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Le Thaumaturge des finances
Ghislain, de Diesbach   Necker - La faillite de la vertu
Perrin - Tempus 2017 /  11 € - 72.05 ffr. / 512 pages
ISBN : 978-2-262-07035-9
FORMAT : 10,8 cm × 17,8 cm

Première publication en juin 2004 (Perrin)
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Necker. Ce nom est associé à la chute de la monarchie française depuis plus de deux siècles. Sa popularité à la veille de la Révolution et l'affaire de son renvoi par Louis XVI ont masqué le ministre, le financier qui se pique de théoriser, d'expliquer son action. Cette réédition de sa biographie vient à point nommé.

Jacques Necker est né le 30 septembre 1732 à Genève. Sa famille paternelle originaire de Prusse y est établit depuis peu. C'est du côté de sa mère, une Vernet, que Jacques appartient à une lignée de la banque. Mais c'est à Paris que "l'industrieux Necker" établit sa propre fortune avec le soutien des réseaux de la banque familiale. Sans doute certaines affaires sont-elles traitées avec un scrupule parfois bien léger. La rumeur saura en profiter quand viendra le temps de la gloire. L'autre atout de Necker à Paris, c'est sa femme, Suzanne Curchod. Elle tient salon et sait y faire en relations publiques. Dans ces années 1770, la fine fleur des Lumières parisiennes fréquente l'hôtel particulier des Necker.

Mais le banquier fait plus. Pédagogue, il souhaite faire connaître ses idées qui doivent le mettre au rang d'économiste reconnu. Or la royaume connaît une crise financière sans précédent. Un jeune roi inexpérimenté monte sur le trône, la guerre d'Amérique entraîne les finances publiques vers le désastre. Necker apparaît comme l'homme de la situation et surtout l'homme d'un clan. Celui des Choiseul, des Orléans, celui de toute une aristocratie éclairée et autant de relations d'affaire.

L'auteur de cette belle biographie sait retrouver les trames de cette sociabilité. Mais le grand mérite de cet ouvrage est de ne pas rebuter sur la technique financière et la doctrine économique qui sont exposées avec clarté. Car, en définitive, l'affaire de Necker ministre, ce sont les comptes du royaume. Son premier souci est d'en connaître l'état. Si la comptabilité nationale, aujourd'hui, nous semble d'une évidente nécessité, le contrôleur des finances d'alors ne dispose pas de budget établissant les recettes et les dépenses. Devant la complexité du système fiscal français, Necker renonce à la solution de l'impôt et cherche dans les dépenses les sources d'économie possible. Outre les résistances structurelles, les dépenses de la guerre américaine ruinent tout projet.

Homme d'un clan, Necker est l'objet d'attaques à la cour. Il doit expliquer sa politique. Il écrit et publie. Ainsi s'élabore, dans un style souvent difficile et fastidieux, une doctrine de bonne gestion des finances publiques, qui semble plus technicienne que théoricienne. Et ce n'est pas le moindre mérite de l'auteur que de nous en donner un aperçu. Le succès du Compte rendu au Roi de 1781 souligne l'importance du débat économique autant que l'enjeu politique des réformes.

Face à la montée des périls, Necker apparaît comme un défenseur de l'Ancien régime malgré lui. Le genevois calviniste défend la religion face aux sarcasmes des libres penseurs et montre son importance dans son ouvrage sur l'opinion publique. "Thaumaturge" des finances, Necker n'est guère un prophète entendu. L'absence de volonté politique mais également son statut d'étranger protestant fragilisent ses initiatives. Son bref retour aux Affaires, il le doit à la popularité de celui qui s'est opposé sans succès aux dépenses inconsidérées et à un système fiscal et social dépassé. Son temps n'est plus celui de la Révolution qu'il étudiera avec une froide distance depuis son séjour suisse à Coppet.

Mais Jacques Necker est aussi un père de famille soucieux de l'avenir de sa fille unique Germaine, devenue Madame de Staël. L'ouvrage nous livre quelques passages savoureux sur les querelles chez les Necker entre mère et fille. L'auteur nous avait déjà présenté une biographie peu indulgente de Germaine de Staël. Ici, elle apparaît comme la gardienne du temple de la mémoire de Necker. Pourtant le père et la fille seront unis dans la critique de la dictature qui s'étend sur la France après le 18 Brumaire, même si Necker reste davantage prudent. Il rencontre brièvement le Premier consul. Mais l'ermite de Coppet écrit malgré l'ostracisme qui pèse sur son oeuvre. Germaine et Benjamin Constant lui sont d'un grand secours comme la source de fortes inquiétudes par le combat qu'ils livrent. Enfin, dans la nuit du 9 au 10 avril 1804, Necker meurt.

En définitive, un livre riche, bien informé qui donne l'envie d'aller plus loin. Car il est une question que l'on ne manquera pas de soulever une fois la lecture achevée, celle de la postérité des idées de Necker. Et l'on se prend à regretter de ne plus pouvoir disposer en librairie de l'excellent ouvrage d'Henri Grange, Les Idées de Necker, paru en 1971.


Pascal Cauchy
( Mis en ligne le 12/06/2017 )
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