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Le dur métier de maire
Gilles Rossignol   Moi, maire rural
Buchet Chastel 2008 /  19 € - 124.45 ffr. / 225 pages
ISBN : 978-2-283-01959-7
FORMAT : 15,0cm x 23,0cm

L'auteur du compte rendu : Diplômé de l'Ecole nationale des chartes et de l'Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques, Rémi Mathis est conservateur, responsable de la bibliothèque de sciences humaines et sociales Paris-Descartes-CNRS. Il prépare une thèse sur Simon Arnauld de Pomponne à l'université Paris-Sorbonne sous la direction de Lucien Bély.
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Il arrive que l’on accepte des missions par hasard, parce que l’on se sent responsable de ce qui peut advenir, presque à notre corps défendant, parce que l’on peut être utile. Et que cela change notre manière de vivre. C’est ce qui est arrivé à Gilles Rossignol, alors propriétaire d’une maison de famille dans la Creuse. Un jour de 1995, des villageois sont venus le trouver en lui proposant de devenir maire de la commune : des origines locales, une maire sortante désirant abandonner son siège, une gestion contestée, un successeur désigné qui ne fait pas l’unanimité, ce qui entraîne la formation d’une seconde liste… et voilà comment notre homme devient premier magistrat d’un village de quelques dizaines d’habitants, pour plus de dix ans. Rien ne semblait destiner Gilles Rossignol à assumer pareille charge, sinon une bonne formation juridique et administrative (Sciences Po, doctorat en droit), nécessaire pour éviter de se perdre dans les arcanes du code des collectivités territoriales et de la jurisprudence du Conseil d’État.

Cette expérience, l’auteur nous la fait partager en une douzaine de chapitres, mêlant réflexions personnelles, analyse des problèmes récurrents et témoignage du quotidien. Pour faire face à des attributions extrêmement larges, le maire est presque seul. Il peut normalement compter sur une secrétaire de mairie, mais, en l’occurrence, celle du village que l’auteur désigne du nom de Pont-Louis représente au contraire le premier obstacle auquel il doit se confronter!

La situation à l’arrivée est catastrophique, non tant du point de vue administratif et budgétaire que dans la tenue la plus quotidienne de la mairie. La secrétaire n’a visiblement plus tenu son rôle depuis bien longtemps et les archives apparaissent dans un inextricable fouillis… quand elles existent. Or, un maire est d’abord le gestionnaire du budget, alors même que les cordons de la bourse sont souvent extrêmement serrés et que des décisions antérieures peuvent lier les mains des futurs maires pendant plusieurs dizaines années. Encore faut-il avoir une bonne connaissance de ce qui s’est passé dans les années précédentes et, pour cela, disposer d’archives fiables, ce qui n’était pas la cas du village qui nous intéresse, où le nouveau maire découvre des trous dans la documentation – avec des conséquences désastreuses, comme le rappel d’une dette inconnue de 47000 euros… – des mois après son entrée en fonction.

Les difficultés personnelles ne manquent bien sûr pas. Une élection permet déjà de se faire un certain nombre d’ennemis. Ils ne manqueront pas d’augmenter au fil des décisions qui lèsent certains, déplaisent à d’autres. Fâcheux et ingrats ne manquent pas et un maire se trouve souvent pris à parti, sommé de prendre position dans des affaires étrangères à la gestion municipales ou appelé à sortir de ses prérogatives. Il est alors bien difficile de refuser d’entrer dans un tel jeu et de conserver une neutralité nécessaire à la bonne administration de la commune. Certains dossiers, pouvant paraître bien exotiques pour un urbain, sont ainsi d’une grande importance pour ces petites communes. Il en est ainsi de la gestion des bois communaux, qui produisent pour la commune des revenus non négligeables, mais qu’il faut entretenir, dont il faut organiser l’affouage, qui peuvent subir de graves dégâts, notamment lors de la tempête de 1999.

Si des travers sont souvent dénoncés, l’auteur le fait sur un mode plaisant ou en généralisant suffisamment pour éviter de tomber dans le règlement de compte. Néanmoins, bien que le livre soit rédigé avec humour et que tous les noms soient modifiés, les personnes concernées – habitants du village, notabilités locales, hommes politiques de la région – ne manqueront certainement pas de se reconnaître : la franchise du livre fera sans doute grincer quelques dents car la plume peut parfois se faire acerbe pour dénoncer l’incompétence des uns, les coups bas ou les attaques des autres.

Dans un dernier chapitre, Gilles Rossignol revient sur un de ses seuls regrets : s’être laissé entraîné dans l’écheveau de la politique locale. La couleur politique ne compte guère tant qu’il s’agit de gérer les affaires d’un village et les listes mêlent la plupart du temps sympathisants de droite et de gauche. Mais relations et amitiés l’amènent bien vite à collaborer avec le député local. Rapidement, le maire rural se trouve pris dans les querelles entre les deux députés du département (pourtant du même bord), sans parler de quelques inimitiés qui naissent à son encontre une fois mises à jour ses sympathies politiques. Après l’échec du député qu’il soutenait en 2002, Gilles Rossignol abandonne «les marécages de la politique locale» et, fatigué des incessants allers et retours entre Paris et la Marche, peiné par le cambriolage de sa maison, il finit par démissionner de son mandat de maire en 2006.

Ainsi se tourne la page d'onze années passées au service d’une commune rurale, où se mêlent séances du conseil municipal, gestion quotidienne, demandes de subventions, relations diverses avec les administrations et les politiques, travaux de voirie ou de réseau d’eau, mise en place de l’intercommunalité, etc., etc. Onze années dans lesquelles devraient se retrouver les 30000 maires français de petites communes et leurs administrés ruraux.


Rémi Mathis
( Mis en ligne le 09/07/2008 )
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