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Voyage en Eurasie
avec Alain Moreau, Patrick Cabouat
TF1 Vidéo 2006 /  26.99  € - 176.78 ffr.
Durée DVD 400 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 2006, France, Japon
Sortie DVD : 18 mai 2006

Version : DVD 9, Zone Z
Format vidéo : Pal, 1.85:1
Format image : Couleurs, 16/9e compatible 4/3
Format audio : Français Dolby Digital 2.0
Sous-titres : non


DVD 1
Alexandre le Grand
L’Alexandrie oubliée
Gandhara, l’envol du bouddhisme

DVD 2
Des romains au cœur de la chine
Les maîtres des caravanes
Bagdad an 1000

DVD 3
Jérusalem 1227, la paix excommuniée
Le rêve mongol
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L’orientalisme, ce goût pour un Orient parfois fantasmé, a des origines plus anciennes que le XIXe siècle. De fait, depuis l’Antiquité, les civilisations occidentales et orientales ont entretenu des relations de diverses sortes, conflictuelles ou marchandes, dessinant ainsi une histoire à l’échelle d’un continent. Avec ce coffret de 3 DVD et de 8 documentaires, c’est donc 1500 ans d’histoire, de l’Antiquité jusqu’aux Croisades, à l’échelle non pas d’un continent, mais de deux, l’Ancien monde en soi, l’Eurasie.

Les contacts entre l’Orient et l’Occident sont anciens, nés sur le sentier de la guerre et de la soie : Alexandre le Grand ouvre cette série de documentaires avec une épopée qui le porte à travers la Perse de Darius III, et jusqu’à l’Inde… Une conquête où le conquérant a su s’imprégner de la culture orientale, au point de créer une société métissée, à la fois orientale et grecque, héllénistique en somme, une épopée reconstituée avec force cartes explicatives et sources archéologiques. Et l’une des traces archéologiques de cet empire fugace est le réseau des cités fondées par Alexandre : parmi les dizaines d’Alexandrie, l’une d’elles, en Afghanistan, est demeurée interdite aux fouilles depuis l’invasion soviétique et la dictature des Talibans. Ce documentaire offre l’occasion de revenir sur le site d’Aï Khanoum, reconstitué en image de synthèse… et dresse également, par incidence, le constat de près de 30 années de guerre et d’occupations diverses en Afghanistan, avec un régime délirant et criminel, les Talibans, qui menaçaient même les pierres...

Sur la trace d’Alexandre, Rome reprend les routes de l’Orient, attirée par les pierreries indiennes ou encore la soie chinoise. Mais c’est par la mer que la nouvelle route se dessine. C’est toutefois à la suite de la découverte d’un tombeau en 1964 que les archéologues ont su remonter cette route commerciale, qui va des mines d’or espagnoles aux ports chinois, en passant par l’Egypte, la mer rouge et l’Inde. La route de la soie, c’est aussi des caravanes, qui traversent l’Asie centrale, et une civilisation placée au confluent des deux mondes, les Sogdiens, à mi chemin entre deux cultures et deux influences.

De même que l’Occident avec Rome et Alexandre, l’Orient eut aussi ses mythes : Bagdad, avant d’évoquer les mille et une nuits, et le rêve oriental de l’Occident, a été surnommée «la cité de la paix», pour avoir incarné un empire pacifique fondé sur le commerce. Charlemagne y envoya une ambassade, les Vikings y faisaient du commerce, de même que l’empire chinois des T’ang. Ce brassage fut aussi culturel : transitant par le monde arabe et la communauté juive, la culture grecque parvint finalement en Europe. Une ville symbole, un lieu de mémoire du rapport orient-occident. Autre ville symbole, Jérusalem, où, au temps des royaumes chrétiens, entre deux croisades et «contre croisade» arabe, un fragile armistice de 16 années, sous l’égide de l’empereur Frédéric II et de Saladin, aura donné naissance à un rêve, celui d’une civilisation non plus chrétienne ou musulmane, mais méditerranéenne.

Mais la guerre s’impose de nouveau et sert de conclusion à la série. Le successeur d’Alexandre, ce sera finalement un cavalier mongol : Kubilaï Khan, fils de Gengis Khan qui, au XIIIe siècle, reprend à son compte le rêve d’un empire eurasiatique et, à la tête de ses cavaliers, domine les steppes asiatiques, jusqu’aux portes de l’Europe. La conquête de l’Orient se retournait finalement, et l’Orient se faisant conquérant, au moins comme influence culturelle essentielle. Le bouddhisme et sa philosophie si emblèmatique de nos jours, au point d’en oublier les origines lointaines, serait un autre avatar de ce dialogue constant entre des mondes et des civilisations si éloignés.

Voilà une série des plus pédagogiques, et qui intéressera forcément les historiens comme tous les amateurs de documentaires historiques ou de voyages instructifs. L’approche est très didactique : on part d’une découverte archéologique (épave, cité antique, tombeau, momie…) ou historique (carte, récit de voyage…), pour reconstituer une histoire, un destin, celui d’une cité ou d’un individu, jusqu’à l’apothéose, la reconstitution virtuelle en images de synthèse de la cité (Ostie, Rome…). Utilisant toutes les ressources iconographiques (chroniques, bas reliefs, cartes), les réalisateurs donnent un cours d’excellente facture, qui embrasse une période vaste et des espaces à l’échelle d’un continent. De quoi succomber au rêve oriental...


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 28/06/2006 )
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