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Vérité, raison et intérêt…
Thomas Jefferson   Ecrits politiques
Les Belles Lettres - Bibliothèque classique de la liberté 2006 /  21 € - 137.55 ffr. / 230 pages
ISBN : 2-251-39042-1
FORMAT : 13,5cm x 21,0cm

Préface de Jean-Philippe Feldman.

Traduction de Gérard Dréan.

L'auteur du compte rendu: Guy Dreux est professeur certifié de Sciences Economiques et Sociales en région parisienne (92). Il est titulaire d'un DEA de sciences politiques sur le retour de l'URSS d'André Gide.

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L'essoufflement supposé du modèle républicain, le processus de construction européenne ou le nécessaire renouvellement des curiosités philosophiques sont autant d'éléments qui participent à l'engouement pour l'histoire américaine et sa révolution. Une histoire qui est aussi une histoire intellectuelle.

Thomas Jefferson, souvent appelé le "père de la déclaration d'indépendance" de 1776, fut le troisième Président des Etats-Unis, entre 1801 et 1809 (le premier à s'installer à Washington). Célèbre par sa rédaction de la Déclaration de juillet 1776, il y affirme trois "droits inhérents et inaliénables" : la vie, la liberté et la recherche du bonheur, ce dernier point remplaçant la notion de propriété. Mais il fut aussi un exploitant agricole, un lecteur de Montesquieu et de Hume, un francophile (il est présent en France en 1789) : ce sont ces différentes facettes qui sont rendues sensibles à travers ce judicieux florilège d'articles, de lettres et de discours. Différentes facettes qui ne sont pas sans signaler quelques contradictions ou, selon l'expression du préfacier Jean-Philippe Feldman, quelques "parts d'ombre" : car si "Jefferson appartient indiscutablement aux Lumières […] ces Lumières sont parfois ternies par des inconséquences qui ne sauraient être passées sous silence".

Sur la question de l'esclavage, si Jefferson peut employer l'expression d'"exécrable commerce", il se montre parfois plus compréhensif, quoique réprobateur. Dans une lettre de 1814, par exemple, tout en affirmant que "l'heure de l'émancipation approche", il insiste en effet sur les habitudes et "le cours tranquille et monotone de la vie coloniale", qui rendent difficile l'œuvre d'émancipation. Cette thématique des "habitudes" est à plusieurs reprises employée pour définir une série d'incapacités. Les esclaves ont contracté des "habitudes" qui les rendent peu à même d'user de leur liberté. De même, les mauvaises habitudes sont invoquées pour expliquer l'indolence et l'incapacité des autres populations présentes sur le sol américain pour conduire une vie raisonnable. Les efforts pour les éclairer sur le destin "qui attend le cours actuel de leur vie" se heurte en effet aux "habitudes de leurs corps, [à] l'ignorance [et à] la fierté."

Parmi les aspects plus "positifs" de cette pensée, on pourra retenir l'attitude de Jefferson face à la Grande-Bretagne ou ses considérations sur la propriété. L'affirmation des "droits de l'Amérique britannique" (1774) donne lieu à un texte particulièrement percutant et offensif, dont le style témoigne amplement de la détermination de Jefferson. Car il s'agit bien d'une affirmation que porte ce "présent discours commun [des Etats d'Amériques], écrit dans le langage de la vérité, et dénué de ces expressions de servilité qui pourraient persuader sa Majesté que nous demandons des faveurs et non des droits" (p.36). La question de la propriété donne l'occasion à Jefferson d'exposer un point de vue qui pourrait surprendre. Il entend, en effet, limiter la propriété par la possibilité de tous à pouvoir subvenir à ses propres besoins. "Chaque fois qu'il y a dans un pays des terres non cultivées et des pauvres sans emploi, il est clair que les lois sur la propriété ont été étendues jusqu'au point où elles violent le droit naturel. La Terre est donnée comme un fond commun pour que l'homme y travaille et en vive. Si pour encourager l'industrie nous permettons son appropriation, nous devons prendre soin qu'un autre emploi soit offert à ceux qui sont exclus de cette appropriation. Si nous ne le faisons pas, le droit fondamental à travailler la terre revient aux sans-emploi" (pp.93-94).

Bien entendu, ce ne sont là que quelques éléments de cet ouvrage. On lira aussi avec intérêt les considérations sur la limitation du pouvoir fédéral (p.120) ou celles sur la limitation des dépenses et de l'endettement de l'Etat (p.112) ; Jefferson propose à ce sujet une règle de calcul à partir des tables de mortalité pour que l'endettement d'une génération ne puisse jamais peser sur la vie et l'activité de la génération suivante.

A travers ces différents écrits, on perçoit chez Jefferson l'ambition de ne pas seulement parler des Etats-Unis, mais aussi de fournir les contours de ce que peut être l'idée américaine. C'est assez sensible lorsqu'il évoque l'extension de l'union à la Louisiane : "nous ne devons pas douter que la vérité, la raison, et leurs propres intérêts [il s'agit de ceux qui ne se sont pas encore ralliés à l'Union], finiront par prévaloir [contre l'ignorance et la coutume]" (p.156).


Guy Dreux
( Mis en ligne le 04/07/2006 )
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