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Dernier témoin du Bunker
Bernd Freiherr Freytag von Loringhoven   François d' Alançon   Dans le bunker de Hitler - 23 juillet 1944 - 29 avril 1945
Perrin - Tempus 2006 /  8.50 € - 55.68 ffr. / 217 pages
ISBN : 2-262-02478-2
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

L'auteur du compte rendu : agrégé d’histoire, Nicolas Plagne est un ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure. Il a fait des études d’histoire et de philosophie. Après avoir été assistant à l’Institut national des langues et civilisations orientales, il enseigne dans un lycée de la région rouennaise et finit de rédiger une thèse consacrée à l’histoire des polémiques autour des origines de l’Etat russe.
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Né en 1914, Bern F. von Loringhoven est issu d’une famille de l’aristocratie allemande (descendants de la chevalerie teutonique des pays baltes, servant la Prusse et l’empire russe, mais aussi alliée à la noblesse française de Champagne). Le jeune homme de 20 ans choisit en 1934 le métier d’officier dans la Reichswehr, suivant la tradition de son milieu. L’armée de la république de Weimar, jamais républicaine de cœur, va bientôt prendre le nom de «Wehrmacht» et compte sur le nouveau chancelier nationaliste Hitler pour lui rendre son prestige et ses moyens. Déchirer le Diktat du traité de Versailles, rendre à l’armée son rang dans la société et mener une politique de souveraineté renouant avec la tradition de l’empire, c’est la condition de l’alliance des chefs militaires avec le gouvernement nazi, une fois le Maréchal-Président Hindenburg mort, pour laisser écarter les conservateurs classiques du cabinet ministériel et faire de Hitler le nouveau Chef de l’Etat. Dès le début de sa carrière, l’aspirant doit prêter serment au «chancelier et Führer du Reich», un acte qui coûte aux vieux officiers qui souvent méprisent les parvenus du NSDAP, mais qui semble une formalité sans conséquence à Loringhoven et à ses camarades. Ce serment personnel sera pourtant la source d’un blocage psychologique dans l’armée à l’égard de tout complot contre le régime. Loringhoven le constatera de près en 1944 ! Dans l’immédiat, l’armée se modernise, se motorise en 1935, et gonfle ses effectifs.

Surpris par la déclaration de guerre, Loringhoven fait la campagne de Pologne (un baptême du feu redouté qui s’avère d’une surprenante facilité), puis celle de France (la Drôle de guerre et la Blitzkrieg, là encore déjouent ses attentes d’hécatombes et de tranchées). En juin 41, il participe à l’opération Barbarossa d’invasion de l’URSS, mais l’échec du plan d’écrasement devant Moscou le fait douter dès l’hiver 41 de la victoire finale. En 42, il se trouve dans la nasse de Stalingrad et un ordre de mission providentiel de janvier 43 lui permet de quitter en avion l’armée de Paulus juste avant la capitulation. S’il a entendu des bruits de pogroms et a vu un officier en stopper un, il dit avoir ignoré la mission d’extermination des unités spéciales SS. C'est assez étonnant car les massacres (pas seulement de Juifs)ont été nombreux et de grande ampleur à l'est, et la population locale s'en apercevait. De plus, la rumeur des exterminations est arrivée en Allemagne par le témoignage de militaires choqués. Sur ce plan, Loringhoven n'est donc pas un témoin. Cela explique-t-il son manque de motivation pour entrer dans la conjuration contre Hitler à son retour? On sait d'autre part, que les anciens de la Wehrmacht ont insisté sur l'innocence de l'armée dans les masacres de civils, sujet toujours polémique dans la mémoire allemande. Quoi qu'il en soit, il est affecté en Russie du sud au printemps 43 et assiste au recul de la Wehrmacht.

C’est alors qu’il se trouve attaché en avril 44 à l’état-major du Führer en Prusse orientale grâce à ses relations avec le colonel von Kielmannsegg, dont il devient l’assistant. C’est là qu’il apprend en juin le débarquement de Normandie, puis l’attentat de juillet et la tentative avortée de putsch militaire de Stauffenberg. Il manque d’être exécuté, car son cousin est impliqué. Loringhoven connaissait l’existence du complot mais pas les détails ni le calendrier. Il réussira à faire enterrer religieusement son cousin suicidé dans un climat de terreur et de menaces de répression sur les familles des conjurés. Interrogé par Guderian, il jure n’avoir rien su et bénéficie de la protection du général, mais il retrouvera plus tard son dossier avec des annotations sceptiques sur sa complète ignorance des activités de son cousin. Paradoxalement il est alors nommé auprès de Hitler dans les derniers mois de la guerre et assiste quotidiennement aux réunions de situation militaire. Il suit Hitler dans le Bunker de la chancellerie de Berlin dont il sort en avril 45 à la veille de la capitulation.

Son récit dépourvu de dramatisation superflue décrit une paralysie entrecoupée d’espoirs – «les armes secrètes», l’offensive des Ardennes, l’armée Wenck de la dernière chance pour sauver Berlin – jusqu’à la prise de conscience de l’inévitable défaite. On trouvera dans ses souvenirs des portraits sur le vif des figures principales de l’entourage et notamment de la psychologie du dernier Hitler, entre exaltations, déprimes et crises de rage vengeresse.

Capturé, il échoue dans un camp britannique où il subit le sort de nombreux prisonniers de guerre allemands soupçonnés de nazisme, doute alimenté dans son cas par sa présence dans le bunker. Il en sort grâce à l’aide du futur historien Trevor-Roper, alors agent de renseignement. Après la guerre, il poursuit sa carrière dans la Bundeswehr de la RFA dont il devient chef d’état-major adjoint au début des années 70.

L’ouvrage se lit facilement, comporte un glossaire des sigles de la Wehrmacht, un index et une carte de Berlin en 45.


Nicolas Plagne
( Mis en ligne le 23/08/2006 )
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