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Lieder post-romantiques avec orchestre
Richard Strauss (1864-1949)
Richard Wagner (1813-1883)
 Orchestre du Gewandhaus de Leipzig
Kurt Masur
 London Symphony Orchestra
Sir Colin Davis
Jessye Norman( soprano )

Philips  50 ans- 50 chefs-d'oeuvre 2001   
Diapason d'or 2001
Gramophone Record Award 1984
Sélection Paru.com 2001
TT :  47 mn.
464 742 2
Réédition
1 CD

Strauss :
Vier Letzte Lieder (a)

Wagner :
Wesendonck-Lieder (b)

Orchestre du Gewandhaus de Leipzig (a)
London Symphony Orchestra (b)
Kurt Masur (a), sir Colin Davis (b)

Enregistrement (studio) : juin-août 1982, février 1975 (b). Stéréo DDD/ADD (b). Prise de son très claire et flatteuse, un rien rutilante (traitement en 96kHz-24 bit) mais naturelle.
Notice (anglais, français, allemand) très complète et détaillée. Textes des mélodies en allemand, français,anglais.


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Lorsqu'un éditeur décide de lancer une collection commémorative, deux options s'offrent à lui : le rhabillage bâclé d'enregistrements de qualité variable compilés à la va-comme-je-te-pousse, sans passer par la case "plus-value sonore" (vous avez reconnu la très inégale fournée "Artistes-Répertoires" de RCA) ou la réédition d'un fonds choisi, élégamment réemboîté, accompagné de notices intéressantes et enrichi d'un remastering de qualité. Dans la deuxième catégorie, j'ai nommé la collection 50 ans-50 chefs-d'oeuvre de Philips, dont ce CD résume à lui seul toutes les qualités.
Pour évident qu'il paraisse, le couplage Wesendonck-Lieder/Vier Letzte Lieder n'a que rarement eu les honneurs du disque (on se souvient de la pâle Cheryl Studer, avec Sinopoli, chez DG ; on a déjà presque oublié la translucide Jane Eaglen, avec Runnicles, chez Sony). Seul joyau dans ce désert discographique, le double album Kirsten Flagstad (Arkadia, 1991), créatrice du cycle de Strauss et wagnérienne de légende.
Jessye Norman renoue ici avec cette grande tradition interprétative. De la soprano norvégienne, elle a le même timbre à la fois délicat et impérial, capable de nuances infinimes dans tous les registres (sensiblement plus riche dans le bas-médium, tout de même) mais aussi d'une puissance de projection impressionnante. Toutes ces nuances, ces gradations dans l'expression, sont parfaitement utilisées dans les deux grands cycles qui constituent ce programme.
Les quatre "derniers lieder" de Strauss, écrits entre juin et septembre 1948, ont valeur de double adieu : adieu du compositeur à la vie, c'est-à-dire à la musique ; adieu aussi à une forme d'écriture clairement anachronique depuis près de trente ans. Avec les feux du soleil couchant du quatrième lied, c'est bien le crépuscule de la mélodie post-romantique que Strauss met en scène. Rien d'amer ou de tragique, pourtant, dans ce cycle. L'orchestration surchargée des grands opéras fait place à un discours orchestral diaphane, proche du Wagner de la Siegfied-Idyll, où la voix de femme évolue principalement dans l'aigu, en des lignes moins tendues, moins paroxystiques. En pleine possession de ses moyens vocaux, Jessye Norman aborde chaque mélodie avec une sûreté et une pénétration rares. On sait l'attention que l'Américaine porte aux textes ; ici, la clarté de l'articulation n'a d'égale que la beauté du timbre. Un enchantement. Dommage, et ce sera ma seule réserve, que le lied final soit pris dans un tempo exagérément lent (il dure 10 minutes, au lieu des 6 ou 7 habituelles !). Insensiblement, la ligne mélodique se dissout, le mot s'étire jusqu'à perdre toute signification... Mais comment en vouloir à Kurt Masur qui, à la tête d'un Gewandhaus de Leipzig au mieux de sa forme (couleurs, mise en place), veut manifestement faire "durer le plaisir" ?
Avec les Wesendonck-Lieder, sorte d'opéra tristanesque en réduction, la baguette de sir Colin Davis ne cède pas à cette tentation. La charge dramatique contenue dans ces cinq poèmes où filtre l'aveu de la liaison entre Wagner et Mathilde, l'épouse de son protecteur Otto Wesendonck, est bien réelle, et Davis ne manque pas une occasion de la mettre en exergue. Les membres du LSO offrent à la voix de la jeune Jessye un écrin chatoyant, aux textures subtiles, et font montre, lorsque le discours s'enfièvre (deuxième lied, "Stehe Still !"), d'une tenue et d'une cohésion exemplaires.
Si j'ai toujours un faible, dans Strauss, pour les version Janowitz/Karajan (DG) et Price/Leinsdorf (RCA), je place cette lecture des Wesendonck-Lieder au sommet de la discographie, pendant moderne à la gravure historique d'Astrid Varnay (avec Leopold Ludwig, DG).


Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 12/07/2001 )
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