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Documentaires |
Mère fille, pour la vie avec Paule Zadjermann MK2 2005 / 19.99 € - 130.93 ffr. Durée film 63 mn. Classification : Tous publics | Diffusion télévision, Pays :2005, France
Version : DVD9/Zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image : 1.33 (Couleurs)
Format audio : Français stéréo
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Dans le livre Mères-filles, une relation à trois, Caroline Eliacheff, psychanalyste, et Nathalie Heinich, sociologue, dressent une typologie des relations filles/mères en fonction de la place occupée (ou laissée vacante) par le père doù la fin du titre apparemment paradoxale : « relation à trois ». Chaque type de relation proposé est illustré danalyses de films et de livres importants, tels La Pianiste ou Sonate dautomne. Le documentaire, ici présenté, poursuit ce principe de lanalyse duvres, mais sans ladosser à un propos théorique général explicite, ce qui rend dailleurs le livre et le film complémentaires. Le découpage suit cette fois les étapes de la vie : enfance, adolescence, âge adulte. Des extraits de films sont commentés par les deux écrivains.
Autre « plus » du documentaire digne dintérêt : certains des films choisis pour commentaire ne figurent pas dans le livre, mais tous sont de qualité, aiguisant au passage lappétit pour ceux que lon peut être ainsi amené à découvrir ; dautres y figurent, et le lecteur qui ne les a pas vus aura de cette façon une idée plus précise en visionnant le documentaire. Quelques exemples pêle-mêle de cette sélection : Bellissima de Luchino Visconti ; La leçon de piano de Jane Campion ; Citron amer de Christiane Lack ; Fiona dAmos Kollek ; Rosetta des frères Dardenne.
Originalité plus marquée du documentaire par rapport au livre-matrice : il comprend de passionnantes interviews décrivaines dans luvre desquelles la figure maternelle occupe une place importante (Marguerite Duras et Un barrage contre le Pacifique, la grande Doris Lessing avec son autobiographie) ou/et dont la mère a joué un rôle décisif dans leur vocation littéraire : Annie Ernaux.
Ce qui intéresse les deux femmes nest pas bien sûr la relation équilibrante et épanouissante mère/fille, mais les rapports nocifs, dysfonctionnels. Les deux femmes expliquent dans une interview de la journaliste Pascale Frey pour le magazine Lire (février 2002) que : « ce qui fait la particularité des relations mères-filles, cest quelles ne tournent pas autour dun problème de sexualité mais dun problème didentité. » Ce que le film démontre bien et qui est tout à fait intéressant, cest que le manque damour nest pas seule cause de souffrance possible pour la fille. Il peut bien évidemment lêtre, comme le montrent lanalyse de Madame Bovary, dont le personnage éponyme est une piètre maman, ou les propos de Doris Lessing. Mais on peut aussi aimer trop, à linstar de la mère quincarne Bulle Ogier dans Circuit Carole : la relation fusionnelle est mortifère. Et que dire de la mère de Bellissima de Visconti ? Une mère qui adore son enfant mais ne la voit pas, tant elle projette delle-même et de ses espoirs déçus, et empêche donc une identité distincte de se forger.
Mères-filles, une relation à trois fait part du constat, vraisemblable, que le premier sujet qui occupe les femmes lorsquelles se retrouvent entre elles est leur mère. Sil ne faut pas attendre du documentaire un apport extrêmement novateur, il offre une synthèse plaisante et subtile de la palette des rapports mères/filles, et constitue un prolongement ou une introduction de qualité au livre de Caroline Eliacheff et Nathalie Heinich.
Elise Goldberg ( Mis en ligne le 11/07/2005 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Madame Bovary (1991) de Claude Chabrol | |
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