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Un discours objectif et réaliste | | | Eirick Prairat La Sanction en éducation PUF - "Que sais-je ?" 2003 / 7.50 € - 49.13 ffr. / 127 pages ISBN : 2-13-053556-9 FORMAT : 11x18 cm
L'auteur du compte rendu : après des études en mathématiques pures, Stéfan Philippot enseigne actuellement dans un collège classé ZEP. Cest un établissement dans lequel un plan contre la violence a été mis en place ; il sagit en outre dun poste à exigence particulière de type PEP IV. Imprimer
Dès lintroduction Eirick Prairat pose une question fondamentale : comment sanctionner quand on a le sentiment que la sanction est laveu dun échec éducatif? Il apporte immédiatement une réponse valable : il ny a pas déducation sans sanction. «Le problème nest donc plus aujourdhui de savoir sil faut ou non sanctionner mais de savoir comment sy prendre pour responsabiliser un sujet en devenir.»
Afin dapporter des réponses concrètes à cet épineux problème, lauteur retrace lhistoire des pratiques éducatives des familles et de linstitution scolaire en sattardant sur les châtiments corporels. Il ne défend pas ces pratiques non seulement stériles mais conduisant aussi parfois à la maltraitance. Afin de proposer une alternative, il nous invite alors à explorer quelques grandes pensées éducatives. Quont dit les philosophes, les psychanalystes et les pédagogues sur cette question ? La partie la plus intéressante et la plus novatrice de lessai concerne cependant les propositions de lauteur qui veut montrer que la sanction peut être pensée dans un horizon de socialisation et dautonomisation du sujet.
Selon lui, pour être éducative, une sanction doit poursuivre un but triple. Tout dabord, elle doit viser un fin éthique car, explique-t-il, «la sanction rend possible en lenfant lémergence de sa responsabilité subjective». Il ne sagit pas dattendre de lui quil soit responsable a priori mais dagir par la sanction afin quil le devienne. Dautre part, la sanction doit sexercer dans un but politique au sens où elle «vise à rappeler la primauté de la loi et la prééminence des adultes». Enfin, pour que la sanction soit éducative, elle doit comporter une dimension sociale ou prophylactique, comme coup darrêt à des pratiques prohibées. Sans elle «lenfant peut-être amené à persévérer, à aller plus loin».
Ensuite, pour quune sanction garde ces vertus éducatives, lauteur nous rappelle quelle doit rester individuelle. «La sanction collective est néfaste au plus haut degré, elle fait payer des innocents pour des coupables, elle détruit lautorité du maître qui, en lutilisant, démontre en fait son impuissance à pratiquer la justice».
Lenseignant se mettra alors à regretter que les formations en IUFM ne donnent pas systématiquement de si bons conseils dans des approches à la fois originales et applicables sur le terrain ! Lorsquune sanction est donnée, il convient de faire un effort de pédagogie pour en expliquer les raisons. Quoi quil arrive, ce nest ni le maître ni lélève qui aura le dernier mot, mais la loi.
Lauteur prend le risque de proposer une réflexion sur des pratiques pédagogiques ayant cours dans certains établissements : la réparation et lexclusion. Pour la première, réparer cest compenser ou dédommager. La réparation peut être directe et matérielle. Ce qui importe dans cette action, cest que réparer «implique un double mouvement : vers lautre et vers soi, et ce pour-soi nest peut-être rien dautre que le désir de se pardonner à soi-même». Lexclusion est une forme punitive plutôt prisée par la tradition éducative, comme nous le rappelle lauteur. Est-elle à proscrire ? Elle est efficace lorsquelle fait sentir au transgresseur que «tout manquement à la règle entraîne pour lui un commencement de désocialisation». Elle nest cependant pas la solution miracle car elle peut renforcer les causes qui ont déterminé lattitude anti-sociale. Tout est question dappréciation. Le principe dexclusion peut-être amélioré, comme lont fait les anglo-saxons avec leur procédure d «exclusion-inclusion» qui consiste à «exclure les élèves des activités communes tout en les gardant au sein de létablissement». Cette approche repose sur lidée que lexclusion ne doit pas être un temps vide.
Dans cet ouvrage, lauteur pose des questions cruciales et tente courageusement dy apporter des réponses censées. Il fait de la sanction une mesure éducative mais nécessaire, loin des idées reçues sur lenseignant tortionnaire ou, au contraire, sur lenseignant laxiste. Car le professeur, visant lobjectif de socialisation de ses élèves, est aussi là pour faire appliquer les règles et bien souvent la loi. Cest une des ses missions fondamentales.
Stéfan Philippot ( Mis en ligne le 10/12/2003 ) Imprimer
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