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Musique Classique &Opéra -> Musique instrumentale |
Suites pour violoncelle seul Benjamin Britten (1913-1976) Truls Mork( violoncelle )
Virgin Classics / EMI 2001 Sélection Paru.com 2001 TT : 73 mn. 7243 5 45399 2 3 1 CD | Suites pour violoncelle seul n°1 op.72, n°2 op.80 et n°3 op.87
Enregistrement (studio) : octobre 1998 et juin 2000.
Stéréo DDD. Très bonne prise de son.
Notice (anglais français allemand) complète et informative.
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Sur l’initiative de Dimitri Chostakovitch, Mstislav Rostropovitch et Benjamin Britten se rencontrèrent en 1960 à Londres. De leur profonde amitié, une série d’enregistrements mémorables (Decca, BBC Legends, DG) portent témoignage, ainsi que plusieurs partitions : Sonate pour violoncelle et piano op.65, Symphonie pour violoncelle et orchestre op.68, Suites pour violoncelle seul 1 à 3. L’origine de ces dernières pièces remonte à 1964, lorsque le violoncelliste et le compositeur se mettent d’accord pour élaborer un cycle de six suites pour violoncelle seul dans l’esprit de Jean-Sébastien Bach. Mais les problèmes cardiaques de Britten, l’urgence de terminer d’autres œuvres (le Quatuor n°3, la cantate Phaedra et l’opéra Death in Venice) puis la mort du compositeur ont laissé le projet à mi-chemin.
L’ombre du Cantor plane sur ces trois œuvres (écrites respectivement en 1964, 1967 et 1971) dont elles empruntent la structure, mais non le style. Britten, en authentique sujet d’Elizabeth II, puise son inspiration chez les compositeurs de son île en empruntant les rythmes et carrures des danses de l’époque élisabéthaine. Ces suites sont frappantes par leur économie de moyens : contrepoint aride et dépouillement extrême pour un résultat émotif intense. Les possibilités expressives du violoncelle sont poussées dans leurs derniers retranchements, et la virtuosité, bien réelle, n’est jamais gratuite.
Truls Mork nous offre une version magistrale de ces suites, digne en tout point de celle de Rostropovitch (chez Decca, mais incomplet, " Slava " n’ayant jamais enregistré la Suite n°3). Mais, à la vision emphatique et déchirée de son illustre prédécesseur, le violoncelliste norvégien préfère une lecture plus objective, hiératique, sans maniérisme, presque désincarnée. A l’instar d’un Jean-Guilhen Queyras (Harmonia Mundi), Mork joue sur les couleurs et la palette sonore infinie qu’il tire de son instrument, " humanisant " ainsi ces pages quelque peu austères. Par la sûreté de son jeu, sa précision et la hauteur de son inspiration, il se place – et de loin – bien au-dessus de son homologue franco-canadien ou de Rohan de Saram (Montaigne).
Une version de référence moderne, à coup sûr. On peut, certes, se prendre à rêver de ce que Rostropovitch aurait pu faire de la Suite n°3 – fondée sur des thèmes populaires russes – mais, en matière d’intégrale, et malgré toutes leurs qualités, ni Queyras ni Peter Wispelwey (Globe) n’arrivent à égaler cette splendide interprétation.
Maxime Kapriélian ( Mis en ligne le 08/06/2001 ) Imprimer | |
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