L'actualité du livre Jeudi 28 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Histoire & Sciences sociales  ->  
Biographie
Science Politique
Sociologie / Economie
Historiographie
Témoignages et Sources Historiques
Géopolitique
Antiquité & préhistoire
Moyen-Age
Période Moderne
Période Contemporaine
Temps Présent
Histoire Générale
Poches
Dossiers thématiques
Entretiens
Portraits

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Histoire & Sciences sociales  ->  Science Politique  
 

Concevoir le néolibéralisme
Walter Lippmann   La Cité libre
Les Belles Lettres - Bibliothèque classique de la liberté 2011 /  29 € - 189.95 ffr. / 458 pages
ISBN : 978-2-251-39052-9
FORMAT : 13,5cm x 21cm

Préface de Fabrice Ribet

Traduction de Georges Blumberg

L'auteur du compte rendu: Guy Dreux est professeur certifié de Sciences Économiques et Sociales en région parisienne. Il est titulaire d'un DEA de sciences politiques sur le retour de l'URSS d'André Gide.

Imprimer

On sait mieux aujourd’hui l’influence et la nature du néolibéralisme, courant de pensée dont Lippmann fut un des auteurs les plus éminents. On sait mieux aussi l’importance du colloque Lippmann qui s’est tenu en août 1938 à Paris pour la théorisation et la promotion de ce même néolibéralisme. Un colloque qui vise précisément à discuter l’ouvrage de Walter Lippmann, Inquiry into the Principles of the Good Society, traduit en français dès 1938 sous le titre La Cité libre. C’est dire que cette réédition nous livre une des pièces maitresses de la pensée néolibérale.

Lippmann réaffirme et insiste sur un premier point fondamental : le libéralisme ne se réduit pas, ne doit pas se réduire au «laissez-faire». Pour Lippmann, la promotion du «laissez-faire» avait été initialement un mot d’ordre révolutionnaire dans le but de tourner une page historique et de se débarrasser d’un régime économique et social ancien. Mais cette volonté d’un État minimum, réduit aux fonctions régaliennes et refusant tout type d’intervention dans la monde économique, ce «laissez-faire» est devenu «un dogme obscurantiste et pédantesque». C’est là un des éléments singuliers qui permet de comprendre en quoi le «néolibéralisme» n’est pas tant une continuité et encore moins un retour au libéralisme classique ; il est une rupture avec certains de ses principaux dogmes. C’est tout le sens de la volonté de Lippmann d’effectuer une véritable refondation d’un libéralisme qui a échoué. Car Lippmann défend l’idée que les causes du désordre économique sont à rechercher dans le libéralisme (classique) lui-même et non, comme le pensent Hayek ou von Mises, dans la trahison du libéralisme. Cette refondation suppose de revenir sur les catégories juridiques du libéralisme classique et de définir un nouvel art de gouverner.

Critiquant Spencer, Lippmann insiste sur l’erreur qu’il y a de penser qu’il existe des domaines d’action totalement libres, comme la sphère économique, et d’autres qui pourraient tolérer ou même nécessiter l’intervention de l’Etat. Il critique aussi sévèrement l’illusion selon laquelle la propriété privée ne serait que l’expression d’un droit naturel et plus généralement que le libéralisme reposerait sur la reconnaissance des droits naturels. Cette illusion, qui ne perçoit pas que droits, contrats et sociétés «sont créatures du droit», cette illusion a été porteuse d’une impasse qui a paradoxalement contribué à renforcer la détermination de mouvements révolutionnaires qui visent précisément à abolir la propriété privée. «Si la propriété est si gravement compromise dans le monde moderne, c’est parce que les classes possédantes, en résistant à toute modification de leurs droits, ont provoqué un mouvement révolutionnaire qui tend à les abolir».

Considérant l’économie capitaliste comme une véritable force révolutionnaire, Lippmann défend l’idée qu’il est nécessaire que les hommes, la société dans son ensemble, s’adaptent en permanence à ses exigences. C’est l’ensemble de la société, c’est l’Homme même, qu’il convient de réorganiser pour les rendre plus aptes à se conformer à l’économie capitaliste. Sur le plan institutionnel, Lippmann défend l’idée qu’il est nécessaire de limiter le pouvoir politique et de se méfier des expressions populaires. Il défend donc l’idée que seule une élite compétente est capable de gouverner et de défendre le bien commun. Ce gouvernement élitiste doit encourager les principes de concurrence partout où cela est possible et doit, par de multiples moyens, faire comprendre aux masses les bonnes raisons de ces logiques : «Il faut qu’elles [les démocraties] inculquent aux masses, par la voix de nouveaux instituteurs, le respect des compétences, l’honneur de collaborer à une œuvre commune».

La manière dont sont conçues aujourd’hui les institutions européennes rappelle suffisamment cette idée d’un «État fort libéral» pour que l’on comprenne tout l’intérêt de lire l’ouvrage de Lippmann.


Guy Dreux
( Mis en ligne le 17/05/2011 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd