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| Musique Classique &Opéra -> Musique instrumentale |
 Petites Esquisses d'oiseaux et autres pièces pour piano
Olivier Messiaen (1908-1992)
Roger Muraro( piano )
Accord / Universal 2001 23.36 € - 153.01 ffr.
Sélection Paru.com 2001
TT : 68 mn.
461 645-2
1 CD |
Petites Esquisses d’oiseaux
Études de rythme
Cantéyodjayâ
Rondeau
Fantaisie burlesque
Prélude pour piano
Pièce pour le tombeau de Paul Dukas
Enregistrement (live) : février 2001. Stéréo DDD. Prise de son proche, brillante, très réaliste.
Notice (français, anglais) : textes de Roger Muraro et d’Olivier Messiaen.
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Il y aura donc un avant et un après Muraro. Jusqu’à ce disque, qui clôt son intégrale, on n’avait jamais vraiment pris la mesure de cet ensemble, rapporté à la littérature pianistique du XXe siècle. Il est évident, désormais, qu’elle est l’une des premières, par sa spécificité esthétique, sa grandeur et sa beauté.
Excellent interprète de Chopin et d’Albéniz, Roger Muraro se plaît à répéter – et à prouver – que le piano de Messiaen est la somme de tout ce qui le précède, du plain-chant grégorien à Bartók et Debussy, en passant par Mozart, Liszt, l’Inde, la Grèce et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. C’est avant tout cette prodigalité joyeuse, cette sensualité sonore qu’il s’est appliqué à traduire, avec un enthousiasme communicatif. Fidèle à la personnalité harmonique, rythmique et stylistique de Messiaen, Muraro ne lui sacrifie pour autant pas la virtuosité et le pianisme parfois transcendantal qui sont, chez lui, un héritage direct du piano romantique. Il serait temps de voir que Messiaen ne fut pas que l’ornithologue et le mystagogue rébarbatif qu’a figé la postérité, et que les titres parfois trompeurs de ses œuvres laissent encore croire.
Le piano de Messiaen est aussi le lieu d’expérimentation d’une conception de la temporalité qui n’appartient presque qu’à lui, où la juxtaposition se substitue à l’idée de développement. Autre innovation, bien connue : la transposition de chants d’oiseaux, dont on aurait tort de croire qu’elle était toujours textuelle, et qui constitue en quelque sorte un acte de foi dans “ l’harmonie du monde ”. Si, dans le Catalogue d’oiseaux et dans la Fauvette des jardins, ces chants paraissent indissociables du biotope, au contraire les Petites Esquisses (1985) sont des notations presque exactes, dont le volume et la puissance du piano exaltent les coloris et l’énergie rythmique. En somme, les piafs étaient à Messiaen ce que les chants folkloriques furent à Bartók.
Des Études de rythme, pièces très dissemblables qui doivent autant à Bartók (Îles de feu) qu’aux fumigations weberniennes (Mode de valeurs et d’intensités), Muraro donne une lecture d’une précision et d’une épaisseur admirables. Les quelques pièces courtes qui complètent ce volume sont tout aussi précieuses. Le rare et facétieux Rondeau de 1943 révèle les influences manifestes d’aînés inattendus : Chabrier, Ravel, Roussel. Il n’est pas si éloigné de la Fantaisie burlesque (1932), écrit par Messiaen pour prouver à ses camarades qu’il n’était pas dépourvu du sens de l’humour (de son propre aveu, ce fut un échec complet !) “ Statique, solennel et dépouillé comme un bloc de pierre ” apparaît en revanche le Tombeau composé par l’élève Messiaen en mémoire de son maître Paul Dukas, mort en 1935. Quant au Prélude de 1964, son étrange hiératisme et sa simplicité renvoient aux Sonneries de la Rose+Croix de Satie. Une façon humble et raffinée de poser l’ultime pierre de cette magnifique intégrale.
Olivier Philipponnat
( Mis en ligne le 18/10/2001 )
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