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Assassinez Hitler
avec Jeremy Lovering
Montparnasse 2005 /  19.99  € - 130.93 ffr.
Durée film 105 mn.
Classification : Tous publics

Diffusion TV, Pays : 2003, Grande-Bretagne

Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.33
Format audio : Anglais, Français (Stereo Dolby Digital)

Bonus :
Bandes annonces des Editions Montparnasse


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Qui ne s’est jamais demandé quelles conséquences aurait entraîné l’assassinat du Führer avant 1945 ? Cela aurait-il arrêté la guerre plus tôt ou au contraire redonné des raisons à l’armée allemande de résister à la défaite imminente ? Combien de vies auraient ainsi pu être épargnées ?

Ce nouveau docu-fiction produit par la BBC, pionnière en la matière (Gladiateurs, Pompéi…), met donc en lumière un épisode de la deuxième guerre mondiale peu connu du grand public, à savoir les tentatives d’assassinat sur la personne d’Hitler par des institutions alliées.

En effet, Churchill créa au début de la guerre un service clandestin au sein même des services secrets britanniques, chargé de penser et d’effectuer des opération irrégulières de type terroriste, des assassinats ou de la subversion. Malgré les rivalités engendrées par les différences de méthode avec les autres services de renseignements, cet organe baptisé SOE (Secret Operation Service) avait donc l’appui du pouvoir politique britannique en place et devait contribuer à l’effort de guerre allié pour triompher des armées fascistes.

On demanda alors à l’un de ses membres, l’agent BLX, de réfléchir à la solution optimale envisagée pour assassiner Adolf Hitler. Ce plan parfait devait être opérationnel à n’importe quel moment, dès que le pouvoir politique le jugerait utile. BLX entreprit donc de conceptualiser l’un des assassinats les plus fantasmés du 20ème siècle.

Sabotage, empoisonnement, combat rapproché, tireur solitaire, toutes les solutions furent étudiées et mises en application virtuelle pour tester leur efficacité et leur probabilité de réussite. L’hypothèse retenue fut finalement l’envoi de deux hommes au Berghof, la résidence bavaroise estivale d’Hitler. L’objectif : s’infiltrer dans l’immense propriété d’Hitler et l’éliminer d’une balle dans la tête pendant sa promenade matinale solitaire.

Le film s’attache donc à nous raconter cette machination clandestine à travers des images d’archives, des témoignages et surtout une reconstitution très soignée, mettant en scène BLX et ses collègues chargés de mettre au point l’Opération Foxley. Nous sommes ainsi plongés au cœur même des services secrets britanniques, accompagnant les hésitations de BLX sur la meilleure méthode, échafaudant avec lui des hypothèses de travail pour concrétiser ce qui paraît impossible. Nous assistons aux guerres internes aux services de renseignement, aux divergences d’opinions entre les différents responsables du projet, aux changements de cap du pouvoir politique estimant un jour qu’il faut accorder une priorité maximale à l’assassinat d’Hitler et décrétant le lendemain qu’il ne faut surtout pas s’en préoccuper, mesurant toutes les difficultés inhérentes à une action irrégulière envisagée contre une puissance ennemie.

Le procédé fonctionne très bien, car la narration et la mise en scène efficaces nous tiennent en haleine. Le montage est nerveux, la voix off nous renseigne sans nous surcharger et les situations décrites sonnent justes et apportent véritablement du neuf à l’histoire. On est même presque déçu de ne pas être dans un vrai film de fiction qui nous aurait permis de nous identifier complètement à l’intrigue.

Ainsi les témoignages sont très peu nombreux et cassent très souvent le rythme instauré par la fiction. De plus, le flou du docu-fiction fait que nous ne savons pas qui parle, aucun nom ou titre ne désignant les orateurs. Nous comprenons vaguement qu’il s’agit d’officiers britanniques ou d’experts militaires, mais cela pourrait aussi bien être l’oncle du réalisateur ou le grand-père du producteur, le résultat serait le même. Ce qui, convenons-en, est plutôt dangereux lorsque l’on est censé être dans un documentaire.

C’est donc là que se situe la limite du docu-fiction. Que l’on décide de privilégier la partie purement documentaire (archives et témoignages) au risque de faire paraître les scènes de reconstitution superflues voire ridicules, ou que l’on décide de privilégier la partie fiction (tournage avec des acteurs) au risque de faire apparaître la partie documentaire comme une justification historique de ce que l’on est en train de montrer au spectateur, le docu-fiction est un exercice très difficile de mélange des genres, les deux aspects (documentaire et fiction) ne faisant pas appel au même processus interne chez le spectateur.

Dans la fiction, l’identification très forte aux personnages et aux situations permet de faire ressentir des émotions au spectateur. Dans le documentaire, la recherche de la vérité permet de contenter la soif de savoir du spectateur. Faire s’identifier le spectateur tout en lui laissant l’envie d’apprendre ce qui s’est réellement passé est un exercice délicat, voire impossible.En privilégiant le mélange des images reconstituées et des images d’archives dans la trame fictionnelle générale, Assassinez Hitler s’en sort plutôt bien, et les quelques témoignages qui ne sont pas particulièrement éclairants ne nous gênent que relativement, tant l’intrigue et le dénouement créent un suspens qui fait adhérer le spectateur.

Seule la fin du film nous replonge crûment dans la réalité historique en nous redonnant à voir quelques images brutes des victimes du nazisme. Et la phrase assénée par l’un des experts militaires interrogés pour savoir combien de vies auraient été épargnée si Hitler avait été assassiné avant la fin 44 porte le coup de grâce : 10 millions d’êtres humains auraient peut-être échappé à la mort si Hitler avait été tué l’été 44 et la guerre arrêtée à l’automne. Effrayant.

On est donc agréablement surpris par ce film qui nous apprend véritablement des faits inconnus tout en nous divertissant, la seule réserve étant celle de la caution documentaire relative apportée par les rares témoignages. Même si la formule est ici plutôt efficace, le problème reste donc posé pour le docu-fiction en général.


Matthieu Charter
( Mis en ligne le 20/09/2005 )
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