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Documentaires  
Un coupable idéal

Murder On A Sunday Morning
avec Jean-Xavier de Lestrade
Montparnasse 2002 / 
du meilleur documentaire Oscar 2002
Durée DVD 160 mn.
Durée film 110 mn.
Classification : Tous publics

Format image : 1.77. Ecran 16/9e compatible 4/3
Format son : stéréo

Bonus :
* 9 séquences complémentaires : "La déposition de Darnell", "Les parents de Brenton", "A la recherche de M. Rooks", "La sélection du jury", "Un bon jury ?", "Les costumes de Pat", "Kate Donaldson", "André Butler", "Deux jurés"
* "Histoire d'un film" : entretien avec le réalisateur Jean-Xavier de Lestrade
* "Mécanique d'un procès" : commentaires du réalisateur et de Me Thomas Lemaire (avocat, auteur de La Justice jusqu'à l'absurde, Fayard) sur dix aspects juridiques de l'affaire Butler
* Filmographies de Jean-Xavier de Lestrade et du producteur Denis Poncet


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Parce qu'il se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment et parce que le mari de la victime l'a identifié formellement, Brenton Butler, quinze ans, se voit accusé du meurtre de Mary Ann Stephens, une touriste abattue devant le Ramada Inn de Jacksonville, Floride. Nous sommes le 7 mai 2000 et, pour Patrick McGuiness, qui exerce depuis vingt ans le sacerdoce de public defender (avocat payé par la ville pour assurer gratuitement la défense des accusés les plus démunis), c'est le début d'une course contre la montre pour enrayer la marche d'une justice expéditive. Car si Brenton est sur le banc des accusés, c'est, comme l'explique en toute naïveté le policier qui l'a interpellé, parce qu'"on n'avait pas autre chose sous la main. Il n'y avait qu'un Noir dans les parages : ça pouvait être lui ou n'importe qui". Aidé de sa collaboratrice Ann Finell et des enquêteurs travaillant pour le bureau d'assistance judiciaire, McGuinness va recueillir, six mois durant, témoignages, preuves et expertises qui, le jour du procès, prouveront l'incompétence des policiers chargés de l'enquête, révèleront leurs méthodes de travail dignes de l'Inquisition et innocenteront Brenton.

Soigneusement photographié, cadré, monté, Un coupable idéal se distingue d'emblée des autres documentaires par sa mise en images. L'illustration musicale, discrète et efficace, achève de lui donner une ampleur quasi cinématographique, à laquelle contribue fortement la personnalité de ses protagonistes : McGuinness, colosse roux quinquagénaire, aussi méticuleux dans le choix de ses costumes que dans celui des membres du jury ; son associée, taciturne et opiniâtre ; les flics ripoux, prêts à craquer sous les coups de boutoir de la défense ou enfilant sans sourciller les mensonges sous serment ; le mari de la victime, imperturbable dans ses accusations répétées ; Brenton Butler, enfin, bloc d'opacité qui ne se fissure qu'à l'écoute des dépositions de ses parents. On finirait presque par perdre de vue que l'on baigne en pleine réalité et que c'est bien la vie d'un innocent qui se joue sous nos yeux. En presque deux heures, ce documentaire restitue toute la densité des échanges entre témoins et avocats, montre la grandeur de ces hommes et femmes qui ont renoncé à exercer leurs talents dans des cabinets privés pour se mettre au service des citoyens, en même temps qu'il éclaire le spectateur français sur une réalité du système judiciaire américain souvent travestie par le cinéma. Et sa conclusion n'a, en fin de compte, que les apparences d'une happy end : le vrai meurtrier a été arrêté quatre mois plus tard mais, s'ils ont quitté la brigade de Jacksonville, les policiers qui ont extorqué par la force des aveux à Brenton et se sont rendus coupables de parjure sont toujours au service du shérif...

Passionnant en soi, ce film trouve dans les bonus proposés par l'édition DVD des compléments de choix : neuf séquences coupées (dont on peut se demander pourquoi, en dehors d'impératifs de durée, elles n'ont pas été intégrées au film) ainsi que les commentaires d'un avocat spécialiste du droit américain. Après le Made In The USA de Solveig Anspach et de Cindy Babski, ce Coupable idéal est une pièce majeure à verser au dossier des droits de l'Homme vus par nos voisins d'outre-Atlantique. A quand un Frederick Wiseman ou un Michael Moore pour venir triturer la poutre dans notre oeil ?


Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 04/06/2002 )
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Ailleurs sur le web :
Transcription d'un chat avec le réalisateur sur le site du Monde
Dossier consacré à ce film sur le site de France 5
 
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