendu : Françoise Poulet est une ancienne élève de l'École Normale Supérieure de Lyon. Agrégée de lettres modernes, elle est actuellement allocataire-monitrice à l'Université de Poitiers et prépare une thèse sur les représentations de l'extravagance dans le roman et le théâtre des années 1630-1650, sous la direction de Dominique Moncond'huy.
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Le mythe de Prométhée, le mythe de Rimbaud, devenir un mythe, ou, au contraire, casser le mythe… Tout le monde emploie fréquemment le terme mythe, dans des expressions variées, mais personne ne sait véritablement donner une, voire des définitions précises de ce mot, ou bien même justifier les emplois que l’on en fait. Ne devrait-on pas plutôt parler de légende, de fable, de récit, d’anecdote, d’allégorie, ou bien encore de toute autre chose, excepté d’un mythe ?

Loin de se poser la question de la légitimité ou non de l’emploi de ce terme, Jean-Louis Backès fait table rase de tous les discours qui se sont tenus sur son objet d’étude, afin d’en consolider les bases. Dès l’introduction de son ouvrage, il met l’accent sur l’aspect problématique du mot et de la chose, sur la complexité, voire l’impossibilité qu’il y a à la cerner. Il fait alors le choix d’adopter une méthodologie inductive, mais aussi de séparer le signifiant du signifié, afin d’éviter au maximum les fausses pistes et de mettre en valeur la dimension éminemment polysémique du terme. Son introduction, cheminant sur les sentiers du scepticisme, soulève essentiellement des questions, auxquelles seront chargés de répondre – si cela est possible – les chapitres de l’ouvrage : l’opposition traditionnellement posée entre muthos et logos est-elle toujours valable ? Quels rapports le mythe entretient-il avec la vérité ? Avec l’histoire ou la fable ?

Pour mieux cerner les difficultés posées par cet objet, le champ d’analyse retenu est relativement large : si la mythologie est réduite à sa partie gréco-romaine, la perspective adoptée est diachronique, de l’antiquité à nos jours, mais aussi européenne, tandis que la notion est explorée dans un vaste nombre d’acceptions («mythe littéraire», «mythe de l’écrivain», etc.). Les deux premières parties retracent l’histoire du mot ainsi que sa réception, tout d’abord entre Homère et le Romantisme, puis du Romantisme à aujourd’hui : Backès se demande à quelle époque, dans quel contexte et avec quels sens le terme mythe apparaît pour la première fois, mais il adopte également une démarche onomasiologique, qui part de la chose pour aller vers les termes susceptibles de l’exprimer. Se révèlent alors les liens entre les mythes et les poètes (épiques, tragiques), les mythes et les récits oraux, les mythes et leurs nombreuses variations et interprétations. On définit parfois le mythe comme un récit apportant une réponse aux interrogations métaphysiques et fondamentales de l’homme : mais ne peut-on pas plutôt dire qu’il engendre des questions nouvelles ? Tout mythe n’est pas nécessairement un récit étiologique.

Les chapitres suivants, «Évaporation des mythes» et «La résistance des mythes», tentent de définir des critères de définition stables : la réduction du mythe à un récit archétypal susceptible d’être décliné au sein de multiples variantes (on aimerait peut-être sur ce point lire un approfondissement de la spécificité du mythe face à la notion de topique), le nom propre comme invariant, la question du récit historique…

Le livre, s’il est accessible à un large public, se révèle particulièrement formateur pour les étudiants inscrits dans un cursus universitaire, notamment en lettres ou en langues : parsemé de sections méthodologiques («Prologue méthodologique», «Intermède méthodologique», «Finale méthodologique»), il n’est jamais jargonnant et prend le temps d’expliquer, de définir les notions susceptibles de poser problème, de revenir en arrière pour mettre en valeur chaque étape du raisonnement. Il se permet parfois de se perdre dans de longues digressions par souci de clarté. Le lecteur trouvera donc ici un efficace ouvrage de synthèse, caractérisé par son sens de la nuance et son refus de répondre quand il n’y pas de réponse. Cette balade à travers les mythes lui fera prendre conscience de façon à la fois utile et divertissante de la complexité et de l’ambivalence de cette notion si communément convoquée.


Françoise Poulet
( Mis en ligne le 13/07/2010 )
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