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Musique Classique &Opéra -> Opéra |
Persée Jean-Baptiste Lully (1632-1687) Paul Agnew( haute-contre ) Anna Maria Panzarella( dessus ) Salomé Haller( dessus ) Jérôme Correas( baryton-basse ) Vincent Billier( basse ) Les Chantres de la Chapelle( choeur ) Les Talens Lyriques( ensemble baroque ) Christophe Rousset( direction )
Astrée-Auvidis / Naïve 2002 Sélection Paru.com 2002 ffff Télérama 2002 TT : 165 mn. E 8874 3 CD | Enregistrement (concert) : 16 septembre 2001. Stéréo DDD. Enregistrement précis, mais manquant de profondeur et de chaleur
Notice : notice bilingue (français, anglais) passionnante de Jean Duron. Livret bilingue (français, anglais) Imprimer
Huit ans ! Il aura fallu attendre huit ans pour voir enfin paraître un nouvel enregistrement intégral dun opéra de Lully. Depuis Phaëton, dirigé par Marc Minkowski (Erato), rien, ou si peu. Seul Hugo Reyne a su se lancer dans un projet denvergure et à long terme (Accord-Universal). On peut donc remercier Christophe Rousset de sêtre penché sur cette belle endormie, ainsi que le label Astrée davoir su poser ses micros lors de la reprise de ce concert de Beaune à la Cité de la Musique.
Rien pourtant nexplique ce trop long silence, car Persée nest pas une oeuvre mineure : composée en 1682, cette tragédie lyrique est la neuvième du surintendant, et déjà la huitième collaboration entre Lully et Quinault, six ans après Atys, quatre avant Armide. Lintrigue héroïque (combat contre Méduse, affrontement avec un monstre marin envoyée par lorgueilleuse Junon) se mêle à lintrigue amoureuse contant les tentatives de Mérope et Céphée pour contrarier les amours de Persée et Andromède. Le somptueux texte de Quinault est servi par une musique sans cesse changeante, qui passe imperceptiblement du récitatif à larioso, à lair, au duo ou au choeur. La construction de lensemble sait varier les climats, et lon retrouve ici les grandes scènes du genre : les furies (les gorgones), le sommeil de lacte III, les plaintes et lamentations de lacte IV (sur le modèle de la pompe funèbre dAlceste ou du Miserere), larrivée fracassante du monstre marin. Ici, les rôles principaux ne sont pas ceux que lon croit. Persée, notamment, chante très peu : sa première apparition se place à lacte II, et les actes III et IV le trouvent muet ou quasiment. Limportance se reporte donc sur Andromède, tourmentée entre sa fidélité à Céphée et son amour naissant pour Persée, mais surtout sur les jaloux Mérope et Céphée, les méchants de service, qui bénéficient des plus belles scènes. Par ailleurs, le choeur joue de manière étonnante le rôle dun protagoniste à part entière, particulièrement à lacte IV où il commente larrivée du monstre marin venant dévorer Andromède.
La réalisation est ici exemplaire. Si la prise de son ne sait pas nous replacer dans une ambiance luxueuse digne de la partition, les rôles titres ont été bien distribués. Paul Agnew, malgré une courte prestation, sait donner vaillance et nuance à son personnage. Anna Maria Panzarella sait exprimer les tourments dAndromède, mais on retient avant tout le couple Salomé Haller-Jérôme Corréas, partagés entre la colère, la douleur et la jalousie. Le reste de la distribution est à lavenant (malgré une Cassiope dont la ligne de chant nest pas toujours soignée) et le choeur fait preuve dune belle homogénéité. Lorchestre est au diapason de cette production et achève, par ses ritournelles et son soutien varié et coloré (mention particulière à la basse continue), de rendre cet enregistrement indispensable à qui veut découvrir une pièce maîtresse de lart lyrique français. Les mêmes protagonistes auraient-ils la bonne idée denregistrer Cadmus et Hermione, donné en concert à la même période ?
Sébastien Gaudelus ( Mis en ligne le 08/04/2002 ) Imprimer | |
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