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La nouvelle trahison des clercs
Yves Charles Zarka   La Destitution des intellectuels
PUF - Intervention philosophique 2010 /  20 € - 131 ffr. / 296 pages
ISBN : 978-2-13-058417-9
FORMAT : 13,4cm x 20cm

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.
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«L'intellectuel était traditionnellement un auteur (romancier, poète, philosophe, savant, ou autre) que son œuvre dotait d'une autorité spirituelle susceptible de donner du poids à ses propos et à ses interventions comme citoyen dans la cité : interpellation du pouvoir, appel de celui-ci à la responsabilité, à la justice ou au droit, appel à l'opinion publique sur une question grave mais ignorée». C'est en ces termes que Yves Charles Zarka dresse le portrait-robot de l'intellectuel dans son dernier ouvrage La Destitution des intellectuels, lequel comporte nombre de ses articles publiés dans divers quotidiens d'actualité et revues.

D'emblée, le philosophe déplore l'évolution de l'intellectuel en France, lequel serait devenu «un histrion sans œuvre ni autorité, mais doté d'une place dans des réseaux de pouvoirs pour se maintenir dans la visibilité médiatique» (p.7). L'objet de ce livre est de comprendre les causes de cette «destitution». Se fondant sur Deleuze, l'auteur considère que la destitution des intellectuels résulte de la conjugaison de trois phénomènes. Il s'agit de «l'extension du domaine de la marchandisation aux œuvres de l'esprit» (p.18), de «l'emprise considérable des médias» (p.23) et du déclin des «institutions de production et de transmission du savoir» (p.25), i.e. les universités. Celles-ci se trouveraient, en effet, affaiblies du fait de leur «massification sans moyen correspondant pour assurer l'accueil et une formation adéquate aux étudiants» et en raison de la «tendance à soumettre l'ensemble des disciplines réflexives, historiques et critiques à des normes qui sont celles des sciences dites dures» (p.26). Cette homogénéisation irait de concert avec la généralisation d'un système d'évaluation tous azimuts mettant en péril toute innovation.

Le tableau dépeint par Yves Charles Zarka est d'autant plus préoccupant que cette destitution engagerait la totalité du monde intellectuel, le discrédit de certains retombant sur tous les autres. Ce qui est très préjudiciable, dans la mesure où «la fonction de l'autorité intellectuelle est (…) d'interpeller le pouvoir et d'éclairer ses contemporains sur des choix importants, sans usage du pouvoir» (p.34). Comme l'affirme plus loin l'universitaire, «aucun pouvoir (…) ne supporte la vérité sur lui-même. Il appartient à la nature même du pouvoir, y compris démocratique, de comporter une face cachée» (p.35). C'est la raison pour laquelle «le seul rôle légitime de l'intellectuel par rapport aux pouvoirs est la critique», car «toute autre attitude en ferait un courtisan». En effet, «on ne peut être intellectuel et conseiller du prince» (p.37).

Or, depuis trois décennies, de nombreux intellectuels «ont renoncé à l'autorité spirituelle pour les séductions du pouvoir». Précisant sa pensée, Yves Charles Zarka continue à porter l'estocade contre «cette caste» en affirmant sans ambages que, progressivement, «se sont constitués des réseaux de pouvoir reposant sur l'intérêt, la complaisance, la compromission, qui font la pluie et le beau temps dans l'espace public devenu de plus en plus médiatisé et médiatique» (p.38). Au dire de l'universitaire, à «la trahison des clercs» aurait succédé leur destitution...


Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 30/11/2010 )
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