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Histoire & Sciences sociales  ->  Biographie  
 

Jésus n’était pas un chrétien
John-P. Meier   Un certain Juif : Jésus - Les données de l'histoire. 4 - La Loi et l'amour
Cerf - Lectio Divina 2009 /  60 € - 393 ffr. / 736 pages
ISBN : 978-2-204-08833-6
FORMAT : 15,5cm x 23cm

L'auteur du compte rendu : Historienne et journaliste, Jacqueline Martin-Bagnaudez est particulièrement sensibilisée aux questions d’histoire des religions et d’histoire des mentalités. Elle a publié (chez Desclée de Brouwer) des ouvrages d’initiation portant notamment sur le Moyen Age et sur l’histoire de l’art, et, plus récemment, une biographie de Robert d'Arbrissel.
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Depuis le premier tome de la magistrale étude que J. Meier consacre à Jésus en tant que, et exclusivement comme, personnage historique, l’auteur poursuit scrupuleusement son propos : raconter l’histoire d’un homme qui est né, a grandi, a œuvré et a finalement été condamné à mort et exécuté, dans la Palestine du Ier siècle de notre ère. Ni théologie, ni christologie, ni spiritualité n’ont leur place dans cette démarche strictement historique qui ne concerne pas plus «l’Histoire Sainte» traditionnelle que le développement du christianisme. Ces a priori, posés dès les premières pages du premier volume (Les Sources, les origines, les dates, Cerf 2004) et érigés en méthode exclusive et absolue, ont été rigoureusement respectés dans les deux suivants (La Parole et les gestes et Attachements, affrontements, ruptures, Cerf, respectivement avril et octobre 2005).

C’est sans doute avec ce quatrième volume que le surtitre de l’ouvrage trouve sa plus évidente illustration. Son propos spécifique : la judéité de l’homme Jésus. Un défi, à dire vrai : à la lumière d’une destinée postérieure dont il est difficile de s’abstraire, comment saisir un personnage que sa conduite et ses dires montrent partie prenante d’une communauté religieuse reconnaissant l’ensemble constitué par la Tora et la Halakha (la Loi mosaïque et son commentaire actualisé pour la vie de chaque jour) comme unique règle de vie ? Position impossible si on identifie Jésus comme le fondateur, qu’il n’a jamais voulu ni eut conscience d’être, d’une religion nouvelle ! Paradoxe, voire travestissement pour qui bute sur les paroles et les gestes de rupture abondamment rapportés dans les textes évangéliques et interprétables au premier degré comme un rejet par Jésus du judaïsme.

J. Meier aborde le problème à travers les quatre thèmes pour lesquels l’enseignement de Jésus apparaît comme en rupture majeure avec les positions traditionnelles juives : la possibilité de rompre un mariage par le divorce, le serment prononcé dans le cadre religieux, la stricte observance du sabbat, le respect des innombrables lois de pureté. Face à toutes les prescriptions juives habituelles de son temps, Jésus propose une «Loi» plus oubliée que nouvelle, celle de l’Amour. Devant le public des Juifs qui constituent son auditoire, il se pose, finalement, comme un prophète eschatologique dont l’enseignement vise à retrouver les fondamentaux de la religion juive. C’est à ses disciples qu’il reviendra d’en tirer des conséquences théoriques et théologiques. Le Jésus historique reste un juif inscrit dans son temps et sa société ; il ne cherche ni ne prône la nouveauté. Et l’auteur fait appel à toutes les sources, juives comme gréco-romaines, pour replacer dans leur contexte les dires et les comportements du rabbi nommé Jésus. Il se livre à des évaluations contradictoires, au plus proche des textes ; il poursuit sa quête de l’original et de l’originel des sources. Avec son immense érudition, il affronte les données les plus contradictoires ; tout est remis en question, et l’auteur semble souvent aller au devant des problèmes qu’il cherche à résoudre en respectant la grille des critères d’historicité qu’il a établie au début de son travail : l’embarras, la discontinuité, l’attestation multiple, la cohérence et le rejet.

La finesse et la précision des analyses interdit de souligner en quelques lignes autre chose que l’attitude d’écoute des textes qui sous-tend la richesse et la finesse des démonstrations. Disons aussi que tout lecteur curieux, quel que soit son niveau de connaissance exégétique et/ou historique – ou son ignorance… – peut suivre J. Meier dans sa démarche. Il est donné au spécialiste de retrouver dans les abondantes notes (plus de la moitié de l’ouvrage) les développements, les justifications, les références bibliographiques (l’auteur semble avoir tout lu) et les débats d’experts, toujours exposés avec la grande honnêteté intellectuelle qui caractérise ce travail, d’ailleurs enrichi de précisions apportées par les traducteurs. La mise en pages du livre facilite cette lecture à un double niveau. Signalons que la traduction française précède la publication américaine du volume.

Le cinquième et dernier tome annoncé traitera des «énigmes» qui demeurent autour de Jésus, notamment celle de sa mort. C’est là que s’arrête, nécessairement, la démarche strictement historique.


Jacqueline Martin-Bagnaudez
( Mis en ligne le 30/06/2009 )
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