L'actualité du livre Samedi 20 avril 2024
  
 
     
Musique Classique &Opéra  ->  

Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un compositeur/interprète
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Musique Classique &Opéra  ->  Opéra  
  
Dido and Aeneas
Henry Purcell (1659-1695)
Lynne Dawson( soprano )
Rosemary Joshua( soprano )
Gerald Finley( baryton )
Susan Bickley( soprano )
Maria Cristina Kiehr( soprano )
Robin Blaze( contre-ténor )
Dominique Visse( contre-ténor )
Stephen Wallace( contre-ténor )
John Bowen( ténor )
 Clare College Chapel Choir( choeur )
 Orchestra of the Age of Enlightenment
René Jacobs( direction )

Harmonia Mundi / Harmonia Mundi 2001   
Sélection Paru.com 2001
TT :  59 mn.
HMC 901683
1 CD

Enregistrement (studio) : octobre 1998. Stéréo DDD. Captation précise et aérée.
Notice trilingue (français, anglais, allemand). Livret traduit en français et en allemand.

Imprimer


Si Dido and Aeneas reste l’un des opéras baroques les plus représentés et enregistrés, en raison de sa brièveté et des effectifs relativement restreints qu’il requiert, sa genèse reste encore mystérieuse. On a longtemps cru qu’il avait été composé vers 1689 pour un collège de jeunes filles. En fait, il est plus probable que les seules sources (tardives et incomplètes) qui nous soient parvenues de cette représentation au collège de Chelsea correspondent à une représentation de l’œuvre légèrement antérieure, sans doute vers 1685, à la cour du roi Jacques II. Les rapprochements avec l’œuvre de John Blow, Venus and Adonis, ont révélé des parentés troublantes dans la construction, dans la forme musicale et dans l’histoire de leurs représentations au XVIIe siècle.

Il reste que, du génial et unique opéra de Henry Purcell (ses autres compositions dramatiques, King Arthur, The Indian Queen, The Fairy Queen, sont des masques, mêlant texte parlé et intermèdes chantés), nous ne connaissons pas l’instrumentation précise ni la musique de la fin du deuxième acte. A l’image du Couronnement de Poppée de Monteverdi, toute production du chef-d’œuvre de l’Orpheus Britannicus devient obligatoirement une recréation, révélant du même coup l’image que s’en fait le chef.

René Jacobs présentait en 1998 les opéras jumeaux de Purcell et de Blow en concert. Venus and Adonis a donné lieu à un bel enregistrement (Harmonia Mundi) et ce disque vient le compléter aujourd’hui. Jacobs tire délibérément l’œuvre vers le XVIIIe siècle (le prélude pour les sorcières de l’acte II semble tout droit sorti des Enfers dépeints par Rameau dans Hippolyte et Aricie), comme le prouve la présence de l’Orchestra of the Age of Enlightenment, en grand effectif (pour cette partition) et en grande forme. L’ensemble suit avec souplesse et précision les choix stylistiques d’un chef plus rococo que jamais : alternance solistes / chœur (ritournelles, chœurs des actes II et III), rythmes parfois exagérément étirés (" Harm’s our delight ") ou changeant d’une mesure à l’autre (" Destruction’s our delight " swingant, danse des sorcières). Ce goût de l’ornement, du pittoresque, pourrait être artificiel mais devient naturel tant Jacobs excelle à conduire le drame dans sa concision, depuis le début festif jusqu’à sa tragique conclusion, secondé qu’il est par ses solistes, son luxueux orchestre et un chœur à l’homogénéité et à la diction exemplaires dans ce répertoire.

A l’éloquence de la poétique Belinda de Rosemary Joshua répond celle, plus sombre, de Susan Bickley en Enchanteresse Il faut saluer également l’hilarante prestation du duo de sorcières formé par Dominique Visse et Stephen Wallace, tous les deux dans des registres opposés, le premier en vieille mégère chevrotante et le second en grande diva. Difficile de résister à leur numéro. Le contraste avec la sobriété de l’Enchanteresse n’en est que plus parlant.

Que faudrait-il pour que notre bonheur soit complet ? Un couple de protagonistes plus affirmé. Or, Lynne Dawson, grande musicienne, chante certes avec goût, mais aussi avec une certaine retenue, voire de la froideur. Elle n’a ni la fougue de Guillemette Laurens chez Christie (Harmonia Mundi), ni la fragilité d’une Catherine Bott (avec Hogwood, L’Oiseau Lyre), ni la noblesse de Véronique Gens, toujours chez Christie, en effectifs de chambre (Erato). Seule sa plainte finale lui permet de briser la glace. Et alors, quelle douleur bouleversante ! L’Énée de Gerald Finley est bien chantant, mais manque de présence et de caractère. Sa tristesse à la fin de l’acte II demeure courte de note et de souffle.

Par sa cohérence dans des choix interprétatifs bien tranchés, la lecture de Jacobs demeure toutefois passionnante de bout en bout. Face à une partition aussi rebattue, fol serait qui s’en plaindrait.


Sébastien Gaudelus
( Mis en ligne le 09/03/2001 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd