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La faute à Descartes
Gabrielle Halpern   Tous centaures ! - Eloge de l'hybridation
Le Pommier 2020 /  17 € - 111.35 ffr. / 184 pages
ISBN : 978-2-7465-1923-7
FORMAT : 13,5 cm × 20,0 cm
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Docteure en philosophie, avec une thèse sur l'hybridité, Gabrielle Halpern vient également du monde de l'entreprise et du coaching. Elle propose ici un essai résumant son travail en histoire des idées : une critique du rationalisme appuyant une promotion de l'hybridité.

La figure mythologique du centaure, être hybride par excellence, dual, inquiétant, sert de métaphore aux mutations sociales, économiques, ontologiques même, que l'auteure remarque dans notre époque et rappelle dans cet essai. Où un téléphone n'est plus du tout un téléphone, une gare autre chose qu'une gare, où le travail se réorganise vers plus de flexibilité et de pluridisciplinarité, la politique se dépolarise, et les identités se recomposent.

Or l'hybridité inquiète car, par essence, elle désarme toute volonté de catégorisation. Gabrielle Halpern remonte alors le temps, jusqu'à Aristote, pour expliquer combien un besoin de contrôle, de définition et de classement a accompagné la construction de la civilisation occidentale, et de notre modernité. A Aristote, Platon, Descartes et bien d'autres penseurs qu'elle présente ici, l'auteure préfère les monstres poétiques d'un tableau de Jérôme Bosch. Soit. On peut remarquer ici que l'un n'empêche pas l'autre, dans un rapport dialectique d'ailleurs toujours fécond. On peut être fasciné par "Le Jardin des Délices" sans lâcher complètement la bride de la Raison.

Le procès fait au rationalisme apparaît ainsi comme insuffisant et l'on aurait aimé que l'auteure étoffe plus et mieux ses arguments et ses exemples. Par ailleurs, l'éloge de l'hybridation et de la flexibilité, s'il est sain à maints égards (un brillant antidote contre le racisme, l'homophobie, la transphobie et tout rejet de ceux qui, justement, n'entrent pas dans la définition d'une norme), aurait pu être nuancé aussi, tant pour signaler les excès d'une hybridation qui conduirait inévitablement à l'anarchie et au nihilisme, que pour rappeler les bienfait du rationalisme, de ce besoin de dire le réel (certes, en le simplifiant). "Le sommeil de la raison engendre des monstres", peut-on lire sur le célèbre "capricho" de Goya. Quant au monde du travail, maints témoignages et essais sociologiques ou économiques ont montré combien l'hybridation et la flexibilité peuvent aussi féconder des monstres terribles.

Quid de la définition, rationnelle toujours, des protocoles et méthodes de contrôle (notamment, dans le secteur de l'entreprise, celui de la gestion et de la vérification de la qualité) ? Gabrielle Halpern rappelle aussi combien est harmonique la combinaison des sons rassemblés au sein d'un orchestre... en oubliant qu'il n'y a rien d'hybride ici et que cette harmonie n'est possible que par la tyrannie absolue d'une partition et d'un chef d'orchestre... selon des procédés hautement rationnels donc.

L'essai, chez un éditeur réputé pour son travail de vulgarisation, manque hélas de profondeur d'analyse, malgré une intuition fort intéressante autour de cette figure du Centaure.


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 17/02/2020 )
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