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Braves gens…
avec André Halimi
Editions Montparnasse 2009 /  19.99  € - 130.93 ffr.
Durée film 104 mn.
Classification : Tous publics

Sortie, Pays : France, 1998
Sortie DVD : Mars 2009

Version : 1 DVD-9, Zone 3
Format vidéo : PAL, Format 1.33
Format image : Couleurs et N&B, 4/3
Format audio : Français mono et stéréo
Sous-titres : Aucun


Bonus :
Aucun

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Ce n’est pas une spécificité française, ni même une tradition, à peine un particularisme… mais les Français sont un peuple de rapporteurs : durant la guerre, les Allemands étaient parfois étonnés par la masse de lettres de dénonciation émanant d’un pays vaincu, et même encore de nos jours, la délation continue de se pratiquer de manière florissante… Ah, les braves citoyens ! Il faut dire que la délation a ses attraits : on peut régler ses comptes avec les voisins, récupérer un appartement bien placé, un magasin rentable, se débarrasser d’un concurrent ou d’une rivale mieux habillée… Et en plus, la délation était rémunérée (selon la “qualité de la prise” : un juif, un résistant…).

Parmi les nombreux côtés sombres de l’Occupation, très loin du mythe résistencialiste, la délation s’est hissée à la hauteur d’une pratique de masse (3 millions de délateurs estimés) et c’est tout l’enjeux du film d’André Halimi d’en montrer les divers aspects. A partir de témoignages (historiens, témoins ou enfants de témoins), on cerne l’ampleur et la diversité des situations, la réalité des conflits sociaux dans le temps de guerre, et surtout l’instrumentalisation de la délation, par le délateur comme par le policier. Les images d’actualité, si elles ne piègent pas forcément les délateurs, rappellent l’ambiance de l’époque – et surtout les menaces qui pesaient sur les victimes de délation - de manière à éviter l’excuse puérile du “on ne savait pas…”.

Dénoncer, c’était collaborer, indiscutablement… et mener quelqu’un à la mort, probablement. Durant l’occupation, on pouvait tuer, exterminer aussi sûrement avec une lettre qu’avec une arme. Sujet délicat donc, d’une évaluation difficile, mais un documentaire passionnant, qui restitue assez durement une certaine histoire, pas très ragoûtante, de la France occupée, loin de la geste héroïque. Avec, en miroir (heureux) les dénonciations durant la Libération et l’épuration sauvage : certains collaborateurs se sont retrouvés dans la posture de l’arroseur arrosé, d’autres ont dénoncé pour se racheter une virginité (combien de collabos médaillés en 1945 ?)… L’homme demeure un loup pour l’homme, en démocratie comme en dictature !

Mais l’Occupation, c’était aussi les Allemands : dans la France occupée, plusieurs centaine de milliers de soldats allemands s’ennuient parfois un peu. Ils ont des moyens financiers confortables (le change Reichmark/Franc leur est favorable, tel une arme financière) et veulent s’amuser, profiter du “gai Paris”. France, terre de cocagne… ? Et quelques artistes vont jouer le jeu, chanter, jouer la comédie, distraire, s’afficher avec… trahir ? De même que les attitudes des Français face à l’occupant passent par un éventail large et complexe (de la franche collaboration à l’hostilité réelle, en passant par l'accommodement, l’attentisme…), les artistes passent par un éventail de pratiques : faut-il mettre sur un même plan la star qui va chanter pour les soldats blessés de l’armée allemande, celle qui anime un spectacle ouvert à tous – y compris à l’occupant - et l’acteur de base qui fait une pige sur Radio-Paris ? Faut-il considérer, comme l’estime Me Naud, que distraire l’armée allemande revient à l’aider ? Les artistes sont-ils – plus que d’autres – soumis à un devoir patriotique de réserve du fait d’une activité qui touche le public et l’opinion ?

Bref, que doit faire un artiste en pays occupé ? Le cas Sartre/Beauvoir, ou encore le procès Brasillach ont déjà exploré ces problématiques et posé la question des professions intellectuelles et artistiques, des degrés de compromission ou de complaisance... Mais ce film, qui – comme le précédent – donne la parole aux témoins, juristes et historiens – revient sur le sujet à partir de “cas”. Le jeune Daniel Gélin, interdit de scène pendant 3 mois du fait d’une pièce jouée sur Radio Paris, et les Guitry, les Arletty, tous inquiétés pour diverses raisons au moment de la Libération. On y croise quelques grands artistes qui se souviennent de ce temps particulier. Bref, un excellent documentaire qui, tout en effeuillant l’actualité de l’époque, sait aborder des questions historiques.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 03/07/2009 )
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