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D'Oedipe au 11 septembre : une histoire de la violence et du sacrifice
René Girard   Maria Stella Barberi   Celui par qui le scandale arrive
Desclée de Brouwer 2001 /  18.93 € - 123.99 ffr. / 193 pages
ISBN : 2-220-05011-4
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A l’heure où la terreur se mondialise, l’interrogation de René Girard trouve un écho particulier : « Pourquoi tant de violence autour de nous ? C’est la question la plus débattue de nos jours, et celle qui suscite les réponses les plus décevantes. » Et plus loin, il ajoute : « En dehors des grandes images mythiques qui ressurgissent, les mots manquent pour dire ou décrire ce qui risque de nous submerger. » Face à cette diffusion quasi endémique de la violence, dont on découvre par ailleurs à quel point elle est moderne (à savoir : télégénique), les grilles de lecture des grandes idéologies semblent impuissantes, et l’explication rationnelle, à la peine. Et l’on pense aux interrogations angoissées des nord-américains après les attentats du 11 septembre : « Pourquoi ces gens nous haïssent-ils donc? »

D’emblée, René Girard donne la clef de cette haine : la rivalité mimétique. La violence n’est ni politique, ni biologique, avance-t-il, mais « mimétique ». L’étude de ce concept (?), ou du moins de cette intuition, devrait permettre de «repenser l’anthropologie en fonction [de la violence] », et plus encore, de « faire de cette violence une nouvelle rampe de lancement pour l’étude du religieux », c’est à dire de ce qui relie les communautés humaines.

Comme fondement de toute étude de l’homme, le penseur nous suggère donc le prisme de « l’envie, la jalousie et la haine impuissante », qu’il appelle encore « désir triangulaire », « mimétisme », etc. Cette intuition géniale lui est venue par la lecture. Stendhal, Shakespeare, Cervantès, Flaubert... ne racontent ils pas la tragédie de l’imitation, de la jalousie et de la violence qui en découle ? « Nous nous croyons libres (...) Illusion romantique! En réalité nous ne choisissons que des objets désirés par l’autre », annonçait René Girard en exergue de son Mensonge romantique, vérité romanesque paru en 1961. Et de ce désir naît la violence, qui ne peut être évacuée que par la mise à mort d’un bouc émissaire, porteur symbolique des maux de la société. Ce sacrifice permet de recréer l’unanimité ou le consensus dans des communautés humaines sans cesse soumises aux tensions de la rivalité mimétique.

C’est en lisant le Nouveau Testament et Saint Jean de la Croix que René Girard découvre les « origines cachées des institutions humaines ». Les textes bibliques et évangéliques lui dévoilent la théorie mimétique. Car c’est cela, le scandale des Évangiles : donner la parole aux victimes et annoncer que le Christ est mort innocent sur la Croix. Pour la première fois, le bouc émissaire n’est plus un coupable ! Par ce renversement, cette révélation, l’innocence des bourreaux devient impossible.

On retrouve dans ce livre l’essentiel des idées que René Girard professe depuis plusieurs dizaines d'années et leur évolution, notamment depuis sa dernière série d’entretiens, réalisée en 1996 (Quand ces choses commenceront) est à peine perceptible. Le converti qu’il est annonce néanmoins glisser de plus en plus vers les canons de la théologie, se rapprocher de l’Église catholique, apostolique et romaine. On trouvera également une lecture critique de Freud et de Lévi-Strauss, deux des pères de la pensée contemporaine, dans la perspective girardienne d’une re-fondation - pas moins - de l’anthropologie. Et peut-être dans l’idée de sa réconciliation avec la théologie?

Dans tous les cas, amateurs de René Girard comme nouveaux venus à sa pensée trouveront dans ce livre la réflexion stimulante de l’un des esprits les plus forts de notre époque - la preuve que des idées, pour être simples, peuvent être puissantes et aller chercher la vérité au-delà de l’apparence.


Vianney Delourme
( Mis en ligne le 03/01/2002 )
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