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Juditha Triumphans
Antonio Vivaldi (1678-1741)
Magdalena Kozena( mezzo-soprano )
Maria José Trullu( mezzo-soprano )
Marina Comparato( mezzo-soprano )
Anke Herrman( soprano )
Tiziana Carraro( contralto )
 Choeur de chambre de l'Académie nationale Sainte-Cécile de Rome( choeur )
 Academia Montis Regalis
Alessandro de Marchi( direction )

Opus 111 / Naïve 2001   
Sélection Paru.com 2001
Choc du Monde de la Musique 2001
TT :  166 mn.
OP 30314
3 CD

Enregistrement (studio) : octobre 2000. Stéréo DDD. Prise globalement satisfaisante, mais manquant parfois de ransparence.
Notice : notice, érudite et passionnante, et traduction du livret trilingues (français, anglais, allemand).

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Voici reparaître ce projet, lancé il y a déjà un an par Opus 111, d’enregistrer l’intégralité des oeuvres de Vivaldi conservées à la Bibliothèque Nationale de Turin. Annoncé par un volume consacré à des concertos et au Stabat Mater, cette entreprise n’avait plus fait parler d’elle et l’on aurait pu croire qu’elle avait avorté, jusqu’à la reprise d’Opus 111 par Naïve et la parution de cet enregistrement qui redonne vie à cet ambitieux défi. L’inaugurer officiellement avec la Juditha triumphans devicta Holofernis barbarie (titre complet) est d’ailleurs une gageure, tant l’oeuvre pose de problèmes musicologiques et interprétatifs. Cet oratorio, le seul du prêtre roux dont nous ayons conservé la partition, fut écrit par Vivaldi en 1706 pour les orphelines de l’Ospedale della Pietà, établissement au service duquel il était entré dès 1703 comme maître de violon puis maestro dei concerti, et pour lequel il fit office de maestro di coro suite au départ inopiné de Gasparini en 1713.

Si le style de Vivaldi est immédiatement reconnaissable, cet oratorio est aussi un des plus riches jamais écrits. Compensant la faible diversité des registres vocaux à sa disposition (du contalto au soprano), le musicien a tiré parti d’un orchestre luxuriant, composant une musique diversifiée aux couleurs instrumentales sans cesse renouvelées : trompettes, flûtes, hautbois solo ("Veni, me sequere fida"), mandolines et cordes pizzicato ("Transit aetas"), etc. La pièce, de vaste dimension, requiert donc des interprètes hors-pairs, preuve que les orphelines de la Pietà étaient d’excellentes musiciennes - certaines étaient d'ailleurs aussi connues que les chanteuses d’opéra.

Si nous avons perdu la sinfonia d’ouverture (remplacée ici par un brillant concerto avec trompettes), d’autres questions restent en suspens : que faire des choeurs à quatre voix chantés à l’origine uniquement par des filles (y compris les ténors et basses) ? Que sont les salmoè, les claren ? Comment restituer l’ensemble de viole all’Inglese ? Sur toutes ces questions, le chef a tranché de manière judicieuse et il assume ses options (limpidement expliquées dans la notice) tout au long de l’enregistrement, portant à l’incandescence cet oratorio transformé en véritable opéra. Son orchestre est luxuriant, toujours brillant, nuancé. Il sait créer un climat approprié dans chaque air ainsi qu’un véritable dialogue entre instruments et voix. Ajoutons à cela une basse continue différenciée pour chaque protagoniste qui fait merveille dans les récitatifs.

Côté vocal, le plateau n’est malheureusement pas pleinement satisfaisant. On passera rapidement sur le très approximatif Ozias, de toute façon secondaire. Mais Holofernes perd souvent sa ligne mélodique sous le vibrato et des accents peu orthodoxes. Certes, il s’agit du méchant de l’histoire, mais tout de même ! Vagaus pâtit d’une émission un peu raide, dont les aigus saturent rapidement, mais quel abattage dans son "Armatae face, et anguibus" ! Le timbre acidulé et léger convient bien à la confidente qu’est Abra. Elle donne agréablement la réplique à Magdalena Kozena, qui est la perle de cete enregistrement. Chacune de ses interventions est un modèle d’expressivité et d’éloquence, depuis l’entrée pianissimo sur "Qocum patriae me ducit amore"jusqu’au sombre et exalté "In somno profundo", en passant par le virtuose "Agitata infido flatu"ou l’hypnotique "Veni, me sequere fida".

On s’étonnera peut-être de voir, malgré nos réserves, cet enregistrement distingué par un "Sélection Paru.com". Mais de Marchi et Kozena parviennent à un tel degré d'aboutissement musical, tout en maintenant l’attention et la tension sur près de trois heures, que les imperfections se font aisément oublier. Voilà une Judith ressuscitée avec ardeur, flamme et conviction.


Sébastien Gaudelus
( Mis en ligne le 07/12/2001 )
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