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| Musique Classique &Opéra -> Musique sacrée |
 Miserere
Gregorio Allegri (1582-1652)
Tommaso Bai
Francesco Scarlatti
Giovanni Moro da Viadana
Leonardo Leo (1694-1744)
Ensemble William Byrd( ensemble baroque )
Graham O’Reilly( direction )
Astrée-Auvidis / Naïve 2001
TT : 61 mn.
E 8846
1ère en mondiale
1 CD |
Enregistrement (studio) : juin 2001. Stéréo DDD. Prise de son floue et distante
Notice : intéressante, très détaillée sur le Miserere d’Allegri. Traduction bilingue (français, anglais) des pièces.
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Parmi les offices religieux de la Semaine sainte, le Miserere, l’un des sept psaumes de la pénitence, fait partie des psaumes les plus souvent mis en musique par les compositeurs de la période baroque, et pour cause : son texte fortement lyrique se prête aisément aux images musicales les plus doloristes. Si certaines pièces sont désormais bien connues, parmi lesquelles on citera pour mémoire les grands motets de Lully ou Delalande, celui à dix voix de Domenico Scarlatti ou les quatre versions de Charpentier, de nombreuses pages restent encore à exhumer. C’est ce que se propose de faire ce disque, placé sous le signe de l’Italie.
Le Miserere d’Allegri n’est pas à proprement parler une découverte. Ce qui l’est davantage, c’est la version proposée ici. Dans un souci de fidélité aux diverses sources et aux pratiques interprétatives de la chapelle pontificale, qui donnait à entendre cette oeuvre tous les ans pour les Ténèbres, les musiciens alternent sur les versets impairs le faux-bourdon à quatre voix d’Allegri avec celui à cinq voix écrit par l’un des chanteurs de cette chapelle, Tommaso Bai. Contrairement à la musique d’Allegri, celle de Bai, écrite pourtant dans le même esprit, se révèle légèrement différente à chaque verset, afin d’illustrer parfaitement le texte. Pour corser le tout, Graham O’Reilly a choisi d’y ajouter les ornements improvisés par les castrats à l’époque et minutieusement notés par l’un d’eux sur un manuscrit de la fin du XIXe siècle (accents, glissandi, trilles, etc.), ainsi que de monter la pièce d’une quarte vers l’aigu. L’effet est saisissant et permet de mieux comprendre pourquoi l’on se pressait en foule à la Sixtine pour assister à cet événement.
Les autres pièces sont des premières au disque. Le Miserere à cinq voix, cordes et basse continue de Francesco Scarlatti, frère cadet d’Alessandro, est d’une écriture mélodique assez simple, déclamatoire, parfois teintée de discrètes vocalises. Les solos, duos, trios et ensembles s’enchaînent avec naturel et alternent avec de brèves ritournelles aux violons. L’oeuvre de Leonardo Leo, en double choeur, plus austère, est résolument inspirée des grands maîtres de l’école franco-flamande. Aux versets en contrepoint strict répondent d’autres plus homophoniques (intonation Miserere mei aux dissonances expressives), créant d’habiles effets de contrastes sonores, comme cet étonnant Libera me quasi à l’unisson. Du Miserere, Giovanni Moro da Viadana (à ne pas confondre avec son homonyme, Lodovico da Viadana) n’a retenu que les quatre premiers versets. L’influence de Monteverdi se fait sentir dans ce court motet pour deux ténors du premier baroque.
Dans l’esprit du thème et variation, Graham O’Reilly et son ensemble William Byrd réalisent ici un bel enregistrement marqué par l’homogénéité du collectif vocal et la continuité du discours religieux, donnant une réelle éloquence et une véritable grandeur sacrée à ces musiques oubliées. Certains solistes accusent quelques faiblesses : voix mal assurée d’une basse, blancheur d’un alto, problème d’intonation d’une soprano (mais, à ces hauteurs stratosphériques, on peut être indulgent dans la pièce d’Allegri). Ces défauts passagers ne masquent pas l’essentiel : le climat de ferveur intérieure et de dolorisme expressif qui parcourt l’ensemble de cette réalisation.
Sébastien Gaudelus
( Mis en ligne le 18/12/2001 )
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