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Le mystère Jean Renoir percé ?...
Pascal Mérigeau   Jean Renoir
Flammarion - Grandes biographies 2012 /  27 € - 176.85 ffr. / 1101 pages
ISBN : 978-2-08-121055-4
FORMAT : 15,3 cm × 23,8 cm
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Au terme d'un travail de huit années, Pascal Mérigeau, parvenant à débusquer des sources inédites, nous livre une biographie presque grandeur nature et à l'égal de l'imposante personnalité que fut Jean Renoir. Nous avons droit à une précision historique hallucinante agrémentée d'un charme romanesque certain. Cette biographie... ''fleuve'', pour reprendre le titre d'un des films de Renoir, charrie détails et épisodes mouvementés d'un des cinéastes français les plus en vue.

On se retrouve avec un personnage hors-norme, qui fait penser à la figure de Charles Foster Kane dans le film d’Orson Welles (autre monstre du cinéma), Citizen Kane (1941) dans lequel des journalistes cherchent l’énigme de Rosebud, pensant découvrir la clef de l'identité du personnage. Évidemment, ils ne la trouvent pas.

Auteur de biographies sur Joseph Mankiewicz et Maurice Pialat, Pascal Mérigeau trace un portrait en caméléon du réalisateur de La Grande Illusion, décidant d’aller derrière la légende que Renoir a lui-même édifiée, metteur en scène de sa propre vie aussi. Les débuts de Jean Renoir sont empreints du doute, l'homme change d’avis politique, de pays ou de relations. Il est certain qu’être le fils du peintre Pierre-Auguste Renoir n'est pas si facile. L'image du père pèse. Jean Renoir aime batifoler dans les bois, s’engage dans l’armée (l'uniforme des Dragons), est blessé durant la Grande Guerre, opte pour l’aviation, perd ses parents et finalement se marie avec un modèle de son père, Andrée Heuschling qui, à l’écran, devient Catherine Hessling. Le poids du père demeure. Car Jean Renoir est aussi un fils à papa ! Certes, avec talent... ce qui le sauve.

Les années 1920 «libèrent» le jeune homme, une période classique durant laquelle il s’engouffre dans la frivolité, la vitesse (les voitures), les relations mondaines, sans trop en faire, laissant libre cours à la paresse, à la rigolade ; il en a les moyens. Le cinéma lui tend donc les bras et c’est en dilettante et bricoleur qu’il l’aborde, tout d’abord non pas en tant que réalisateur mais comme producteur. Son premier film, Catherine, conçu pour lancer sa femme, devait être réalisé par Albert Dieudonné mais comme Renoir veut s’occuper de tout, provoquant la colère de ce dernier, il en devient co-réalisateur. Et ça lui plaît ! Après Une Fille de l’eau, il entreprend avec brio en 1925 l’adaptation de Nana de Zola. Si le film est un échec - au point qu’il doit vendre des toiles de son père (!) -, c'est une réussite sur le plan artistique : sens du cadre, conception fine du hors champ. Jean Renoir est un conteur, il aime raconter des histoires ; il aime faire son propre cinéma aussi. Ce qui permet d’exister dans les yeux des autres : «Tout au long de sa vie, Jean Renoir s'est efforcé de croire en lui-même et, conscient que la confiance en soi ne peut s'acquérir que dans le regard de l'autre, il s'est appliqué à faire que les autres croient en lui», écrit Pascal Mérigeau.

Plus troubles sont ses opinions politiques : il flirte à l’époque du Crime de M. Lange (1935) avec le Parti communiste, réalisant un film pour ce dernier avec La Vie est à nous (qui n’est pas ce qu’il a fait de mieux). Mais dans le contexte de la guerre, à l’été 1940, il est très à l’aise avec le fascime en Italie où il est accueilli par le fils du Duce sur le projet Tosca avant de devenir un américain fervent. Même en réalisant en 1937 La Marseillaise, il peint un Louis XVI assez favorable, jetant ses camarades dans le doute. Il est donc difficile de saisir la vérité sur cet homme qui se plaît à slalomer pour se faire une place dans le monde.

Jean Renoir décide d'émigrer aux États-Unis en décembre 1940 avec sa troisième femme, Dido, et fait une carrière là-bas sans trop de difficultés. Quant à dire que c'est pour fuir le régime Vichy par sainte horreur de celui-ci... Il fallait sans doute une bonhomie comme celle de Jean Renoir pour résister aux heurts avec les studios, les projets inaboutis, les brouilles tout autant que les amitiés. Sans doute une telle vie ne pouvait-elle pas se faire sans compromission et l’on comprend mieux qu’il ait dû se sentir flatté par la mythologie que les «jeunes turcs» des Cahiers du cinéma ont tressée de lui, le remettant en selle.

Mais malgré toutes ces péripéties, le lecteur ne connaîtra pas le fin fond de l’énigme Jean Renoir et sa personnalité monumentale. Le mystère reste entier...


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 07/12/2012 )
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