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Croqués
Patrick Besson   La Présidentielle
Grasset 2012 /  17 € - 111.35 ffr. / 222 pages
ISBN : 978-2-246-70961-9
FORMAT : 13,0 cm × 20,5 cm
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Écrivain caustique, chroniqueur caustique au Point, Patrick Besson se devait d’être un électeur caustique autant qu’un pasticheur caustique. La Présidentielle est sa contribution à l’élection 2012 ainsi qu’au débat. L’ouvrage se présente sous la forme d’un recueil de petits portraits de candidats (ou de non-candidats… DSK) «à la manière de», des portraits de quelques pages, publiés naguère sur le site du Point et aujourd’hui réunis en volume.

Le défi est amusant, le résultat est assez drôle, enlevé et donc réussi. Tous les grands auteurs sont rassemblés sous la plume d’un Besson qui fait là, timidement, son coming out de lecteur. De Kundera à Simenon, de Tolstoï à Céline, on a quelques grands noms… mais le Besson est facétieux, et s’attaque également à d’autres monstres sacrés plus inattendus, comme Bruel, Gérard de Villiers ou Juliette Benzoni. Le charme de chaque pastiche est de se couler dans un personnage ou une situation : Perec et sa «disparition» se retrouvent à pleurer la perte du triple A, Marguerite Duras converse avec Bayrou («François») et évoque un improbable centre, essentiel et flou, Carla joue aux princesses de l’Elysée, Poutou fait mourir d’ennui San A., Villepin navigue dans le monde, Tapie nage dans ses millions retrouvés dans un cagibi avec la bénédiction de l’Etat, le prince Malko prend un cours d’homosexualité pour sauver l’UMP, Eva Joly se mue en soubrette du «divin marquis», DSK joue à l’Étranger camusien et ne réagit pas, Yann Moix péguyse et bayrouise, etc.

On trouve de tout dans ce volume, autant de pastiches assez drôles, conçus avec une jubilation manifeste et beaucoup d’application, des clins d’œil au milieu littéraire et germanopratin, des hommages amusés à quelques grandes plumes ou des piques sévères à d’autres auteurs au registre différent. Et le lecteur erre avec plaisir dans cette bibliothèque, croisant quelques styles connus et appréciés, en découvrant d’autres. Alors pourquoi lire ce livre ? L’ensemble constitue un beau contrepoint à la présidentielle ou un ironique repos du guerrier (et de l’électeur) avant la fin des législatives. Après Les Chroniques du règne de Nicolas Ier, l’avenir du pastiche politique semble établi et le cru 2012 de Patrick Besson, des plus frappés.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 11/06/2012 )
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