|
|
| Musique Classique &Opéra -> Musique sacrée |
 Pièces sacrées
Giuseppe Verdi (1813-1901)
Carmella Remigio( soprano )
Choeur de l’Académie Sainte-Cécile de Rome( choeur )
Orchestre de l’Académie Sainte-Cécile de Rome
Myung-Whun Chung( direction )
Deutsche Grammophon / Universal 2001
Sélection Paru.com 2001
TT : 63 mn.
469-075-2
1 CD |
Tre Pezzi sacri (1896-1897) : Stabat Mater, Laudi alle Vergine Maria, Te Deum
Ave Maria (1889)
Ave Maria (1880)
Ave Maria tiré d’Otello (1887)
Libera Me tiré de la Messa per Rossini (1867)
Enregistrement (studio) : septembre 2000. Stéréo DDD. Prise de son naturelle, un peu lointaine mais détaillée.
Notice (anglais, allemand, français, italien) précise et documentée. Textes en latin, français, anglais, allemand.
Imprimer
C’est dans la dernière phase de sa vie créatrice, à partir de 1880, que Verdi s’est consacré pleinement au "genre élevé" de la musique sacrée. Des essais qu’il commit dans sa jeunesse, il ne subsiste guère qu’un Tantum Ergo dont le compositeur s’étonnait qu’il ait échappé au feu… Et, si la religion n’est pas absente de ses opéras (l’exemple le plus célèbre est l’Ave Maria de Desdémone, à l’acte IV d’Otello, enregistré ici), c’est souvent de façon péjorative (le personnage du Grand Inquisiteur de Don Carlo), parodique (le Credo entonné par Iago) ou comme grossière ficelle dramatique (la Forza del Destino).
Nous laissons aux pieux hagiographes l’hypothèse d’une conversion in extremis d’un musicien qui, depuis toujours, avait manifesté un agnosticisme fervent. Plus plausible, en revanche, est l’idée d’un hommage rendu à la fin de sa vie par le "Gran Vecchio" au style des polyphonistes italiens – lui qui considérait Palestrina comme le père de la musique italienne. C’est donc naturellement que l’on retrouvera dans l’Ave Maria pour quatre voix solistes composé en 1889 un travail contrapuntique et harmonique particulièrement raffiné ou, dans les trois pièces sacrées de 1896-1897, une écriture oscillant entre des recherches mélodiques dignes du maître romain et la ferveur monolithique du chant grégorien. Car Verdi n’hésite pas à donner à la foi tous les moyens de se faire entendre : dans l’intimité de la prière (chant a cappella pour l’Ave Maria et les Laudi) ou par le biais d’effectifs vocaux et orchestraux impressionnants (le Te Deum pour double chœur et orchestre, le Stabat Mater créé à Turin par cent-cinquante chanteurs). C’est que la piété est aussi pour le musicien un théâtre des émotions. Son Stabat Mater, à la fois délicat et grandiose, est tout en à-pics et en dépressions, débutant par une déploration sourde pour exploser à l’évocation de la passion du Christ, jetant son orchestre dans un fortissimo spectaculaire pour aussitôt laisser le chœur à sa méditation sereine…
Une scène d’opéra ? Presque. Le contraste avec l’Ave Maria tiré d’Otello, splendidement servi par Carmella Remigio, laisse percevoir ce qui sépare le Verdi de la scène du Verdi de l’Église : l’orchestre du Te Deum et du Stabat Mater impressionne par sa densité, ses couleurs sombres ; ici, c’est son efficacité, la légèreté de sa texture, le traitement lapidaire des motifs qui " saute aux oreilles ". Peu de surprises, pour finir, avec le Libera Me issu de la Messe à la mémoire de Rossini commandée en 1868 par Verdi à treize compositeurs italiens . Il est en effet identique, à quelques détails près (l’attaque en douceur du " Dies Irae " est le plus notable), à celui du Requiem.
Excellents dans l’ensemble du programme, le chœur et l’orchestre de l’Académie Sainte-Cécile paraissent dans cette dernière composition quelque peu en retrait. Myung-Whun Chung n’en signe pas moins une anthologie de référence, qui complète idéalement l’enregistrement de la Messa solenne réalisé cette année par Riccardo Chailly (Decca).
Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 22/06/2001 )
Imprimer | |
|
|
|
|
|