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La réalité surpasse la fiction
avec Jean-Louis Comolli
Editions Montparnasse 2011 /  26,11  € - 171.02 ffr.
Durée DVD 303 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : France, Suisse, 1992
Sortie DVD : Août 2011

Version : 2 DVD-9, zone 2
Format vidéo : PAL
Format image : Couleurs et N&B, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français 2.0
Sous-titres : Aucun


Bonus :
- Entretien avec le réalisateur

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En deux DVD, 4 films documentaires réalisés par Jean-Louis Comolli en dix ans (1991, 2001), auquel s’ajoute un complément (27 minutes) dans lequel le réalisateur explique sa conception du cinéma.

Le cinéma documentaire, en France, à la différence de l’Angleterre, est souvent perçu comme un genre secondaire. En fait, ces deux DVD montrent combien, bien filmée, intelligemment appréhendée, la réalité peut être passionnante, à l’égal de la fiction, et peut-être même davantage ; combien aussi, loin d’être un regard froid, le regard du réalisateur prend partie.

4 films de durée inégale, sur des sujets en apparence disparates, mais que rapproche un regard sensible, celui de Jean-Louis Comolli. Trois des quatre films mettent en scène une personnalité, au centre éventuellement d’une équipe, et le quatrième un groupe : celui des employées dans une caisse de la sécurité sociale, mais qui constituent aussi à leur façon une «personnalité». Un regard donc, sur la place de l’individu dans des espaces divers : la création architecturale, musicale, l’interrogation intellectuelle, la vie de bureau.

Par ordre chronologique :

Naissance d’un hôpital (67 minutes) : l’hôpital Robert Debré dont l’architecte est Pierre Riboulet, qui reprend pour le réalisateur une à une toutes les étapes de l’élaboration du projet de cet hôpital, installé à flanc de colline et destiné aux enfants. On y suit la pensée de l’architecte, les contraintes du lieu, la ville au loin, les enfants malades qui en seront les usagers, les hésitations de Pierre Riboulet, les évidences aussi qui s’imposent très tôt pour arriver à une réalisation qui n’a pas été contestée.

Avec La Vraie vie (1993, 77 minutes), ce n’est plus un homme seul face à sa création, mais une communauté qui est saisie : celle des employées d’une caisse de la sécurité sociale, des anonymes en quelque sorte, sur qui Jean-Louis Comolli braque avec délicatesse la lumière, le temps d’un film.

Le Concerto de Mozart (1997, 85 minutes) : autre question, autres «acteurs». Michel Portal est habitué aux feux de la rampe et ici Jean-Louis Comolli fait comprendre toute la subtilité d’une interprétation, les choix possibles.

Avec L’Affaire Solfi (2001, 65 minutes), le sujet est italien et universel à la fois : il met en scène le grand historien de la micro-storia Carlo Ginzburg. Spécialiste d'histoire moderne, des procès en hérésie, celui-ci s’interroge sur la complexe affaire judiciaire dont l’un de ses amis, Solfi, fut l’objet dans l’Italie des années 1990 en proie à une vaste crise rampante de la société, sur fonds de souvenirs politiques dont les plus anciens remontent aux années 1967/69, le «1968» italien. Appartenant à une organisation d’extrême gauche, "Lotta Continua", Solfi est arrêté pour le meurtre d’un policier, une dizaine d’années après les faits, sur le témoignage d’un «repenti». S’ensuit toute une série de procès qui alternativement l’acquittent ou le condamnent. En historien, Carlo Ginzburg a repris les pièces judiciaires et en a fait un livre. Il s’interroge sur l’affaire elle-même, convaincu de l’innocence de Solfi, mais aussi sur la proximité intellectuelle entre le juge et l’histoire, sur la parenté entre les procès d’inquisition des XVIe et XVIIe siècles et les procès politiques du XXe, autant de questions fondamentales.

Enfin, en conclusion, un court entretien (27 minutes) de Jean-Louis Comolli, dans lequel il explique sa démarche. Deux DVD fort intéressants et qui montrent que le «documentaire» bien réalisé est du cinéma à part entière !


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 30/09/2011 )
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