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De l’art de faire échouer une réforme
Sebastian Roché   Police de proximité - Nos politiques de sécurité
Seuil 2005 /  22 € - 144.1 ffr. / 305 pages
ISBN : 2-02-063717-0
FORMAT : 14,5cm x 22,0cm

L'auteur du compte rendu : Diplômé de l’université Paris II en droit privé et de Sciences-Po Paris, Mathieu Zagrodzki est doctorant en politiques publiques et travaille sur les réformes policières à Paris, Varsovie et Los Angeles au sein du Centre de Recherches Politiques de Sciences-Po (CEVIPOF). Il prépare actuellement un livre, à paraître aux Presses de Sciences-Po, sur les polices de Los Angeles et de New York.
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La sécurité est devenue un enjeu politique central en France. Partant de ce constat démontré de la plus spectaculaire des façons lors des échéances électorales de 2002, Sébastian Roché, responsable du pôle sécurité et société de l’IEP de Grenoble et dont les premiers travaux sur le sentiment d’insécurité remontent au début des années 90, raconte ce que l’on pourrait appeler la carrière politique de la police de proximité, de sa création par la gauche plurielle à son enterrement par Nicolas Sarkozy. L’auteur montre comment une réforme présentée comme prioritaire peut échouer par le jeu de des erreurs politiques et de la mauvaise volonté des administrations chargées de l’appliquer, au point de devenir trois ans plus tard un échec à effacer au plus vite.

Annoncée en grandes pompes en 1997 lors du colloque de Villepinte sur la sécurité, la réforme de la proximité était censée répondre à la montée de la délinquance, du sentiment d’insécurité et de la défiance à l’égard de la police, en redéployant cette dernière sur des territoires plus petits et en la rapprochant des préoccupations des citoyens. Au-delà de ces objectifs concrets, «la plus grand réforme de la Police Nationale depuis cinquante ans» devait également montrer que les socialistes prenaient désormais le problème de l’insécurité au sérieux, avec comme priorité de rétablir l’égalité entre citoyens face à la délinquance.

La suite va montrer qu’entre affichage politique et réforme en profondeur il y a souvent un fossé. Les déclarations d’intention de la majorité plurielle n’ont pas pesé bien lourd face aux traditionnels écueils que l’on rencontre quand on veut mener une réforme en profondeur, avec en premier lieu les blocages administratifs au sein des organisations touchées par la réforme. Les divergences de vue entre la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN), l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) et la Direction Centrale de la Sécurité Publique (DCSP) sur les modalités d’application de la police de proximité, ajoutées aux réticences des policiers de terrain face à une réforme jugée trop «politique» et pas assez répressive, ont fortement compromis la viabilité de cette dernière. Les maladresses politiques n’ont pas arrangé les choses : un ministre de l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, peu préparé à occuper ce poste et en conflit ouvert avec la ministre de la Justice Elisabeth Guigou au sujet de la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence, un calendrier d’application de la réforme calqué sur les échéances électorales et non sur les nécessités du terrain, ainsi qu’une communication défaillante autour de la police de proximité, dont les résultats en matière de baisse de la délinquance et du sentiment d’insécurité n’ont jamais été démontrés, ont achevé de décrédibiliser la gauche sur cette thématique de la sécurité.

Après cette étude de l’échec des politiques de sécurité du gouvernement Jospin, qui a en grande partie contribué à la déroute électorale du Parti Socialiste en 2002, Sébastian Roché tente de répondre à la question que tout le monde se pose : Sarkozy fait-il une différence ? Oui et non d’après l’auteur. Si les mesures prises par Nicolas Sarkozy à son arrivée place Beauvau s’inscrivent en réalité dans la continuité de ce qu’ont entrepris ses prédécesseurs socialistes (évaluation de la performance, réforme de la carte police/gendarmerie, Groupes d’Intervention Régionaux), le discours volontariste de l’actuel président de l’UMP, l’unité du gouvernement Raffarin autour des politiques de sécurité et la rapidité avec laquelle les mesures phares de la nouvelle majorité de droite sont mises en œuvre en 2002 (la fameuse Loi d’Orientation et de Programmation de la Sécurité Intérieure est votée à peine trois mois après l’entrée en fonction de Nicolas Sarkozy) ont contribué à l’immense popularité de la droite sur la lutte contre l’insécurité, et ce malgré des résultats contrastés.

En résumé, c’est la communication, et par la même occasion la perception de la réalité par l’opinion publique qui ont changé, plus que les politiques de sécurité ou le taux de délinquance. Voilà qui ne manquera pas de chagriner ceux qui se plaignent de l’importance démesurée de l’image dans la vie politique contemporaine…


Mathieu Zagrodzki
( Mis en ligne le 23/12/2005 )
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