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Un petit tour autour du pot
Brigitte Friang   Un petit tour autour de Malraux
Félin (du) 2001 /  / 224 pages
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Alors qu’il existe, sur le Malraux d’avant 1947, au moins deux témoignages féminins de valeur (Clara Malraux, Le Bruit de nos pas ; Suzanne Chantal, Le Coeur battant), on n’en connaît guère sur le second Malraux, émergé dans le sillage du général de Gaulle. Et ce n’est certes pas ce Petit Tour qui peut y prétendre.

Brigitte Friang, de son propre aveu, ne fut au RPF que " la trente-cinquième roue du carrosse ". Lorsqu’elle décide, fin 1946, d’offrir au parti naissant du Général ses talents de secrétaire-dactylo, c’est avant tout par conviction politique. Les manoeuvres communistes depuis 1939, l’inefficacité du tripartisme après-guerre l’ont vaccinée contre la gauche. C’est donc sans arrière-pensée qu’elle met au service du "premier des Français" sa machine à écrire Mercedes, encore cabossée d’avoir été parachutée par Londres à la résistante de dix-neuf ans qu’elle était deux ans plus tôt. Elle se voit vite confier la tâche d’y frapper " avec deux doigts " les premiers discours du Général celui de Bruneval, mais aussi, croit se rappeler Foccart, celui de Bayeux ! Enhardie, Brigitte Friang téléphone à Malraux. A l’époque, rappelle-t-elle, appeler une célébrité, c’était se placer " devant le mur d’inaccessibilité que dressait la quasi-immatérialité d’un nom ". Et quel nom ! S’ensuit une collaboration qui se poursuivra, avec des blancs, jusqu’après 1958.

On imagine que, d’avoir côtoyé le grand homme de si près durant ces années de maturation esthétique et politique, Brigitte Friang a pu, sinon se faire une idée objective du personnage, du moins collectionner les scories involontaires de son génie. De fait, comme tous ceux qui l’ont approché, elle s’est exposée sans protection aux fulgurances malruciennes. Les amateurs de formules seront servis. Lorsqu’un jour, il lui demande : " Et au point de vue garçons, comment ça va ? ", Brigitte, éperdue, y voit sans rire une preuve de son " intérêt d’ethnologue ". Et s’il s’enquiert : " Mais qu’est devenue votre robe à rayures jaunes et noires ? ", il faut y voir " une nouvelle illustration de sa mémoire monumentale ". N'insistons pas.

En 1977, Plon avait publié un " embryon " de ce livre de souvenirs. C’est aujourd’hui un grand enfant attardé et béat, qui n’a d’yeux que pour ceux, " couleur d’huître de Marennes ", d’André Malraux le " déroutant Malraux ", l’" intrigant Malraux ", le " fascinant Malraux ". De l’homme, pourtant, il n’est presque jamais question ici ; il sert avant tout de prétexte à d’incessants et élémentaires rappels historiques, façon manuel scolaire, qui destinent ce Petit Tour au lecteur qui ignorerait encore la signification des initiales " FLN " ou cet événement trop méconnu : le sabordage de la flotte française en novembre 1942.

Tout cela serait simplement naïf si ne s’y ajoutaient de multiples erreurs : les accords de Genève mettant fin à la guerre d'Indochine le 21 juillet 1654 [sic] ou Claude Bourdet bombardé " cofondateur " du mouvement Combat. Qu’importe : sans désemparer, Brigitte Friang, dernier wagon accroché à la locomotive d’Olivier Todd, auteur d’une épaisse biographie parue au printemps chez Gallimard, qualifie obligeamment celle-ci d’" énième " ce qui est peut-être vrai, mais que dire du présent avatar ?

Malraux, pensant comme toujours à lui-même, disait du général de Gaulle qu’" il n’y a pas de Charles ". Brigitte Friang montre, elle, qu’il y avait bien un André, et même un Dédé. Mais sur Malraux, son livre prouve, si nécessaire, qu’il n’y a désormais plus rien à apprendre. On aurait préféré la voix du silence.


Olivier Philipponnat
( Mis en ligne le 19/11/2001 )
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