|
Essais & documents -> Questions de société et d'actualité |
| |
Contre-enquête sur trois assassinats | | | François Santoni Contre-enquête sur trois assassinats - Erignac, Rossi, Fratacci Denoël 2001 / 13.59 € - 89.01 ffr. / 171 pages ISBN : 2.207.25235.3 Imprimer
L’adage "qui a vécu par le glaive périra par la glaive" s’est vérifié, dans la nuit du 16 au 17 août dernier, avec l'assassinat, sur ses terres, de François Santoni. Plus connu sous le nom de L’Iguane, cet ancien leader nationaliste, tête pensante du FLNC puis d’A Cuncolta, était devenu l’homme à abattre après le meurtre de son frère d’armes Jean-Michel Rossi et du garde du corps Jean-Claude Fratacci.
Co-auteur avec Rossi de Pour solde de tout compte, dont cette Contre-enquête constitue l’épilogue, Santoni a décidé de faire connaître sa vérité. En rupture de ban avec le milieu nationaliste, il dénonce la "dérive affairiste" des combattants de la première heure, démonte les rouages d'un double assassinat commandité et longuement préparé et, dans la foulée, enquête sur celui du préfet Claude Erignac.
Ce que ces contre-enquêtes révèlent est affligeant. Elles mettent au jour les vieux démons du nationalisme corse, en proie à l’affairisme, rongé par le milieu varois, noyauté par des intérêts pétroliers dont l’ombre plane sur l’île de Beauté. Le tableau des dysfonctionnements des institutions françaises n'est guère plus réjouissant. Aux luttes intestines entre les différents services de police (DNAT, RG), la gendarmerie et les magistrats anti-terroristes parisiens s'ajoute la prééminence, à chaque étape des instructions, du politique sur le judiciaire - il faut plaire avant tout au pouvoir… Santoni accuse aussi le pouvoir exécutif, en particulier le Premier Ministre dont il pointe du doigt le double langage. Pour Santoni, Jospin est "coincé" car les négociateurs corses des Accords de Matignon sont complices de l’assassinat d’Erignac. La conclusion ? Elle est aussi simple que choquante : la raison d’Etat justifie toutes les entorses faites à la justice.
Ce bref réquisitoire laisse en suspens quelques questions cruciales : que veulent les contestataires corses ? L’indépendance, l’autonomie, le pouvoir, la reconnaissance de droits bafoués par la République jacobine ? Et qui sont-ils ? Des voyous, des affairistes, des militants du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, des représentants de clans, ou tout cela à la fois ? Que signifient, enfin, les Accords de Matignon, et comment la République peut-elle régler l'épineux problème corse ? L'auteur n'est désormais plus en mesure d'apporter des réponses, mais son témoignage ouvre de brûlantes pistes de réflexion...
Vianney Delourme ( Mis en ligne le 17/09/2001 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:A vous de juger de Bernard Bonnet | | |
|
|
|
|