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Chroniques de la gravité
Alain Finkielkraut   La Seule exactitude
Gallimard - Folio 2016 /  7,70 € - 50.44 ffr. / 327 pages
ISBN : 978-2-07-079279-5
FORMAT : 10,8 cm × 17,8 cm
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La France est prise dans un débat qui a surgi dès 1968 mais qui s’est aggravé depuis une quinzaine d’années. Le pays est en train de se séparer en deux clans. D’un côté, pour simplifier, les progressistes marchant au son des cloches des droits de l’Homme, de l’antiracisme et du libéralisme forcené ; de l’autre, les sceptiques dont les références se basent sur des principes de fermeté, de tradition et de culture. Péguy contre Bourdieu, dirait Alain Finkielkraut (né en 1949) qui fait partie du second groupe, celui qui s’oppose de manière frontale et rhétorique à l’atmosphère ambiante, à l’époque actuelle telle qu’elle est orchestrée par nos dirigeants, à cet «Empire du Bien» tel que le définissait Philippe Muray. A lire ces chroniques produites sur la période 2013-2015, le lecteur s’aperçoit que notre système politique et social tend vers le tragique plutôt que vers la paix sociale.

Si le titre, emprunté à Charles Peguy, est quelque peu présomptueux, ces chroniques suivant l’actualité de ces deux dernières années sont à la fois pédagogiques, instructives quoique polémiques. Même s'il s'agit de textes idéologiques parfois trop marqués ou non exempts d’erreurs d’interprétation, rendons hommage à un homme qui nous parle de culture, de savoir, de profondeur existentielle et dont les références empruntées à la littérature permettent une élévation et non un recul de l’esprit humain. L'auteur remet en cause dans ces pages une époque où la bassesse, la démagogie et la superficialité des différents pouvoirs (politiques, médiatiques et religieux) font froid dans le dos.

Les thèmes se suivent et se ressemblent dans un climat non pas nauséabond mais délétère : l’identité nationale, l’immigration massive, l’islamisation de la France, la déroute de l’école républicaine, l’abêtissement de la société, la compromission capitaliste, la marchandisation de la culture, le pouvoir médiatique, la question juive, l’antisémitisme, la Shoah, l’extrême droite française, la littérature contemporaine, les attentats, etc.

Ces analyses, souvent fines et justes, à travers le genre de la chronique brève, posent la question anthropologique, soulevée déjà par Muray et avant lui Pasolini, d'une société passée «après l’Histoire» et compromise définitivement avec la médiocrité et le laxisme afin de tout déconstruire au nom d’un libéralisme endémique. La société que nous vivons n’est pas une fatalité ; elle est orchestrée par une classe dominante soucieuse d’écraser ce qui reste du passé en Occident (un passé qu’on sait utiliser lorsque cela arrange les gouvernants, notamment avec la Shoah).

Mais en dénonçant l’idéologie ambiante, Finkielkraut y participe aussi quand il met en avant, alors que la question ne se pose pas forcément, son identité juive, et qu'il prend souvent partie pour sa communauté. Même si le philosophe fait très attention de ne pas froisser telle religion en choisissant expressément ses termes, il est souvent curieux de lire que la France est un pays antisémite alors même que les actes antisémites (exceptés les attentats islamistes, certes meurtriers) ne sont pas si fréquents (pas plus que les actes racistes) et que de revenir sans cesse (y compris en parlant de la Shoah) sur son identité juive ne fait qu’envenimer un débat redondant sur ces questions.

Toujours est-il que ces écrits sont indispensables et décrivent une époque tragique (tragi-comiques aussi) où la violence des actes est annihilée par la collaboration au système froid et implacable de l’économie libérale. La réalité est violente et brutale mais le discours est aseptisé par la classe dominante qui prône à la fois l’indifférenciation, la tolérance, la liberté (tout en condamnant toute critique faite à ce système, crtique dans laquelle s'inscrit Finkielkraut). C’est ce monde, totalement inconsistant et brutal, que nous décrit au travers de l’actualité l’essayiste, s'inscrivant dans une traditions d'écrivains remontant au siècle dernier. Peut-être aussi l’expression d'une nostalgie pour une époque révolue mais encore proche.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 12/10/2016 )
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