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| Jean-Luc Douin Le Cinéma du désir. Dictionnaire Joëlle Losfeld 2012 / 23,50 € - 153.93 ffr. / 358 pages ISBN : 978-2-07-247311-1 FORMAT : 13,0 cm × 20,0 cm Imprimer
Lart cinématographique est indissociablement lié au voyeurisme du spectateur ; par lemploi du champ et du hors-champ, le réalisateur ne cesse de jouer avec limagination et le désir du public. Le corps féminin a bien souvent constitué lobjet de ce désir, le cinéma étant depuis ses origines une industrie principalement dirigée par et pour les hommes.
Journaliste, ancien rédacteur en chef des rubriques cinéma du Monde et de Télérama, Jean-Luc Douin propose ici de rendre compte des différentes facettes de cette dimension sexuelle du cinéma. Il emploie pour cela le mode du dictionnaire, qui simpose comme le moyen le plus pratique dexplorer lensemble des voies du désir. Louvrage consacre ainsi des articles plus ou moins longs aux réalisateurs, actrices et films qui ont composé ce «cinéma du désir». Lauteur préfère la sélection à lexhaustivité, traitant ainsi parfois des uvres peu célèbres, faisant par exemple la part belle au cinéma asiatique. Il opte également pour la transversalité darticles thématiques (Aisselles, Chevelure, Vampire
) qui permettent un discours plus ample et moins énumératif sur le sujet.
Lauteur se justifie en introduction : le choix des articles «est guidé par ce que le désir implique de subjectivité ; comment pourrait-il en être autrement ?». On ne peut quapprouver ce choix ; mais peut-être cette logique sélective aurait-t-elle dû être poussée jusquà son terme. En effet, si certaines entrées admirablement traitées semblent témoigner dun intérêt certain de lauteur, ce dernier semble beaucoup moins inspiré par certains cinéastes ou acteurs incontournables, comme sil sétait senti contraint de les inclure dans louvrage. Cest le cas par exemple dun texte consacré à Pier Paolo Pasolini pour le moins maladroit : contrairement à ce quaffirme lauteur, le cinéaste italien nest certainement pas «un homosexuel issu du prolétariat» (cest dailleurs justement ses origines assumées de petit-bourgeois qui éclairent sa fascination pour les jeunes paysans, puis pour les banlieusards).
Le Cinéma du désir a donc lavantage de ses défauts : si cet ouvrage ne peut constituer une source de référence encyclopédique par son absence dexhaustivité, il demeurera fort plaisant pour les cinéphiles confirmés, forcément sensibles à ce thème central du septième art.
Antoine Robineau ( Mis en ligne le 03/12/2012 ) Imprimer | | |
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