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La (trop) sérieuse biographie d'un thuriféraire de la gaîté
Jean-Claude Yon   Jacques Offenbach
Gallimard - NRF Biographies 2000 /  29.77 € - 194.99 ffr. / 796 pages
ISBN : 2-07-074775-1
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Malgré les travaux (d'intérêt variable) signés par Alain Decaux, Claude Dufrêne ou David Rissin (Offenbach ou le rire en musique, Fayard, 1980), l'auteur d'Orphée aux Enfers reste à ce jour un méconnu. Cette ample biographie signée Jean-Paul Yon constitue la première tentative de perception "globale" du compositeur dans son temps (politique, social, économique), complétée par un catalogue raisonné de ses œuvres. Car, en 120 ans, la postérité peut avoir la dent venimeuse. Et il est bien des artistes qui souffrent, après leur mort, d'une réputation hasardeuse.

La carrière de Jacques Offenbach (1819-1880), malgré les fastes de la gloire, semble tout entière placée sous le signe du malentendu. Avec talent et acuité, ce juif de Cologne devint le plus parisien des compositeurs et transforma le Second Empire en une extravagante pantalonnade, cristallisant dans ses oeuvres satiriques (La Belle Hélène, 1864 ; La Vie parisienne, 1866 ; La Grande Duchesse de Gérolstein, 1867 ; La Périchole, 1868 ; Les Brigands, 1869) les excès du régime de Napoléon III : souverains nymphomanes, abus de pouvoirs, dirigeants mercantiles… Un esprit éminemment frondeur se cache derrière ces opéras bouffes, qui ont su masquer leur subversion sous la caricature, plus évidente, des musiques de leurs temps : Meyerbeer, Rossini, Auber, Verdi. sont pastichés à loisir, sans que jamais l'invention musicale en pâtisse. Reste qu'encore aujourd'hui, le nom d’Offenbach évoque la légèreté bavarde du Second Empire : une caricature un brin démodée, beaucoup de savoir-faire, une certaine vénalité et des éclats de rire.

Le rire : voilà le nœud du problème. Parce qu'Offenbach eut le don de chatouiller là où il le fallait, il est resté un aimable amuseur, une sorte de chansonnier de luxe, réjouissance inévitable des spectacles de Noël ou des matinées pour troisième âge. Qui fut donc Offenbach ? : " L'individu le plus international du monde " dont la musique " dégageait une chaleur de fumier où tous les cochons d'Europe étaient venus se vautrer " (Wagner) ? " Un comique tellement bon garçon et primesautier que tout lui est permis " (Tolstoï) ? Ou bien : " La forme suprême de la spiritualité " (Nietzsche) ? Plus qu'une icône, Offenbach fut une musique. Plus qu'un caricaturiste, il fut un créateur, qui sut happer l'esprit de son temps et le mouler dans un système infaillible.

Parce que rarement compositeur fut aussi mal-entendu (pardonnez le jeu de mot.), Jean-Claude Yon part en lutte contre les préjugés qui ont baîllonné sa musique depuis des décennies. Auteur d'une thèse sur Eugène Scribe, il nous offre 800 pages ardues, complètes, agrémentées de notes et d'un catalogue chronologique des œuvres du compositeur (soit une centaine d'opus). Par la profondeur de ses recherches et l'exactitude de ses références, ce livre surclasse tous les autres ouvrages parus sur Offenbach et deviendra incontournable pour qui souhaite connaître à fond l'auteur de Barbe-Bleue. Toutefois, et c'est là que le bât blesse, il est d'un abord difficile et d'une lecture par endroits franchement aride, qui paraît le réserver en priorité aux chercheurs. La rigueur du traitement, la froideur de l'analyse, sont d'un universitaire, non d'un écrivain. Pourtant un livre n'est pas une thèse – on doit bien le savoir chez Gallimard. Au mélomane que rebuterait la lecture d’une telle somme, on conseillera donc sans hésiter de se tourner vers le splendide et ô combien vivant Jacques Offenbach ou le secret du Second Empire de Siegfried Kracauer (rééd. Gallimard/Le Promeneur, 1994).


Nicolas d' Estienne d’Orves
( Mis en ligne le 30/11/2000 )
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