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Histoire & Sciences sociales -> Sociologie / Economie |
| Michel Thiollière Quelle ville voulons-nous? Autrement - Acteurs de la société 2007 / 20 € - 131 ffr. / 186 pages ISBN : 978-2-7467-0960-7 FORMAT : 15,0cm x 23,0cm
Lauteur du compte rendu : Mathieu Zagrodzki est diplômé en droit privé de lUniversité Paris II et de Sciences-Po Paris. Il est actuellement doctorant au sein du Pôle Action Publique du Centre de Recherches Politiques de Sciences-Po (CEVIPOF). Imprimer
Dans la catégorie des livres dont il est difficile de synthétiser le propos tant celui-ci est confus et vague, Quelle ville voulons-nous ? occupe une place de choix. Lobjectif de louvrage et de la collection («Acteurs de la société») dans laquelle il est publié est pourtant aussi simple que louable : donner la parole à un acteur de terrain des politiques de la ville, en loccurrence le sénateur-maire de Saint-Étienne, afin quil livre au lecteur une vision concrète des problématiques urbaines et ses éventuelles solutions pour y remédier. Michel Thiollière part du constat que la moitié de lhumanité vit désormais dans des villes, que 5 milliards dindividus sur 8 habiteront en milieu urbain dans 20 ans et quil est donc urgent de placer les villes au centre du débat public. En effet, celles-ci concentrent une part importante des grands défis mondiaux daujourdhui et de demain : surpopulation, pollution, violence, pauvreté.
Jusquici, lanalyse est difficilement contestable. Malheureusement, il suffit de quelques pages au lecteur pour sapercevoir quil risque de rester sur sa faim, la suite confirmant cette intuition initiale. Les huit premiers chapitres constituent une véritable énigme, tant il est difficile de discerner le fil directeur dun ouvrage quon ne peut décrire autrement que comme un véritable fouillis danecdotes, doublé dune énumération de problèmes. Certes, certains passages sur lintercommunalité, la démocratie directe ou les partenariats public/privé dans lélaboration des politiques urbaines montrent une qualité de réflexion évidente chez lauteur. Malheureusement, ces rares passages intellectuellement stimulants ne parviennent pas à contrebalancer la platitude et la déstructuration de largumentation. Michel Thiollière passe dans un même chapitre de la désindustrialisation aux jurys citoyens imaginés par Ségolène Royal (dont il propose cependant une critique pleine de bon sens) sans que lon comprenne la logique dun tel enchaînement, multiplie les récits mâtinés dautocélébration sur sa ville de Saint-Étienne (même si lon ne peut évidemment pas lui reprocher de parler de son action de maire dans un livre dont cest précisément le but), avant denfoncer quelques portes ouvertes en expliquant quil y a des pauvres, de la violence et de la pollution dans les villes, sans toutefois proposer quoi que ce soit de concret pour y remédier. Pour ne rien gâcher, le tout est ponctué denvolées lyriques et dexclamations qui ne manqueront pas den agacer plus dun.
Arrivé au 9ème et dernier chapitre, le lecteur courageux et optimiste se dit que leffort en valait la peine : lédile nous propose enfin ses solutions pour vivre mieux dans les villes. Là aussi, le sentiment est mitigé. Pour une ou deux propositions sensées (coproduction des politiques de la ville entre secteur public et secteur privé, changement du mode de désignation des élus communautaires), Michel Thiollière nous sert une litanie didées navigant entre irréalisme (créer un Sénat européen ou une force de lONU pour les villes) et démagogie la plus absolue (organiser plus de fêtes, conformément à une conception de la politique déjà en vigueur à la mairie de Paris). Les mauvaises langues diront que les hommes politiques ne changeront jamais.
Mathieu Zagrodzki ( Mis en ligne le 20/09/2007 ) Imprimer
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