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L'ombre demeure sur cet ''homme de l'ombre'' | | | Pierre de Gasquet Antoine Bernheim - Le parrain du capitalisme français Grasset 2011 / 18 € - 117.9 ffr. / 278 pages ISBN : 978-2-246-73851-0 FORMAT : 14cm x 20,5cm Imprimer
Correspondant à New York pour le quotidien économique Les Échos, Pierre de Gasquet vient de publier un ouvrage sur Antoine Bernheim. De prime abord, le titre de louvrage - Antoine Bernheim, le parrain du capitalisme français - est particulièrement alléchant. Il lest dautant plus que lauteur est proche des milieux économiques et financiers. On sattend donc, pêle-mêle, à des révélations fracassantes sur le monde des affaires, sur les acteurs de ce microcosme, sur les opérations de fusion-acquisition quils réalisent régulièrement, etc. Bref, le lecteur espère découvrir les arcanes du capitalisme français, son fonctionnement et ses luttes de pouvoir.
Finalement, il restera sur sa faim, ou peu sen faut. Certes on apprend quAntoine Bernheim est le confident des puissants, quil dispose de relais extrêmement féconds dans le monde politique, car il est entre autre ami du Président de la République, de la deuxième épouse de lactuel locataire de lElysée ainsi que de Rachida Dati. Au fil des pages, Pierre de Gasquet en vient à renseigner le lecteur sur les amitiés ainsi que sur les inimitiés des magnats du capitalisme français. Ainsi, on découvrira par exemple, que «le parrain du capitalisme français» ne porte pas Alain Minc dans son cur. Il en va de même des nouvelles étoiles du milieu des affaires, comme lassocié de la Banque Lazard et propriétaire du magazine culturel Les Inrockuptibles, Mathieu Pigasse. Celui-ci serait, en effet, entré dans la prestigieuse banque sur le conseil dAlain Minc.
Lautre personne influente du capitalisme français nest autre que Claude Bébéar. A linstar dAlain Minc et de Mathieu Pigasse, il semblerait que lancien mentor de Vincent Bolloré napprécie guère le fondateur dAxa. Le journaliste compare Bernheim, le faiseur de rois du capitalisme hexagonal, à Talleyrand. Même sil est à lorigine dascensions aussi spectaculaires que celles, notamment, de Bernard Arnault, de François Pinault et de John Elkann, le parallèle avec celui que Chateaubriand tenait pour le «vice» («appuyé sur le bras du crime», i.e. celui de Fouché après la chute du Premier Empire) parait quelque peu excessif.
Du début à la fin de louvrage, le journaliste vogue de banalités en lieux communs. En dépit de laphorisme de La Bruyère placé en exergue du livre, selon lequel «lon doit se taire sur les puissants : il y a presque toujours de la flatterie à en dire du bien ; il y a du péril à en dire du mal pendant quils vivent, et de la lâcheté quand ils sont morts», cette «biographie non autorisée», ne remplit pas toutes ses promesses. Souvent, les meilleurs projets se révèlent être les pires : optima cogitata pessima saepe cadunt.
Jean-Paul Fourmont ( Mis en ligne le 15/03/2011 ) Imprimer | | |