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Musique Classique &Opéra  ->  Musique sacrée  
  
Selva morale e spirituale
Claudio Monteverdi (1567-1643)
 Cantus Cölln( ensemble vocal )
 Concerto Palatino( ensemble baroque )
Konrad Junghänel( direction )

Harmonia Mundi 2001    45.65 € - 299.01 ffr.
Sélection Paru.com 2001
TT :  230 mn.
HMC 901718.20
3 CD


Enregistrement (studio) : mars-septembre 2000. Stéréo DDD. Prise de son large et aérée, précise sur les vastes ensembles comme sur les passages solistes
Notice très complète. Traduction des pièces trilingues (français, anglais, allemand)

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Lorsqu’en 1641, Claudio Monteverdi fait paraître à Venise sa Selva morale e spirituale, il n’a rien publié dans le domaine religieux depuis les Vespro della Beata Vergine de 1610. Or, le compositeur est en charge de la musique de la basilique San Marco depuis plus de vingt-cinq ans. C’est dire si ce recueil est important dans la carrière du musicien, d’autant que ce sera le dernier imprimé de son vivant. Si la somme paraît numériquement imposante au premier abord, égrenant quarante et une pièces parfois de vaste dimension, elle l’est peu dans les faits, rapportée aux trente années d’exercice au service de la Sérénissime. En revanche, sur le plan stylistique, l’ouvrage demeure capital tant il parcourt dans son entier la vaste palette expressive du Crémonais, depuis les madrigaux spirituels à trois ou cinq voix (les cinq pièces qui ouvrent le recueil), jusqu’aux grand psaumes à huit voix et instruments concertants à la manière des Vêpres (Dixit Dominus primo et secondo, Laudate Dominum secondo et tertio, etc.) , en passant par les pièces pour voix seule (Ab aeterno ordinata sum pour basse, Sanctorum meritis pour soprano), pour petit effectif de solistes (Ut queant laxis pour deux sopranos, Et iterum venturus pour basse et deux altos), ou pour chœur a cappella dans le style Renaissance (Messa a 4 a cappella). Cette diversité expressive ne cesse d’étonner, tant le musicien se révèle à chaque fois génial. II maîtrise autant l’art sévère du contrepoint que la musique concertante, dosant savamment les effets de masse, les chromatismes expressifs (Salve regina à troix voix et basse continue, dont les progressions harmoniques ne sont pas sans évoquer les lamentations des disciples de Sénèque dans l’Incorronazione di Poppea) et l’élan proprement dramatique, car, même entré dans les ordres depuis dix ans, Monteverdi ne cessa d’être un compositeur pour le théâtre, comme en témoignent ses ouvrages ultimes. Il se plaît à le rappeler dans la pièce qui conclut le recueil, Il Pianto de la Madonna, qui n’est rien moins que la transposition sur un texte sacré du Lamento d’Arianna.

Ce gigantesque recueil, s’il a été à l’origine de plusieurs anthologies (Gustav Leonhardt/Philips, William Christie/Harmonia Mundi ou, plus récemment, Bernard Fabre-Garrus/Astrée), n’a donné lieu qu’à un seul enregistrement intégral sous la direction de Michel Corboz, certes traversé de certaines intuitions, mais disqualifié par un style inadéquat. C’est donc avec bonheur que l’on accueille cette nouvelle version. Fidèle à ses options interprétatives qui ont fait le succès de ses précédents enregistrement (Actus Tragicus de Bach), Konrad Junghänel opte pour un effectif de solistes. Ce que l’on perd parfois en ampleur sonore, on le gagne en clarté polyphonique, chaque voix étant ici bien individualisée. Cela n’empêche pas le Gloria a 7, sans doute le sommet de ce coffret, de sonner comme une somptueuse et majestueuse prière. A l’éclat des grands psaumes, rehaussés par le concert toujours agissant et virtuose des cornets et trombones du Concerto Patatino, répond la ferveur introspective des pages plus intimes, le Salve Regina à trois voix ou la messe a cappella merveilleusement servi par le quatuor de solistes.

Quelques défauts viennent cependant freiner notre enthousiasme. La direction de Junghänel a en effet tendance, dans certaines pages, à privilégier l’aspect harmonique et syllabique au détriment de l’élan rythmique et mélodique. La principale critique s’adresse surtout aux chanteurs qui, en solistes, accusent des limites techniques parfois gênantes. Certains se révèlent très convaincants : c’est le cas de Hans Jörg Mammel ou de Stephan Mac Leod. D’autres affichent des timbres trop aigres (c’est le cas des sopranos), des problèmes d’intonation ou de soutien. Que ces quelques griefs ne vous détournent pas toutefois d’une réalisation passionnante de bout en bout. On se replongera encore longtemps dans cette oeuvre foisonnante.


Sébastien Gaudelus
( Mis en ligne le 27/11/2001 )
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