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Essais & documents  ->  Psychologie  
 

Le cri de la soie
Yolande Papetti-Tisseron   Des étoffes à la peau
Editions des Femmes / Antoinette Fouque 2004 /  12 € - 78.6 ffr. / 64 pages
ISBN : 2721005022
FORMAT : 14 x 21 cm

L'auteur de l'article : Geneviève Djénati est psychologue clinicienne et psychothérapeute, et enseigne à l'université de Paris V.

A lire aussi :
Du deuil à la réparation, 146 p., 16 euros (nouvelle édition, décembre 2004)

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Des étoffes à la peau et de la peau aux étoffes, la psychanalyste Yolande Papetti-Tisseron tisse au fil des pages les liens entre le perceptible et l’inconscient dans nos choix vestimentaires. La couleur, la texture, le toucher d’un tissu peuvent provoquer en nous des ressentis qui font écho à des éprouvés archaïques. Le contact avec la peau de la mère, le souvenir de sa manière de nous porter, est ravivé, restitué ou réparé par le contact avec l’étoffe douce et moelleuse.

Les trois chapitres de l’ouvrage (la mère textile ; vêtements portés, vêtements porteurs ; accessoires) sont constitués de sous-parties qui, par petites touches, comme sur la toile d’un tableau, viennent se placer et laissent le lecteur retrouver les émotions enfouies. Les mots de Yolande Papetti-Tisseron nous transportent au temps où sans langage, les sensations formaient le « je ». A la lecture, régression et compréhension s’entremêlent. La révélation des dessus et des dessous de nos enveloppes devient une évidence lorsque l’on terminant l’ouvrage.

Ce livre est l’occasion d’une réédition d’un précédent ouvrage de Yolande Papetti-Tisseron, Du deuil à la réparation, paru en 1986. Réédition bienvenue en cette époque où l’engagement humanitaire est source de questionnements individuels et politiques. Partant de la situation familiale de la femme du 19e siècle, l’auteur nous amène, à travers la littérature de l’époque, l’évolution de la sensibilité religieuse et l’influence du pouvoir médical, à comprendre pourquoi les femmes se sont dirigées vers les carrières sociales.

Bertha Pappenheim, plus connue sous le nom d’« Anna 0 », première patiente de la psychanalyse, fut l’une de ces femmes. Elle fut par ailleurs une grande figure du service social allemand qui « refusera énergiquement que la pratique analytique pénètre ses établissements .» Yolande Papetti-Tisseron propose d’analyser son choix comme le prototype de « la naissance d’une vocation sociale ». Elle postule que c’est de « traumatismes psychiques provoqués par des événements réels que nous souffrons » et que ceux-ci vont susciter les vocations sociales, para-médicales…

Les deuils, les séparations et leur élaboration à l’origine des choix professionnels sont analysés finement par l’auteur. Toutes celles (et ceux !) qui sont engagés dans des métiers où « aider » est la motivation essentielle s’enrichiront à la lecture de cet ouvrage passionnant. Les autres y découvriront des pistes pour mieux comprendre les autres. En d’autres termes, à mettre entre toutes les mains !


Geneviève Djénati
( Mis en ligne le 11/01/2005 )
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