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Un beau voyage, une édition décevante
Marco Polo   Le Devisement du monde - Le Livre des merveilles. Tome 1
La Découverte - Poche 2005 /  8.40 € - 55.02 ffr. / 268 pages
ISBN : 2-7071-4354-5
FORMAT : 13x19 cm

Voir aussi :
Marco Polo, Le Devisement du monde. Le livre des merveilles. Tome 2, La Découverte, mars 2005, 554p., 8.40 €, 13x19 cm, ISBN : 2-7071-4355-3.

L'auteur du compte rendu, David-Jonathan Benrubi, élève à l'École des chartes, président de l'Association historique des élèves du lycée Henri IV, poursuit, sous la direction de MM. Bruno Laurioux et Michel Pastoureau, des recherches sur les représentations des banquets au Moyen Age.

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"La présente édition reprend intégralement celle publiée en 1980 dans la collection La Découverte des éditions François Maspero», lit-on en page 4 du présent ouvrage. Et c’est regrettable, car ladite édition proposait un texte établi en 1955 ! Même l’introduction de 1980, par Stéphane Yerasimos, n’a pas été revue… Bref, il semble bien que la disparition des éditions Maspero est la seule raison de parler d’«édition» et non de «reprint»…

A l’évidence, s'inscrire dans le champs scientifique n’est nullement l’objet de cette publication : l’introduction ne propose aucune tradition textuelle, aucune considération sur les choix philologiques et traductologiques ; les notes, a fortiori, n’indiquent pas les variantes. Les étudiants se reporteront aux nombreuses autres éditions du texte. Nous ne commenterons donc ni l’établissement du texte ni sa traduction. La question reste de savoir si ces deux volumes peuvent intéresser le grand public.

L’introduction, de fait, n’est pas inintéressante. En une généreuse vingtaine de pages, après quelques rappels historiques sur le siècle de saint Louis, de Genghis Khan et de la suprématie commerciale vénitienne, elle fournit quelques réflexions sur les méthodes historique et ethnographique de Marco Polo.

Jusqu’à la seconde moitié du XIIIe siècle au moins, la puissance économique et financière de Venise en fait un «fer de lance» de l’Europe croisée. En effet, les marchants vénitiens profitent, surtout depuis 1204, de la guerre sainte chrétienne pour asseoir leur domination sur les circuits commerciaux. Mais au XIIIe siècle, l’Islam reprend le dessus, ce qui provoque, ou aurait provoqué, des sentiments de peur dans l’Europe chrétienne. Or vers 1250, celle-ci commence à entendre parler des Mongols, et, sur fond de vieilles croyances eschatologiques, l’idée émerge que Genghis Khan, païen donc chrétien potentiel, est l’annonciateur de l’Apocalypse. C’est alors que Louis IX envoie au Grand Khan des ambassades, qui ne sont pas couronnées de succès.

Mafeo et Marco Polo le Vieux sont des marchands vénitiens qui font affaire sur les marches de l’Empire latin de Constantinople, qui est sous forte influence vénitienne. Mais, en 1261, la situation change : derrière Michel Paléologue, les Génois, grands rivaux des Vénitiens, reprennent Constantinople. Les frères Polo sont alors obligés de fuir, et ils ne peuvent fuir que vers l’Est. Aléas du destin ? Ils se retrouvent ambassadeurs auprès de Koubilai Khan, le nouveau chef des Mongols, chargés de solliciter du pape l’envoi d’une centaine de théologiens, afin d’instruire les élites mongoles. De retour à Rome en 1269, ils ne trouvent auprès de l’autorité pontificale qu’un enthousiasme très mitigé. Ils décident néanmoins, en 1272 (chronologie sujette à caution), de repartir en Orient, en emmenant cette fois dans leurs bagages leur jeune neveu : Marco Polo le Jeune. Les trois Polo ne reviendront en Occident qu’un quart de siècle plus tard, après avoir parcouru la Chine, la Mongolie, l’Inde, Ceylan... Le texte de la relation est rédigé en prison par Marco Polo le Jeune à partir de 1298, alors que peu de temps après le retour des Polo à Venise, il a été capturé par les Génois.

Il n’est pas besoin de s’étendre sur l’immense intérêt du texte de Marco Polo : ses observations géographiques et «ethnographiques» en font un des grands moments de l’histoire des récits de voyage. En revanche, qui n’en a pas parcouru quelques pages ne peut probablement pas deviner que sa lecture en est aussi savoureuse qu’instructive, tant les siècles sont venus s’ajouter à l’espace et son lointain pour conférer aux villes (Caracorum), personnages (le Khan, le Vieux de la Montagne) et croyances décrits une formidable aura d’exotisme.

Bref, le texte est à lire. Matériellement, le livre présente les qualités esthétiques de sa collection. Editorialement, il lui manque jusqu’à une très élémentaire et regrettée liste des têtes de chapitre qui aurait permis au lecteur de se reporter aisément à tel ou tel passage. Pour ce prix là (deux volumes !), on eût au moins apprécié un titre courant.


David-Jonathan Benrubi
( Mis en ligne le 27/05/2005 )
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