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Salade d’oreilles
Olivier Bellamy   Passion Classique
Arléa 2010 /  20 € - 131 ffr. / 230 pages
ISBN : 978-2-86959-914-7
FORMAT : 13 x 21 cm
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«Je suis ce que Stravinsky appelle un illettré de la musique», disait François Mauriac, qui n’emplissait pas moins son Bloc-notes de considérations sur Mozart ou Chopin. On le qualifierait aujourd’hui d’amateur, aussi vrai que la musique est une chose trop sérieuse pour l’abandonner aux musiciens. Mais est-ce une raison valable pour laisser les clés du véhicule à Mimie Mathy ? C’est le pari couru par Olivier Bellamy, qui reçoit chaque jour sur Radio Classique un profane plus (Anémone, Michel Blanc, Claude Chabrol, Josée Dayan) ou moins éclairé (Brigitte Bardot, Jean d’Ormesson, Plantu), pour lui ausculter l’oreille et passer ses disques préférés. Ne s’agit-il que de pipoliser la grande musique, ou d’une forme de voyeurisme chic ? Elie Semoun connaît le problème, qui a la sensation d’être regardé comme «l’idiot du village avec un livre sous le bras» chaque fois qu’il met les pieds à l’opéra (Ne pas l’asseoir à la table de Bernard Pivot et Michel Serres, à qui Richard «Vanier» donne de l’urticaire – tiens, deux hommes de lettres).

Constitué d’une cinquantaine de rencontres naguère publiées dans Le Monde de la musique ou Classica, ce livre d’entretiens parfois savoureux pouvait n’avoir d’autre objet que de susciter l’incrédulité : que peut bien avoir à nous dire Gérard Depardieu du «Lacrymosa» du Requiem de Mozart ? Ceci : «On a tendance à le jouer trop lent. J’aime que ce soit plus couillu». Ça se défend, mais on est un peu déçu que Fanny Ardant, Michel Bouquet ou Elie Wiesel sortent aussi peu des sentiers battus et professent tous ou presque la même admiration pour le 23e Concerto de Mozart ou l’adagio de «L’Empereur» de Beethoven, qui «vous ferait presque croire en Dieu» (Sempé) et au son duquel un peintre hongrois en larmes fit le portrait au pastel de Charlotte Rampling enfant (mais oui).

Mention spéciale, donc, à Bertrand Blier, qui se botte les fesses à coups de Quatuors Razoumovski (Beethoven) ; à Zazie, capable de fredonner par cœur la Sonate pour piano de Berg (en vue du 50e Gala de l’Union des artistes ?) ; à Jean Lacouture, qui se ferait «battre à coups de trique sans cesser de crier le nom de César Franck» (ce qui vaut mieux, assurément, que Dieterich Buxtehude) ; ou encore à Françoise Hardy, qui a découvert le truc pour plier en quatre Patrick Modiano : lui passer Stimmung de Stockhausen !

Le remède du Dr Bellamy valide le diagnostic : les moins aguerris de ses invités sont souvent les plus intimidés, tandis qu’il faut la décontraction d’un Benjamin Biolay (qui jouait Beethoven à dix ans) pour avouer que Rostropovitch ne l’a «jamais ému», ou d’un Lagerfeld (dont la mère fut l’élève de Paul Hindemith) pour oser évoquer le «souvenir affreux» des cantates de Bach et déclarer : «Croyez-moi, la supériorité musicale du peuple allemand n’est pas une vérité absolu.» (Ne pas lui proposer un bowling avec Philippe Delerm, Danièle Darrieux, Michel Boujenah et Michael Lonsdale, qui ne jurent que par le Cantor de Leipzig).

Et Mimie Mathy, alors ? C’est l’exception qui confirme la règle. Elle n’y connaît rien mais en parle sans complexes : «La musique est un langage universel. Elle se passe de mots, c’est sa force. Elle fait du bien à l’âme". Bien parlé, Mimie ! Et toujours moins sentencieux que Yann Moix : «Bien que j’aie écrit et réalisé Podium, je préfère Samson François à Claude François… J’ai toujours pensé que ce n’était pas seulement le musicien qui choisissait son instrument, mais que l’instrument choisissait aussi son interprète». Et vice-versa, comme chantaient les Inconnus.

La salade d’oreilles, recette traditionnelle de Picardie, se prépare habituellement avec une paire d’esgourdes. Olivier Bellamy en a carrément mis cinquante : oreilles de médecins, d’écrivains, de chanteurs, d’acteurs, de cinéastes, de dessinateurs… Autant dire qu’il y en a pour tous les goûts. Évidemment, on n’est pas obligé de finir le plat. D’autant que ce n’est là qu’un hors-d’œuvre, puisque le lecteur est invité à poursuivre le festin par l’écoute des œuvres commentées. De quoi ouvrir l’appétit !


Olivier Philipponnat
( Mis en ligne le 08/12/2010 )
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