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Musique Classique &Opéra  ->  Musique orchestrale  
  
Pelleas und Melisande
Arnold Schoenberg (1874-1951)
Richard Wagner (1813-1883)
 Orchestre de l'Opéra d'Etat de Berlin
Christian Thielemann( direction )

Deutsche Grammophon / Universal 2001   
Sélection Paru.com 2001
Diapason d'or 2001
TT :  71 mn.
469 008-2
1 CD

+ Wagner
Siegfried-Idyll


Enregistrement (studio) : juin 1999. Grande clarté de l’image, une certaine opulence.
Notice (anglais, allemand, français) courte mais précise. Texte gentiment dithyrambique sur Thielemann.

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Drame de chambre confié à un sextuor à cordes (La Nuit transfigurée), monumentale cantate descriptive avec chœur, solistes et orchestre (Gurre-Lieder) ou poème symphonique suivant au plus près la trame d’une œuvre théâtrale (Pelleas und Melisande) : la trilogie pré-dodécaphonique d’Arnold Schoenberg peut être considérée comme une série de "manœuvres d’approche" d’un genre qui se refusa toujours au Viennois : l’opéra.

De ce point de vue, sans doute n'est-il pas anodin que ce soit sous le parrainage de Richard Strauss, qui lui avait fait découvrir la pièce de Maurice Maeterlinck, que Schoenberg s’attela, en 1902, à la composition de son Pelleas. On ignore si le choix d’une partition symphonique fut dicté par le souci de ne pas doublonner avec Debussy ou par le désir de rendre hommage à Strauss. Reste que, plus qu’un simple poème symphonique, Schoenberg accoucha d’une œuvre hybride, à la fois opéra sans parole et symphonie latente (Berg, qui s’y connaissait en structures musicales cachées, y décelait quatre mouvements distincts).

C’est dans cette double tension que réside tout l’enjeu interprétatif de Pelleas und Melisande. Une lecture dramatique s’attachera à mettre en relief les quelque vingt leitmotivs qui émaillent la partition, les changements d’atmosphères, les climax, le mouvement d’ensemble. L’option symphonique pourra à loisir détailler tel jeu de timbre, plonger l’auditeur dans une orgie sonore faisant la part belle aux cuivres ou modeler des phrasés en arabesques Jugendstil. Les deux optiques se valent d’un point de vue stylistique – mais, on l’aura compris, l’idéal est de parvenir à les combiner… Sir John Barbirolli (avec le Philharmonia, EMI) et Herbert von Karajan (avec le Philharmonique de Berlin, DG) représentent, à cet égard, une réussite absolue.

Un peu hâtivement présenté par sa maison de disque comme le fils spirituel de Furtwängler et de Karajan, dont il fut l'assistant pendant trois ans, Christian Thielemann confirme avec cet enregistrement sa prédilection pour le répertoire germanique – après Beethoven, Schumann, Wagner, Strauss et Pfitzner (dont il est l’ardent et, à l’heure actuelle, unique défenseur). A ce parcours discographique s’ajoute une déjà solide expérience de direction d’opéra au Met, à Salzbourg, à Bayreuth ou à Covent Garden.

Placé sous d’aussi heureux auspices, le Pelleas de Thielemann, disons-le tout net, ne déçoit pas. Sa lecture enracine l’œuvre dans le terreau post-romantique (quand Boulez, chez Erato, l’orientait vers les Variations op.31), mais la trame orchestrale reste aérée et les climats variés. Là où Karajan, considérant l’œuvre comme soumise à un fatum oppressant, imprégnait de morbidezza jusqu’aux passages les plus apaisés, Thielemann préfère juxtaposer les atmosphères, le choc dramatique naissant de leur opposition, non de leur interpénétration. Mais, par la fluidité des tempi, le soin porté aux transitions, jamais le dessin d’ensemble de la partition ne se disloque. L’orchestre déploie une étonnante palette de couleurs, tantôt automnales et flamboyantes, tantôt hiémales et diaphanes (scène de la mort de Mélisande). Enfin, heureuse surprise, Thielemann contourne avec naturel l’écueil de l’emphase et de la boursouflure. Sur trois quarts d’heure de discours musical ininterrompu, ce n’est pas une mince réussite.

Après cette démonstration inspirée de direction d’orchestre , la Siegfried-Idyll étonne par son relatif prosaïsme. On peut du reste s’interroger sur la pertinence d’un tel couplage : à l’évidence, le propos des deux œuvres comme les moyens requis sont sans commune mesure. Cette interprétation solide mais un peu extérieure ne nous empêchera pas de recommander chaleureusement l’achat de ce CD à toute personne désirant aborder la musique de Schoenberg. Elle y trouvera la plus séduisante des invitations.



Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 29/02/2001 )
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