L'actualité du livre Jeudi 9 mai 2024
  
 
     
Musique Classique &Opéra  ->  

Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un compositeur/interprète
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Musique Classique &Opéra  ->  Musique concertante  
  
Concerto pour harpe op.25
Alberto Ginastera (1916-1983)
Isabelle Moretti( harpe )
 Orchestre national de Lyon
David Roberston( direction )

Naïve / Naïve 2001   
Sélection Paru.com 2001
Recommandé par Classica 2001
Diapason d'or 2001
TT :  69 mn.
V 4860
1 CD

+ Estancia, op.8
Glosses sobre temes de Pau Casals, op.4
Panambi, op.1b



Isabelle Moretti (harpe)
Orchestre national de Lyon
David Roberston (dir.)

Enregistrement (studio) : septembre 2000. Stéréo DDD. Captation efficace et naturelle. Equilibre idéal harpe/orchestre.
Notice (français, anglais, espagnol) complète et documentée. Intéressante contribution d’Isabelle Moretti.


Imprimer


Longtemps considérée comme mièvre et éthérée, la harpe a bénéficié au XXe siècle d’un retour en grâce dû principalement à deux phénomènes : l’émergence, à partir de 1920, d’une esthétique dite néoclassique réhabilitant l’écriture et les nomenclatures instrumentales de l’ère classique, et l’éclatement de la notion de " formation musicale ", donnant naissance, surtout en musique de chambre, à des œuvres réunissant les instruments les plus variés. C’est ainsi que la harpe va se greffer sur un quatuor à cordes avec flûte et clarinette (Ravel), un trio à cordes avec flûte (Cras), un quatuor à cordes (Caplet), un alto et une flûte (Debussy, Bax), un saxophone (Kagel), un hautbois et un quintette à cordes (Martin) ou encore une soprano, une flûte et un violoncelle (Crumb, Jolivet). Lorsqu’on ajoute à cela les formations habituelles (harpe solo, harpe et piano, concerto), on comprend le plaidoyer d’Isabelle Moretti pour réhabiliter la harpe dans le répertoire contemporain – mais on a surtout envie d’enjoindre les harpistes eux-mêmes à aller voir au-delà des sempiternels Boieldieu-Mozart-Dittersdorf.

Et quelle meilleure œuvre que le Concerto de l’Argentin Alberto Ginastera, composé en 1956, pour défendre et illustrer cette " harpe du XXe siècle " ? Dans une tonalité sombre, ce concerto d’une structure classique (tripartite avec forme sonate et rondo conclusif) se rattache, par ses rythmes vigoureux, sa pulsation motorique et une percussion bariolée, à une écriture résolument moderne. Dès les premières mesures, un sentiment d’urgence et de drame s’empare de tout l’orchestre, accentué par la sonorité décalée du soliste – une impression d’étrangeté comparable à celle qui se dégage de la Petite Symphonie concertante (pour clavecin et harpe) de Frank Martin. La volubilité de la harpe prend dès lors une connotation nouvelle : le babillage élégant cède la place à un paraphrase angoissée du discours orchestral, qui ne paraît s’apaiser que dans le mouvement lent où la soliste s’engage dans un soliloque accompagné par un orchestre réduit à des dimensions chambristes. L’atmosphère méditative se prolonge par une longue cadence avant de déboucher sur le finale, tout en violence expressive, porté par un rythme de danse sauvage. La harpe y fait montre d’une fougue, d’une virtuosité totalement convaincantes. Rarement on l’avait entendue traitée d’une façon aussi percussive.

Hormis la découverte de ce très beau concerto, ce disque vaut aussi par ses deux suites tirées des ballets Panambi (premier opus officiel, et premier succès, du jeune Ginastera en 1937) et Estancia (1941). Dans une orchestration qui fait la part belle aux cuivres et aux percussions, elles relèvent de la même esthétique " nationale ", avec une utilisation du folklore latino-américain que l’on retrouve chez un Chavez, un Villa-Lobos ou un Copland. Panambi , écrite à dix-huit ans, révèle aussi l’influence de la musique française – jusqu’aux titres de mouvement, que l’on croirait tirés de préludes de Debussy.

L’œuvre la plus tardive du programme, les Paraphrases sur un thème de Pau Casals (1976), fait la synthèse entre cette donne folklorique et les acquis de la musique sérielle, à laquelle Ginastera s’était intéressé dans les années 50. Le chatoiement orchestral, l’ivresse rythmique, sont toujours là, mais doublés d’une radicalisation de l’écriture, d’un travail sur les masses sonores et les effets de spatialisation. Musique d’hommage, certes, mais traversée par l’angoisse, le sentiment d’exil.

Avec les belles réussites d’Arte Nova, Naxos, ASV et Cyprès, ce disque constitue un apport de grande qualité à la discographie de Ginastera. Pour un peu, David Robertson et son Orchestre national de Lyon se donneraient des airs de Lenny et de New York Philharmonic !


Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 13/04/2001 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd